Une reforme dangereuse pour l’avenir de l’enseignement supérieur

Un ministre intérimaire peut-il initier une réforme du secteur sous sa tutelle provisoire ? Voilà la question que suscite la dernière démarche du ministre de l’Epsp, Maker Mwangu Fwamba, assumant l’intérim à l’Enseignement supérieur universitaire et de la recherche (ESURS), depuis la révocation du ministre Tchelo au mois de Novembre dernier, en organisant un séminaire dont les conclusions visent entre autres une nouvelle mise en place dans le secteur de l’Enseignement supérieur et universitaire, une vision qui aurait été à la base de l’éviction du titulaire de ce portefeuille. Pendant cinq jours, soit du 12 au 16 Février, des éminents professeurs d’université et d’autres chercheurs se sont donné rendez-vous à Zongo, dans la province du Bas-Congo, à l’invitation du ministre intérimaire de l’ESURS, Maker Mwangu Fwamba. Ont aussi été associés à cette grand’messe, des délégués venus de plusieurs institutions de la République. Il s’agit de la Présidence, de la Primature, du cabinet du ministre de l’ESURS, du secrétariat général à l’ESU, des services spécialisés dont les conseils d’administration de l’ESU (CAU, CA-ISP, CA-IST).

Les présidents des conseils d’administration, des chefs d’établissements, les présidents des Association des universités privées agréées, les représentants du personnel scientifique et académique ainsi que les délégués des étudiants ont, eux aussi, pris part à ces assises. Selon des sources proches de ce secteur, l’objectif de cette rencontre a été de réfléchir sur l’avenir du secteur universitaire de la République démocratique du Congo. A l’issue de ces assises, les participants ont dégagé l’avis selon lequel le système éducatif national va très mal. Il est, selon eux, gangréné par des antivaleurs qui freinent son essor avec comme conséquence la baisse de la qualité et du niveau de l’enseignement.

Sur les traces de Chelo

Pour pallier à cette situation alarmante, les congressistes ont proposé quelques pistes de solution au nombre desquelles, le changement de la plupart de membres des comités de gestion à la tête des universités et instituts supérieurs du pays. Voilà qui fait bondir plus d’un observateur pour scruter les non-dits et l’opportunité de telles mesures. Le moment est-il opportun pour un ministre ad intérim d’organiser un tel colloque et surtout procéder aux nominations ? N’y a t-il pas violation de la mesure du 1er ministre interdisant aux ministres et mandataires de s’abstenir de tout acte qui engage l’Etat ou de procéder à des nominations? Voila autant de questions qui reviennent souvent sur des lèvres des personnes averties. Beaucoup d’observateur prêtent au ministre, l’intention de placer ses pions et faire basculer ce secteur, qui a toujours constitué une épine au pied du gouvernement, dans le giron du pouvoir en place. Malgré leur bonne fois, beaucoup de participants ont eu le sentiment d’avoir été associés à quelque chose de boutiquer d’avance. Ils attribuent au ministre, l’intention de vouloir préparer une mise en place au profit de son parti, le PPRD dont il est un membre influent. Quoi qu’il en soit, ce forum aura eu le mérite de présenter au pouvoir en place ses limites et son inefficacité dans la gestion de ce secteur. « L’ESU en RDC a dépassé le millier d’établissements: une croissance remarquable, mais tout de même inquiétante » peut-on lire dans l’exposition du Professeur Richard Ngub’Usim de l’Unikin. «Corrélativement à l’extension des établissements, un nombre impressionnant des diplômés produits chaque année, tant dans l’ESU privé que public, présentent une qualité déplorable», ajoute-t-il, avant de conclure que l’enseignement universitaire traverse une crise qui nécessite des remèdes appropriées.