CONTRAIREMENT aux spéculations, plutôt pessimistes, de certains analystes relayées par des médias locaux, le Comité permanent du cadre macroéconomique (CPCM) et la Banque centrale du Congo (BCC) maintiennent leurs prévisions de stabilité du marché des changes à fin 2019. Il s’agit d’une dépréciation à fin période de 4,98 %, contre 7,10 % en 2018. Certes, le dollar va demeurer fort par rapport à la monnaie nationale, le franc congolais, mais sans entraîner des effets tant redoutés par « des experts affichant une certaine obédience politique proche de l’opposition politique ». Bref, la « vie chère » tant vaticinée ne relèverait que d’un pronostic politique pessimiste.
Le taux de change moyen annuel se situerait en dessous de celui établi dans le budget 2019, à 1 747,8 FC/USD et celui de fin période pourrait ne pas atteindre les 1 790,3 FC/USD initialement projeté. Dans ces conditions, la décélération du rythme de formation des prix intérieurs enregistrée en 2018 va se poursuivre en 2019 avec un taux d’inflation fin période projeté de 11,2 %, contre 13,6 % en 2018.
Masse monétaire
Le cadre macroéconomique en 2019 devrait rester stable, en vue de créer les conditions favorables à la poursuite de la bonne tenue de l’activité économique.
Et selon les projections du CPCM, la masse monétaire devrait se situer à 11 645,6 milliards de nos francs à fin décembre 2019, contre un niveau programmé de 9 537,8 milliards à fin décembre 2018. En glissement annuel, elle ne devrait s’accroître que de 22,1 % en 2019, contre 25,3 % en 2018. Cette situation s’expliquerait par une faible amélioration des avoirs intérieurs du système bancaire.
Par ailleurs, sur le marché de change dont le secteur des biens et services est largement tributaire, il pourrait s’observer, à court et moyen termes, une faible dépréciation de la monnaie nationale, confortant ainsi la stabilité du cadre macroéconomique. En moyenne annuelle, il est postulé une variation du taux de change de 1,19 % sur la période prévisionnelle. À l’interbancaire, le taux change fin période se situerait à 1 658,46 en 2019 et pourrait atteindre 1 755,95 FC le dollar en 2024.
Inquiétudes de la FEC
Alors que l’objectif de l’État était de ramener l’inflation dans ce secteur de 7.0 % à moyen terme, celle-ci pourrait plutôt passer de 6,4 % à fin 2019 à 4,0 % en 2024. Selon le ministère du Plan, cette décélération du rythme de formation des prix intérieurs serait consécutive à la mise en œuvre des mesures idoines des politiques macroéconomiques, dans un contexte d’amélioration de la collecte des recettes et de rationalisation des dépenses publiques.
En République démocratique du Congo, le secteur tertiaire comprend, pour l’essentiel, le commerce, les transports, les services marchands et les services non marchands. Ces dernières années, l’État n’a pas vraiment aidé à la croissance des unités de transformation locales ou encore à l’émergence du secteur tertiaire susceptible d’entraîner de la valeur ajoutée. Les services marchands constituent en pratique, selon des experts, 10 % de la valeur ajoutée totale en RDC.
Ces services se subdivisent en deux grandes catégories à savoir les services bancaires et connexes ainsi que les autres services marchands dont l’HORECA, les soins des personnes, les professions libérales, etc. De l’avis de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), « la micro, la petite et le moyenne industries n’ont bénéficié que de très peu d’attention et de facilités pour leur permettre de se développer et d’être compétitives ». Les opérations financières de l’État de 2019 à 2024 pourraient toutefois se clôturer par des légers déficits. En moyenne annuelle, le déficit se situerait autour 0,12 % du PIB. Sur la période prévisionnelle, les recettes pourraient en moyenne se chiffrer à 15 389 milliards de FC, contre une expansion des dépenses de 17116 milliards de FC, suite principalement à l’accroissement significatif des dépenses en capital pour soutenir durablement la croissance économique.
Contrairement au principal patronat de la RDC, les experts de l’État estiment que le secteur marchand, et, en général, les opérateurs économiques, devraient tirer profit du régime de faveur leur accordé par le gouvernement sortant. Dans sa lettre référencée n°CAB/PM/CMEH/GBB/2018/3897 datée du 7 novembre 2018, le Bruno Aubert Tshibala Nzhenze, le 1ER Ministre sortant, avait accédé à la demande de la FEC, en décidant de la suspension de toutes les missions de contrôles fiscaux, parafiscaux et économiques pour une durée de quatre mois.
Impact « mines »
Mais il est aussi un facteur évoqué par des analystes qui pourrait entraîner la chute du pouvoir d’achat et influer négativement sur le marché des biens et services: les cours mondiaux du cuivre et de cobalt qui sont au plus bas. Dans ses prévisions à fin décembre 2019, la Banque centrale misait initialement sur des réserves internationales devant se situer autour de 1 216,3 millions de dollars en 2019, contre 1 151,4 millions de dollars estimées en 2018. Et pour la trésorerie nationale, l’affermissement de la croissance demeure tributaire du bon comportement du secteur primaire, à travers la branche « industries extractives », grâce à la hausse du niveau de production, dans un contexte d’évolution favorable des cours des produits miniers sur le marché international.
La Banque centrale a, en effet, basé ses projections essentiellement sur la production du cuivre qu’elle croit passer de 1 265 311 tonnes en 2018 à 1 363 373 tonnes pour 2019, et celle du cobalt de 93 405 tonnes à 100 000 tonnes. Hélas, des grandes firmes comme Glencore ont stoppé l’exportation du cobalt dans l’espoir que les cours remontent au dernier trimestre de l’année. Sans doute, il va falloir réviser des prévisions et sans doute le cadre macroéconomique dans le collectif budgétaire (budget réaménagé) de l’exercice 2019 que le gouvernement Ilunga Ilunkamba va devoir présenter à l’Assemblée nationale à la session de septembre.
Et comme, pour ne pas arranger les choses, la FEC se plaint dere