Vers la prise en charge des comptes bancaires par les agents et fonctionnaires de l’Etat

Après avoir lancé le processus de bancarisation en 2011, le gouvernement entend passer la main aux bénéficiaires en matière  des frais de gestion qui en découlent.

Le bâtiment de la fonction publique à Kinshasa, en réhabilitation. (Photo BEF)
Le bâtiment de la fonction publique à Kinshasa, en réhabilitation. (Photo BEF)

La réforme initiée par le gouvernement en aout 2011et réalisée sans assistance technique extérieure, visait plusieurs objectifs dont la suppression des intermédiaires, la garantie de percevoir la totalité du salaire ainsi que la maîtrise des effectifs et de la masse salariale. Plus de deux ans après le lancement du processus, le Comité de suivi de la Paie piloté par Jean-Louis Kayembe wa Kayembe, directeur général en charge de la politique monétaire et des opérations bancaires à la Banque Centrale du Congo, se dit satisfait des résultats obtenus. Pour lui, les agents et fonctionnaires de l’Etat qui ont adhéré au processus, perçoivent à partir du 15 de chaque mois leur salaire aux guichets des banques intervenantes. Et cela sans verser aucune commission sous quelque prétexte que ce soit.

Avantages de la bancarisation

Kayembe wa Kayemebe  affirme aussi que la bancarisation a permis aux et fonctionnaires de l’Etat, aux éléments de la police et des forces armées, longtemps exclus du système financier, d’avoir accès à des services bancaires. Et le fait d’avoir un compte bancaire personnel ouvre la voie à d’autres facilités notamment : le crédit, la carte bancaire,  l’alerte SMS et au découvert bancaire. Conséquence, « des agents et fonctionnaires de l’Etat sont donc considérés comme des clients ordinaires et à part entière des établissements bancaires qui gèrent la paie », note le président de la paie , qui ajoute :« La bancarisation a donc atteint sa phase de maturation avec plus de 74 % d’agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi que des éléments de la Pnc et des Fardc régulièrement payés par voie bancaire ».

Passation des pouvoirs

Après la consolidation du processus à travers l’implication du gouvernement déterminé à mener la réforme à bon port, il est désormais question de passer le témoin aux bénéficiaires du projet. Certains analystes économiques soutiennent qu’il est temps que « ceux à qui profite la bancarisation apprennent, peu à peu, à se prendre en charge ». Ainsi l’Etat ne pourra plus supporter seul la facture des banques. Etant entendu que les comptes ouverts ne servent plus seulement au versement des salaires mais à toutes les autres opérations bancaires. Le Comité de suivi de la paie parle d’un protocole d’accord qu’il avait signé avec l’Association congolaise des banques (ACB). Il prévoyait que l’Etat verse à l’ACB, au titre de rétribution pour ses prestations, un montant convenu pour l’ouverture et la gestion des comptes de ces derniers.

Pour le président du comité de suivi de la paie « cette décision nécessaire, était destinée à faciliter l’intégration des effectifs du secteur de l’enseignement, de l’administration publique, de la police et des forces armées, du personnel politique et assimilé dans le circuit bancaire ». Cette approche devrait être circonstancielle et s’adapter à l’évolution du processus. A l’en croire, dans d’autres pays qui ont engagé la même réforme comme le Kenya et le Gabon, « les frais de gestion des comptes sont intégralement pris en charge par des fonctionnaires de l’Etat ».

Campagne de sensibilisation

Pour le gouvernement, l’heure est donc arrivée pour envisager cette cession de responsabilité entre lui et les bénéficiaires de la réforme. Pour mieux faire les choses, « ce désengagement devrait se faire de façon graduelle, en fonction du niveau hiérarchique des agents et, par conséquent, de tranches de revenus, le rôle d’exemple devant être joué par les cabinets ministériels, les hauts fonctionnaires ainsi que le personnel politique et assimilé,» soutient Jean-Louis Kayembe wa Kayembe. La majorité des agents et fonctionnaires de l’Etat prendra le relais après une campagne de sensibilisation et de vulgarisation sur les avantages perceptibles de la réforme.

Question d’éviter des malentendus. En plus « le gouvernement veillerait  à ce que ces frais ne soient pas prohibitifs au risque d’asphyxier les agents à revenus modestes et leur accorderait du temps pour qu’ils intègrent cette nouvelle donne dans leurs programmations budgétaires respectives », conseille un expert économique du Comité de suivi de la paie. Ces frais de tenue des comptes seraient fixés à 3400 francs par mois. Une pilule amère à avaler par les fonctionnaires dont les rémunérations sont insignifiantes. La sensibilisation s’avère donc nécessaire. La finalité étant non seulement pour de consolider le processus mais aussi de pérenniser la réforme lancée en 2011. Après la consolidation de la réforme, le gouvernement devrait remettre sur la table sa politique salariale pour l’amélioration des conditions sociales des agents et fonctionnaires de l’Etat. Car la bancarisation visait entre autres objectifs, la maitrise des effectifs et de la masse salariale.