Comprendre les défis de la ZLECAF et les relever

Au Palais des congrès de Niamey, le Nigéria a paraphé l’Accord. Son voisin, le Bénin a fait de même, portant à 54 le nombre total de signataires. Avec le Gabon et la Guinée Équatoriale, le nombre de pays ayant ratifié l’accord est maintenant de 27, bien au-delà du seuil, 22, exigé pour son entrée en vigueur.

LE PROJET de zone de libre-échange en cours de création sur l’ensemble du continent africain est un défi majeur pour l’Union africaine (UA). Avec l’entrée en vigueur de la ZLECAF, les pays africains ont là la possibilité de réaliser l’une des aspirations majeures de l’agenda 2063, qui vise à faire de l’Afrique un continent émergent et un acteur influent et efficace dans les échanges économiques et commerciaux mondiaux. 

C’est par ailleurs une opportunité pour tous les opérateurs économiques du continent d’investir. Les objectifs de cette zone se résument en l’augmentation des échanges intra-africains et le développement des partenariats.  Pour Moussa Fakki Mahamat, le président de la commission de l’UA, la ZLECAF est un « projet emblématique et une inestimable réalisation ». Il affirme que la croissance économique du contient devra « être plus rapide vu son remarquable potentiel ». D’après lui, donc, la ZLECAF va favoriser l’échange, l’émancipation de la femme et la prospérité, notamment pour la jeunesse, ajoutant que son entrée dans sa phase opérationnelle permettra la réalisation des infrastructures pour l’interconnectivité des territoires. À en croire les chefs d’État et de gouvernement africains, l’adhésion à la ZLECAF est surtout motivée par la volonté de contribuer au développement d’un grand marché mondial. L’ambition est qu’ensemble, les États membres de l’UA puissent bâtir et développer le plus grand marché mondial, riche de 1,2 milliard de consommateurs réguliers. 

Ce qui va changer au quotidien

Dans le concret, la ZLECAF signifie que les entreprises, les commerçants et les consommateurs africains ne paieront plus de droits de douane sur une grande variété de biens échangés entre pays africains. Les commerçants entravés par des barrières non tarifaires, notamment des procédures douanières ou des formalités administratives excessives, disposeront d’un mécanisme visant à éliminer ces charges. La coopération entre les autorités douanières en matière de normes et de réglementation s’appliquant aux produits, ainsi que le transit et la facilitation du commerce favoriseront la circulation des marchandises entre les frontières africaines… Grâce à la libéralisation progressive des services, les fournisseurs de services auront accès aux marchés de tous les pays africains, à des conditions non moins favorables que les fournisseurs nationaux. La reconnaissance mutuelle des normes, l’octroi de licences et la certification des fournisseurs de services permettront aux entreprises et aux particuliers de satisfaire plus facilement aux exigences réglementaires des différents marchés. L’assouplissement du commerce entre les pays africains facilitera l’établissement de chaînes de valeur régionales dans lesquelles les intrants proviendront de différents pays africains en vue de la création de valeur ajoutée avant l’exportation hors du continent.

Pour se protéger contre les poussées commerciales imprévues, les États parties pourront avoir recours à des recours commerciaux pour assurer la sauvegarde des industries nationales, si nécessaire. Un mécanisme de règlement des différends offre une solution fondée sur des règles pour le règlement de tout différend qui pourrait surgir entre les États parties dans le cadre de l’application de l’accord. Une fois conclues, les négociations de la deuxième phase offriront un environnement plus propice pour la reconnaissance des droits de propriété intellectuelle en Afrique, les investissements intra-africains et la lutte contre les obstacles anticoncurrentiels.