Rassurer les tours opérateurs internationaux au lendemain de l’attentat du Musée du Bardo, le 18 mars, n’était pas une sinécure. La sanglante agression du 26 juin, à Sousse, vient le rappeler dramatiquement.
Trop réaliste, la Tunisie s’attend à de désastreuses conséquences de la sanglante attaque terroriste ayant visé, le 26 juin, un hôtel situé dans la station balnéaire de Sousse. Les terroristes lui feront perdre, à coup sûr, un quart de ses revenus touristiques annuels, soit environ 515 millions de dollars, a annoncé la ministre du Tourisme, Salma Elloumi. Le secteur touristique tunisien a rapporté 1,95 milliard de dollars en 2014, soit 7% du produit intérieur brut. «L’attaque a eu un gros impact sur l’économie, les pertes vont être élevées», a déclaré la ministre.
Elle a également annoncé une série de «mesures d’urgence» visant à soutenir les professionnels du secteur touristique. Dans le lot, l’octroi de prêts exceptionnels afin de financer l’activité des établissements pour les saisons 2015 et 2016, et la suppression de la taxe de sortie du territoire de 30 dinars (14 dollars) imposée l’an dernier aux étrangers non-résidents.
Pour rappel, 39 personnes, en majorité britanniques, ont été tuées à la kalachnikov lors de l’attaque terroriste menée par un jeune Tunisien de 23 ans qui a ouvert le feu sur des vacanciers. Ceux-ci se prélassaient sur la plage privée d’un hôtel. D’après la police, l’assaillant portait un short comme s’il était lui-même touriste. Il a agi seul, selon les autorités, avant d’être abattu. Parmi les touristes tués on trouve plusieurs nationalités : Anglais, Allemands, Polonais, Tchèques.
Des victimes essentiellement européennes
Pour tenter de rassurer les visiteurs étrangers, le gouvernement tunisien a décidé de renforcer la sécurité au niveau des sites touristiques. Il va, à cet effet, déployer un millier de policiers armés supplémentaires ainsi que des renforts militaires.
Il y a trois mois, une première attaque terroriste avait fait 22 morts le 18 mars, dont 21 touristes étrangers. Or, les victimes de l’attentat étaient essentiellement des Européens, qui constituent une bonne part de la clientèle touristique tunisienne. Le secteur stratégique du tourisme avait enregistré, en avril, de très mauvais résultats avec un recul, sur un an, de 25,7% du nombre de touristes et de 26,3% des recettes touristiques en devises.
Cette nouvelle attaque fait craindre le pire pour le Trésor public et pour les artisans. Le gros risque étant que les touristes ne reviennent plus, ou que les tours opérateurs effacent la Tunisie de leurs destinations.
Petit pays d’Afrique du Nord, par ailleurs le berceau du Printemps arabe, la Tunisie est devenue une cible pour les terroristes appartenant, selon les services occidentaux, à la nébuleuse appelée État islamique et à la Brigade Okba Ibn Nafaâ, affiliée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).