La RD Congo a produit en 2013, selon l’agence de presse bloom berg et d’après les chiffres que le pays s’apprête à officialiser, 920000 tonnes de cuivre… soit 300000 tonnes de plus que l’année précédente. C’est le niveau le plus haut atteint depuis dix ans. Le pays revient de loin : en 2002, la production était tombée à 190000 tonnes. La RDC ravit ainsi à la Zambie la palme d’or de la production du cuivre en Afrique, conservée depuis 1988.
Les prévisions les plus folles annoncent même le doublement de cette production dans les 10 prochaines années si certains préalables sont maintenus ou améliorés : le cours favorable sur le marché international (7 à 8000$/tonne) et amélioration progressive du climat des affaires, de la desserte en énergie chez les miniers du Katanga, des infrastructures de communication, de la législation minière…. Les acteurs majeurs de cette énorme performance s’appellent sont Tenke Fungurume Mining, T.F.M. en sigle, filiale de Freeport-McMoRan Copper & Gold et Eurasian Natural Resources (ENRC) qui tous deux réuni ont investi plus de 10 milliards USD dans le secteur du cuivre. Il ya aussi le suisse « Glencore Xstrata Plc qui a des activités tant en R.D.C. et qu’en en Zambie et possède notamment les sociétés Mutanda Mining et Kamoto Copper Company (KCC) » qui opèrent dans la ville de Kolwezi, au Katanga. Mais la question que se pose toute l’opinion est la suivante : pourquoi une telle production n’a-t-elle pas réussi à créer le «bonheur» des années 1974, avec une production-record d’alors de 450.000 tonnes?
En 1974, la RD-Congo était parmi les importants pays producteurs du cuivre en Afrique et grâce à cela, l’économie tout entière avait retrouvé une santé qui faisait la fierté de tout un continent. Pour la petite histoire, la GECAMINES, entreprise d’Etat, assurait la production du cuivre dont le tonnage record était de 450.000 TM par an avec un cours qui ne dépassait pas le 4000$/Tonne. Le Congo se portait bien, la Gécamines pourvoyait 60% en PIB du budget des recettes de l’Etat et 80% des recettes en devises fortes de l’Etat, avec des indicateurs macroéconomiques très viables.
Aujourd’hui, avec une performance de production exceptionnelle que la GECAMINES d’hier n’avait jamais atteinte, il y a une sorte de paradoxe qui laisse pâlir les Congolais. Comment justifier cette situation ?
La faute au démembrement de la Gécamines, à la corruption et la spéculation
Pour un analyste économique interrogé, la première cause est à rechercher dans le dépiècement de la Gécamines en plus de 400 sociétés minières étrangères qui rapatrient chacune son bénéfice dans son pays d’origine, là où la défunte Gécamines, société d’Etat, conservait et la richesse et le bénéfice au pays. Ce rapport de force inverse a révolté le staff actuel de la Gécamines qui est dans une politique d’accroissement de ses parts dans les joint-ventures ou d’exploiter ses propres carrières. Le coût de ses ambitions est estimé à 10 milliards à lever sur le marché financier international, selon Albert Yuma.
Par contre, un parlementaire de la commission de l’Ecofin stigmatise plutôt la corruption et le manque de transparence qui gangrènent le secteur. Un rapport d’une enquête des experts nationaux des plusieurs régies et services publics, qui n’est même pas allée à son terme, a révélé l’année passée, un manque à gagner de plus de 6 milliards $(au courant de ces trois dernières années) perdus par le trésor public du fait de la corruption ou de la sous-évaluation des taxes dues à l’Etat. Alors que certains opérateurs jugés fautifs avaient accepté de payer le manque à gagner à l’Etat, l’enquête fut brusquement interrompue et la commission rappelée à Kinshasa sans suite. L’arbre secoué appartiendrait à un puissant cartel maffieux virevoltant autour du pouvoir.
Un dernier observateur indexe un autre phénomène justificatif de la contreperformance financière observée dans l’industrie minière. Il s’agit de l’aspect spéculatif qui accompagne les acquisitions des permis d’exploitation (PE) des carrés miniers.
En effet parmi plus de 400 sociétés minières qui se disputent l’espace katangais, il y a très peu qui se sont effectivement implantées et justifiant l’expertise requise. Ce sont de simples « Traders », qui se livrent dans des opérations d’achat et vente de leurs droits miniers sur certaines bourses, comme celle de Toronto au Canada, ou bien à la revente de leurs droits miniers auprès des majors.
Les recettes provenant donc de ces ventes spéculatives échappent, bien entendu, au contrôle de l’Etat, sans compter sur le fait que, la plupart du temps, ces recettes sont logées dans des paradis fiscaux. Pour ces analystes, tant que ces pratiques ne seront pas combattues, on assistera à ce genre de performance factice vide en création de richesse et du bonheur congolais. Le paradoxe d’un peuple pauvre vivant sur une richesse inexploitée ou mal exploitée restera entier.