En Afrique subsaharienne, la croissance démographique a des répercussions sur les forêts en raison, notamment, d’une demande accrue de charbon et de bois de chauffe. Des solutions existent pourtant.
Le paradoxe est bien connu : seuls 7 % des Congolais ont accès à l’électricité. Conséquence : pour répondre à ses besoins en énergie pour cuisiner, la population recourt au bois. La seule province de Kinshasa consomme en moyenne près de 490 mille tonnes de charbon de bois par an. Ajouté à ce qui se passe sur l’ensemble du pays, cela équivaut à quelque 45 millions de m3 de bois qui disparaît. Une famille kinoise utiliserait en moyenne entre 6 et 10 kg de charbon par jour. Cette consommation astronomique n’est pas seulement la résultante de la faible desserte en électricité. Elle est due au matériel utilisé dans les ménages pour la cuisson des aliments, le brasero, objet de vives critiques à cause de sa forte consommation en charbon et des émissions de particules ultrafines nuisibles à la santé. C’est pourquoi, depuis un certain temps, quelques ménages expérimentent à Kinshasa, une nouvelle façon de cuisiner en utilisant des foyers dits améliorés, par rapport aux traditionnels. Ils sont en terre cuite ou en métal.
Un outil pour lutter contre la déforestation
Contrairement au brasero traditionnel, qui se caractérise par une forte dispersion d’énergie, sans parler des risques d’incendie, de maladies respiratoires, une grande consommation de charbon qui influe sur le budget, le nouveau brasero est, à en croire les spécialistes, un outil efficace contre la déforestation, la pollution de l’air et la pauvreté. Il permet une économie de 40 à 50 % de combustible à base de charbon, ce qui est important dans la lutte contre la déforestation.
Pour le professeur Robert Ndaye, directeur du Centre d’études et de recherche en énergies renouvelables de Kinshasa (CERERK), en RDC, la moitié des cas de décès est liée aux maladies respiratoires dues à la pollution par des particules ultrafines contenues dans la fumée. Ces particules sont également observées dans l’utilisation de foyers traditionnels. Un usage régulier expose les usagers à de sérieux risques sanitaires. D’après lui, l’utilisation du foyer amélioré aide les usagers à éviter tous ces désagréments.
L’indifférence des consommateurs
En dépit de tous ces avantages, le nouvel appareil ne suscite pas encore l’adhésion de la population. Cela malgré plusieurs démonstrations et campagnes de vulgarisation à travers Kinshasa. Serait-ce à cause de son prix ( 50 dollars la pièce)? Pour les ONG et les opérateurs économiques impliqués dans la commercialisation du brasero écologique, ce prix est justifié par l’importation. Il n’y a pas d’usine au niveau local pour en fabriquer. L’initiative de ces foyers améliorés revient à la Société néerlandaise de développement (SNV). Elle a démarré en 2012. Deux ans après, la SNV a doté l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA) d’un laboratoire équipé, le plus grand d’Afrique centrale, pour contrôler l’assurance qualité des foyers améliorés. Selon Robert Ndaye, responsable du laboratoire, cette structure a pour but de tester l’efficacité énergétique et l’émission de gaz de combustion de ces appareils en prélevant la température qui en émane. Elle a aussi pour mission de rassurer les opérateurs économiques intéressés par leur commercialisation en procédant à des tests fiables. Dans l’avenir, toute usine qui chercherait à fabriquer localement des foyers améliorés, devrait soumettre ses produits à ce laboratoire pour les tests d’efficacité énergétique.
Un marché prometteur
La consolidation du marché des foyers améliorés doit être garantie par un renforcement des capacités des producteurs, la mise en place de réseaux et systèmes de commercialisation, une bonne sensibilisation des utilisateurs et une implication des systèmes et des mécanismes de financement à des conditions avantageuses. Cela porte à croire que la diffusion à large échelle des foyers améliorés, dans le cadre d’une approche marché, est une opportunité pour créer des emplois, protéger les écosystèmes et participer à l’amélioration de la santé des populations.