Week-end de l’entreprenariat, désormais un rendez-vous dans l’agenda du monde des affaires

Le coup d’essai s’est révélé un coup de maître. Le journal Business & Finances en partenariat avec l’agence Joe Services a relevé son pari : pendant trois jours, du 12 au 14 avril 2019, à l’espace Bilembo, Le Week-end de l’entreprenariat a réuni un parterre d’entrepreneurs et d’experts de divers secteurs (banque, agriculture, médias, voyages et tourisme…) qui ont mûri la réflexion autour du thème, «Comment sortir de la pauvreté à travers l’entreprenariat».

Dans son mot de circonstances, l’éditeur de Business & Finances, Patient Ketu, a appelé l’assistance composée notamment des jeunes diplômés à innover, à sortir des sentiers battus et des préjugés, en prenant l’exemple du président français, Emmanuel Macron. S’adressant à quelque 2000 jeunes entrepreneurs africains  lors d’une séance exclusive d’interaction organisée par la fondation Tony Elumelu, Emmanuel Macron, chef de l’Etat français, déclarait, en effet, «Je n’ai jamais demandé la permission à qui que ce soit. Ceux vers qui je venais prendre conseil me disaient : ‘Attends un peu, le moment viendra, ne sois pas pressé, etc.’ Ne suivez jamais ce genre de conseils ! Osez et agissez maintenant ! C’est cela l’innovation».  Et le patron de Business & Finances de poursuivre, « Il y a quelque chose de pire que d’avoir échoué, c’est de ne pas tenter, ne pas oser, ne pas entreprendre. (…)  L’entreprenariat est la voie royale et loyale de l’émancipation, le premier pas mais un pas de géant vers l’autosuffisance sociale, c’est le rejet du joug de la pauvreté ».

Patient Ketu a également appelé l’Etat et les institutions financières privées que publiques à apporter leur obole à la création d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. «Pour la RDC qui compte devenir un pays à revenu intermédiaire dans moins de 10 ans, l’Etat doit s’appliquer à créer des conditions favorables à l’émergence d’une classe des jeunes entrepreneurs. Parmi ces conditions, il y a l’accès aux crédits bancaires, au financement du FPI, Fonds de promotion de l’industrie, qui est d’ailleurs appelée à devenir une banque d’investissements ou encore à la sous-traitance dont la nouvelle loi piétine encore dans son applicabilité ». Pour la directrice de Joy Service, Mme Bea Lumbu, « l’entreprenariat fait augmenter la concurrence sur les marchés avec la création d’entreprises, ce qui entraîne des répercussions sur la productivité de tous les secteurs. L’apport en terme d’innovation redynamise les secteurs et pousse les entreprises à innover ». Et de poursuivre «A long terme, l’efficacité du secteur privé se renforce, les investissements se multiplient, et sa contribution au Produit Intérieur Brut augmente, ce qui accroît la richesse. Naturellement, l’entreprenariat joue un rôle important dans la création d’emplois et de richesse dans l’économie. »

Puis vint le tour des entrepreneurs à prendre la parole devant une assistance qui ne cessait de croître en nombre. Moses Bimanyu, patron d’une agence de voyage de la place, fait une apologie des idées novatrices dans l’entreprenariat. L’entrepreneur d’aujourd’hui et de demain doit s’adapter aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour Karl Zikondolo qui évolue dans le secteur des villégiatures de luxe, il faut s’armer de volonté, de courage et de persévérance pour se frayer une place honorable dans le monde de l’entreprenariat en République démocratique du Congo. Dans l’assistance, à la faveur du jeu de questions et réponses qui épilogue chaque speech des intervenants, une question revient en chapelet: comment s’y prendre? Mme Anastasie Sika, présidente de l’ONG (organisation non gouvernementale) Action pour la protection de la santé humaine, animale et végétale, Afroshav, et M. Henri Yolowando sont d’avis que l’amélioration des conditions de base est un préalable pour l’éclosion d’une nouvelle génération d’entrepreneurs notamment dans le secteur de l’agro-industrie. A juste titre, M. Djedje Kungula Makoso, responsable Unité agrobusiness à Equity Bank,  évoque par exemple les cas des routes des dessertes agricoles en état de défectuosité, les télécommunications pas toujours garanties, etc., M. Nzolatima d’ajouter l’incidence, souvent négligée par des entrepreneurs, de la donne métaphysique dans les affaires. L’agrobusiness a du mal à prendre de l’envol dans certaines contrées du Kongo central car frappées d’un mauvais sort suite à une « fatwa » d’un prophète très connu dans la région. Expert en agronomie, M. Henri Yalowandjo Afoka, est revenu sur la problématique du financement des projets des jeunes entrepreneurs. Il faut, par exemple, 15.000 dollars pour se procurer une machine indispensable dans la production de l’huile de palme et de l’huile du palmiste. Et des experts de l’INPP ont insisté sur la qualité de la formation notamment de ceux qui veulent se lancer dans l’agrobusiness. Comme pour joindre l’utile à l’agréable, la première édition du Week-end de l’entreprenariat se clôturait avec un sous-thème on ne peut plus romantique, «Comment obtenir plus de joie, de liberté et d’épanouissement? ». Puis place à la musique, notamment du hip hop…en Christ. Comment cela pouvait-il être autrement en cette période d’avant pâques, commente la directrice de Joy Services, Mme Bea Lumbu. Qui n’a qu’un credo, la résurrection de l’entreprenariat en RDC.