GISENYI, (AFP) – Le Rwanda a dénoncé jeudi le bombardement “inacceptable” de son territoire, accusant la République démocratique du Congo (RDC) voisine, dont l’armée combat des rebelles près de leur frontière, de viser les civils, après la mort d’une Rwandaise tuée par un obus.
“Le bombardement incessant du territoire rwandais est inacceptable, comme il le serait pour quelque nation souveraine que ce soit. Les civils rwandais sont visés par les forces de RDC”, a affirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, citée dans un communiqué officiel.
“Nous avons exercé de la retenue aussi longtemps que possible mais cette provocation ne peut plus être tolérée”, a-t-elle averti, “nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire. Le Rwanda a la responsabilité de défendre sa population”.
Une Rwandaise a été tuée et son bébé de deux mois grièvement blessé jeudi par un obus tombé dans la localité rwandaise de Gisenyi, ville jumelle de la ville congolaise de Goma, de l’autre côté de la frontière entre les deux pays, selon les autorités rwandaises.
“Un obus est tombé en ville et a tué une femme et gravement blessé son enfant (…) entre 09H00 et 09H30 locales (07H00 et 7H30 GMT)” non loin du centre-ville, avait déclaré jeudi matin à l’AFP le vice-maire de Gisenyi, Ezechiel Nsengiyumva Buntu.
Les autorités de Kigali accusent l’armée de RDC (FARDC), qui affronte depuis une semaine les rebelles congolais du M23 à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma, d’avoir tiré “volontairement” sur Gisenyi. Elles ajoutent que moins de deux heures après, un autre obus a frappé Gisenyi, près du point de passage avec Goma, blessant une personne, et que huit autres obus sont tombés jeudi dans le village frontalier de Busasamana, à une vingtaine de kilomètres au nord de Gisenyi.
“Un total de 34 obus ont été tirés sur le Rwanda au cours du mois écoulé par les forces de RDC”, affirme Kigali dans ce communiqué.
Aucun bombardement côté congolais de la frontière n’était entendu en début de soirée à Gisenyi, qui était calme, selon une journaliste de l’AFP. Des cratères étaient visibles aux endroits où sont tombés les obus jeudi.
Depuis mercredi, les troupes de l’ONU en RDC pilonnent les positions des rebelles au nord de Goma. Quatre obus, d’origine indéterminée, sont tombés mercredi soir sur la ville, capitale de la province minière orientale du Nord-Kivu, destabilisée depuis deux décennies par les actions de nombreux groupes armés.
Des véhicules militaires rwandais, dont des blindés, ont été vus jeudi soir dans la région de Gisenyi, se dirigeant vers la frontière avec la RDC, selon des journalistes.
Le Rwanda accuse régulièrement l’armée de RDC de bombarder volontairement le côté rwandais de la frontière, lors des combats contre les rebelles dans l’est de son territoire.
Il y a une semaine exactement, alors que les combats reprenaient au nord de Goma, Kigali avait déjà accusé l’armée congolaise d’avoir “délibérement” bombardé le Rwanda et l’armée rwandaise avait prévenu qu’elle ne resterait pas indéfiniment sans réagir.
Le 15 juillet, lors d’une précédente vague de combats entre FARDC et M23, l’armée rwandaise avait lancé des accusations similaires, dénonçant une “provocation délibérée” et une agression contre le Rwanda.
Le Mouvement du 23 mars (M23) est actif depuis mai 2012 dans le Nord-Kivu. Kinshasa et l’ONU ont accusé le Rwanda et l’Ouganda de soutenir ce mouvement rebelle congolais, ce que les deux pays ont toujours démenti.