Vers une réforme de la Régie des voies aériennes

Programmée par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques en 2009, l’étude de faisabilité de la scission de la RVA pourrait finalement intervenir en 2020.

EN TOUT CAS, l’étude de faisabilité sus-évoquée a été alignée dans le draft du budget 2020. Il y a peu, la Régie des voies aériennes (RVA) a organisé un audit organisationnel en vue de poser des bases des stratégies de gestion des ressources humaines, lit-on dans une note du directeur général Abdalla Bilenge. L’audit, selon le directeur général de la RVA, devra déboucher sur un vaste programme de renforcement des capacités de la RVA pour améliorer sa compétitivité. « Les services prévus au titre de ce contrat comprennent l’implication efficace de la gestion des ressources humaines dans la mise en œuvre du Plan de développement de la RVA », écrit Abdalla Bilenge. 

De l’avis des analystes, l’audit pourrait déboucher à des suppressions des postes auxquelles la RVA a longtemps échappé depuis que le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP), a initié la transformation des entreprises d’État en sociétés commerciales. Il y a pratiquement cinq ans, le bureau syndical de la Régie avait opposé une fin non-recevoir au retour des experts du groupe français Aéroports de Paris Infrastructures (ADPI) pour manager l’entreprise au motif que les prédécesseurs, Jean Assisse et son équipe, avaient mal géré notamment les recettes générées par le Go-Pass. 

Que le DG français placé à la tête de la RVA avec le lobbying du ministère du Portefeuille et le COPIREP était, en réalité, un Libanais répondant au nom d’Aziz. Que le prétendu expert blanc avait pris la poudre d’escampette, comme il était venu, sous le coup d’un mandat du parquet. Que la  RVA se fait picoter 2 millions de dollars par des fonds vautours en Afrique du Sud, conséquence d’un compte secret d’IDEF tenu par les experts ADPI- KPMG. Mais, pour autant, la mission d’Aéroports de Paris Infrastructures devrait être reconduite. 

C’est une injonction de la Banque mondiale. Mais pour le ministère du Portefeuille, le banc syndical de la RVA ignore que « les résultats qui sont visibles aujourd’hui à travers les investissements en cours de réalisation à la RVA le sont grâce aux financements apportés par les partenaires techniques et financiers du gouvernement à la suite de la première mission d’ADPI, exécutée entre octobre 2008 et décembre 2010 ».

Deux entités distinctes

Il sied toutefois de rappeler que la finalité de la transformation de la RVA est sa scission en deux entités distinctes. L’une chargée de la gestion des sites aéroportuaires et l’autre, de la navigation aérienne. Cette option a été catégoriquement rejetée par le bureau syndical, dont on dit, instrumentalisé par la direction générale. Mais, cinq ans après, la même direction générale se rend bien à l’évidence d’une réforme. Le directeur général de la RVA parle d’un « Plan de développement » dont il détient encore le secret. 

Toutes les tentatives de Business et Finances pour disposer d’un chiffre exact sur les effectifs de la RVA se sont avérées vaines. Ici, sur l’avenue Aérodrome,  siège social de la régie, tout le monde doute de tout le monde. 

L’on se souviendra qu’en 2017, Abdalla Bilenge avait dû s’expliquer au parquet général sur le contrat qui lie depuis 2014 la RVA à la Raw Bank pour la récolte des taxes IDF (Go-Pass), des taxes perçues dans tous les aéroports du pays et qui génèreraient, en moyenne, dix-neuf millions de dollars par an. 

Pour l’exercice 2019, les prévisions des recettes attendues du Portefeuille sont de 14 195 680 672 FC, soit 8 122 028 dollars dont des prévisions des  dividendes de 780 000 000 FC de la part de la RVA SA en tant que service d’assiette. Quant au Go-Pass, les prévisions 2019 s’élèvent à quelque 41 109 023 758 FC, soit 23 508 334 dollars. Mais la mouvance congolaise de la société civile note que l’impact des comptes spéciaux sur le Trésor public n’est pas perceptible, notamment en ce qui concerne la RVA, le FONER et bien d’autres. 

Elle craint que ces comptes ne constituent aussi d’importantes sources de coulage. Leur contrôle régulier permettrait de bien canaliser les recettes qu’ils génèrent.