Les besoins en viande et en produits gras qui devraient tripler d’ici 2050, selon la FAO (passer de 34,8 à 82,6 millions de tonnes./an) annoncent une embellie du secteur que les opérateurs agroalimentaires africains devraient saisir. Les spécialistes tablent sur une certitude : la croissance soutenue (5,5%) dont jouit l’Afrique, le dynamisme démographique et l’urbanisation vont créer une classe moyenne plus demanderesse des viandes, du lait et des produits gras. « De plus en plus des Africains s’apprêtent à rejoindre la classe moyenne. Leurs aspirations diététiques évoluent, et les familles cherchent à introduire davantage de protéines animales dans leur régime quotidien, analyse Colin Watson, expert des questions agricoles chez l’investisseur sud-africain Phatisa. Avec l’amélioration du niveau de vie, la demande d’aliments d’origine animale devrait tripler sur le continent d’ici à 2050. La Fao estime aujourd’hui à 50 milliards USD, le chiffre d’affaire du marché de la viande et matières grasses en Afrique. Si elle devrait tripler, cela avoisinerait les 150 milliards USD de marché. C’est une occasion de structurer et de moderniser le secteur. Si l’Afrique refuse de subir, elle devrait connaître sa révolution agro industrielle. Elle ne devait plus de se contenter d’importer, elle devra beaucoup produire pour arroser son marché interne. En République démocratiqu du Congo, le groupe Orgaman qui s’est mué en Groupe Damseau il y a juste un mois, est fort de 55.000 têtes ainsi que de quelques initiatives de taille moyenne dans le Katanga, le Bandundu, le Kivu et le Bas Congo. Touts cela peut amener le cheptel bovin à ± 1million de têtes, portant ainsi les espoirs de tout un pays qui dispose du plus grand potentiel en élevage en Afrique. Les déficits sont énormes sur toutes les productions de viande animale (ovin, caprin, porcins, volaille…); le pays est incapable de satisfaire le marché local. Dans ce pays, il y a tout pour faire de l’élevage, déclarait un expert de la Banque Mondiale, c’est-à-dire du pâturage naturel, de l’eau (la deuxième réserve d’eau douce du monde, la 1ère d’Afrique), 80 millions de terres arables pour produire les aliments agricoles nécessaires à l’élevage. La solution au Congo et dans beaucoup de pays africains, c’est de passer de l’élevage traditionnel extensif à l’élevage moderne intensif qui est diversifié et emploie une main d’œuvre abondante et qualifiée dans l’organisation de la chaîne de froid, dans l’abattage, dans la conservation et le traitement de lait, dans la sélection des aliments pour bétail. C’est une vraie nouvelle industrie qui appelle de nouveaux capitaux. Avec à peine 12.000 tonnes de production bovine contre 30.000 tonnes importées en 2013, la RDC n’arrive pas à exploiter pleinement toutes ses potentialités afin de donner le meilleur d’elle-même dans un domaine où elle peut jouer un rôle de leader. L’avenir du continent africain se trouve peut-être dans ce secteur qui ne demande pas des investissements lourds mais une abondante main d’œuvre.