Kabeya Kamwanga, une bourgade de la province du Kasai oriental, située sur la route Mbuji-Mayi-Kananga (200 km), jouit d’une renommée certaine du fait que c’est le territoire d’origine (officiel) de l’opposant historique et lider maximo de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba. La Banque africaine de développement (BAD) va y financer les travaux de construction d’un petit port moderne. Après une étude nautique de 3 mois, la Division provinciale des Transports et des Voies de communication au Kasaï oriental a rendu, le 2 août 2016, un rapport satisfaisant sur la navigabilité de la rivière Lubi qui ouvre Kabeya Kamwanga sur le fleuve Congo via la rivière Kasaï. La Coopération technique belge (CTB) s’est engagée pour les travaux du balisage de cette rivière (longue de 134 km sur 50 m) et n’attend plus que les données techniques et financières de la part des pouvoirs publics.
Une fois le projet réalisé, le commerce par voie fluviale entre Kinshasa et le centre du pays (Kasaï oriental, Kasaï central ou encore le Sankuru) ne relèverait plus d’une aventure à la Indiana Jones. L’étude de faisabilité du projet a été rendue publique au second semestre de 2016 par le Projet d’appui au développement des infrastructures rurales (PADIR), qui bénéficie d’un financement de la BAD. Tout le Grand Kasaï tirera profit de ce projet en dépit de sa configuration actuelle, s’en est félicité le chef de Division des Transports et des Voies de communication du Kasaï oriental. Découpé en 5 provinces, l’espace kasaïen demeure encore largement tributaire de l’aéroport de Bipemba de la ville de Mbuji-Mayi pour les affaires. « Cela représente beaucoup en termes de coût », fait remarquer ce chef de Division. Il arrive, par moments, que le Kasaï soit ravitaillé en produits pétroliers par avion à partir de Kinshasa. Avec tous les risques que cela comporte.
L’appui de la CTB
Il y a encore quelques années, du temps du régime de la Transition dit « 1+4 », un opérateur économique de Mbuji-Mayi, Kalambayi wa Nzevu, avait relevé un pari fort osé : il a su emmener une bonne cargaison de divers produits manufacturiers dans la capitale diamantifère depuis Kinshasa par un débarcadère de la capitale en passant par Kwamouth, les rivières Kasaï, Lukenie et Lubilanji pour arriver au port de Ndomba, à 70 km de Mbuji-Mayi Centre. L’homme d’affaires avait confié avoir fait des bonnes affaires. Mais l’apport de l’État n’avait pas suivi pour inciter d’autres opérateurs économiques à tenter l’aventure. Le balisage et le dragage des voies navigables relèvent bien souvent de l’exception que des obligations régaliennes de l’État. Mais la Coopération technique belge devrait, cette fois, venir à la rescousse de la Régie des voies fluviales (RVF), qui n’est plus que l’ombre de sa gloriole d’antan.
Toutefois, la BAD s’est également engagée, dans le cadre du PADIR, de réhabiliter également les quais d’accostage des vieux ports de Dekesse et Pania Mutombo dans le territoire de Lusambo ainsi que celui de Ndomba, sur la rivière Lubi, dans le territoire de Kabeya Kamwanga, à califourchon entre les deux ex-provinces de Kasaï oriental et occidental. La coordination nationale du PADIR n’a pas cependant indiqué les coûts de ces différents travaux. Toutefois, l’Église catholique locale a été associée dans ces différents projets, sans doute par souci de crédibilité. À ce jour, le seul port opérationnel, dans la région, est celui d’Ilebo. Propriété de la Société nationale des chemins de fer (SNCC), ce port est plutôt tourné vers l’ex-Katanga et devenu un terminal à containers pour divers articles qui transitent par le corridor est-africain.
Dans les prochains mois, de l’avis des experts, pour le Grand Kasaï, le soleil des affaires réapparaîtrait plutôt à l’Ouest : la voie fluviale s’avérant moins coûteuse, et fort lucrative en termes de temps. Après l’ITB Kokolo qui dessert l’axe Kinshasa-Kisangani, la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), ex-ONATRA, tient à remettre à flots ses unités fluviales qui desservaient naguère le Kasaï.