CE N’EST PAS une menace mais cela devrait en inquiéter plus d’un. Interrogé par la British Broadcasting Corporation (BBC), Marvin Cooke, le patron du constructeur automobile japonais Toyota, a indiqué qu’en cas de Brexit dur, son groupe interrompra sa production en terre britannique. « Je pense que si le Royaume-Uni rompt avec l’Union européenne à la fin mars, la production s’arrêtera dans notre usine », a-t-il ainsi expliqué.
Marvin Cooke a dit ignorer si cette interruption durerait « seulement quelques heures, des jours ou des mois ». Il a estimé que cela pourrait aussi affecter l’avenir de l’usine à plus long terme, en raison de coûts supplémentaires d’importation et d’exportation. « Malheureusement, cela réduirait le nombre de voitures fabriquées au Royaume-Uni et cela entraînerait des pertes d’emplois », a-t-il précisé. Selon la BBC, l’usine de Burnaston emploie 1 300 ouvrier et a produit près de 150 000 voitures en 2017, 90 % étant destinées à l’exportation vers l’UE. Sa production « just-in-time » dépend notamment de composants importés de l’UE.
Les 27 et Londres doivent s’entendre en octobre ou novembre sur l’accord scellant leur séparation ainsi que sur une déclaration fixant le cadre de leur future relation. Mais Theresa May, la 1ERE Ministre britannique, a estimé que les négociations sur le Brexit étaient dans une « impasse » après le rejet de ses propositions par les dirigeants européens au sommet informel de Salzbourg (Autriche) en septembre.
Toyota n’est pas le premier constructeur automobile à mettre en garde contre les conséquences d’un Brexit dur au Royaume-Uni. Pour rappel, en juillet dernier, Jaguar Land Rover avait déjà menacé de réduire ses dépenses dans le pays dans cette éventualité. Deux mois plus tard, BMW a également annoncé que son usine fabriquant la Mini au Royaume-Uni allait fermer quatre semaines une fois la sortie de l’UE effective.
Toyota avait dit en février qu’il allait assembler sa nouvelle voiture familiale Auris dans son usine de Burnaston (centre de l’Angleterre), un an après l’annonce d’un investissement de 240 millions de livres (270 millions d’euros ou 260 millions de dollars) sur le site. L’usine Toyota de Deeside, dans le nord du Pays de Galles, doit en fournir l’essentiel des moteurs.
Johnson contre May
Boris Johnson, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, s’en est pris violemment mardi 2 octobre au plan sur le Brexit de Theresa May, la 1ERE Ministre, qu’il a qualifié de « scandale constitutionnel » dont l’application aboutirait à humilier le Royaume-Uni. « Cela signifierait que les entreprises et les industries du Royaume-Uni, et toute notre économie, seraient exposées de manière perpétuelle à des réglementations qui seraient expressément conçues à la demande de concurrents étrangers pour les abattre », a déclaré Johnson devant les délégués du parti conservateur réunis en congrès à Birmingham.
« Cela signifierait que nous serions contraints d’appliquer, sans pouvoir les modifier ou sans pouvoir nous y opposer, toutes les inepties que l’UE pourrait inventer à l’avenir », a-t-il poursuivi. « Cela n’est pas pragmatique, ce n’est pas un compromis, c’est dangereux et instable politiquement et économiquement. » Et d’ajouter : « Ce n’est pas la démocratie. Ce n’est pas ce pour quoi nous avons voté ». Il a qualifié le plan de Chequers, mis au point par Theresa May en juillet, de « tromperie ».
Bien qu’il ait appelé officiellement à soutenir May et un projet d’accord conforme au plan original qui précédait celui de Chequers, Boris Johnson, par la violence de son discours, a, pour beaucoup d’observateurs, clairement dévoilé son ambition de remplacer May à la tête du parti tory. La 1ERE Ministre a pour sa part indiqué qu’elle continuait à travailler afin de présenter une nouvelle proposition aux Européens sur la question de la frontière en Irlande, principal point de blocage dans les négociations.
Elle a notamment insisté sur l’idée qu’aucune modification institutionnelle de l’Irlande du Nord ne pourrait être introduite sans l’approbation des habitants de la province. Le parti unioniste DUP a mis en garde les Européens contre la tentation « d’annexer » la province en y appliquant une règlementation différente de celle qui prévaudrait dans le reste du Royaume-Uni en cas d’accord.
Interrogée par « Sky News » sur la prestation de son ancien ministre, Theresa May a répondu : « Boris offre toujours un bon spectacle mais ce qui compte pour les gens c’est ce que nous leur apportons dans les choses qui affectent leur vie quotidienne ». La livre sterling reculait de 0,37 % face au dollar et de 0,23 % face à l’euro.