Déficit d’électricité : le futur est dans la capacité de nouvelles unités de production

Cette année encore, la problématique de l’offre déficitaire d’électricité, comme handicap à l’activité minière en RDC, a été au centre des débats dans le panel dédié à l’énergie. Le marché a été ouvert mais il se pose le problème des solutions dites intermédiaires plus proches de l’exploitation minière. U

DES interrogations restent encore pendantes sur le projet Grand Inga faute de mobilisation des financements. Entretemps, et en attendant la matérialisation de ce giga projet, des solutions dites « intermédiaires », notamment les mini-centrales et les énergies renouvelables sont envisagées. 

Selon des opérateurs miniers approchés à Lubumbashi, le marché est certes très ouvert, parce qu’il y a déficit des producteurs. Mais le futur est dans la capacité de nouvelles unités de production, font-ils remarquer. C’est pourquoi, pensent certains spécialistes, il ne faudra pas abandonner la piste des micros centrales plus proches de l’exploitation minière. 

En mai 2018, en marge des assises sur l’électricité en République démocratique du Congo, Jean Marie Ingele Ifoto, alors ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, a justifié leur organisation par le contexte énergétique du moment dans le pays. 

En effet, le secteur de l’électricité en RDC est à un tournant, a-t-il dit. Afin de dynamiser le développement du secteur, le gouvernement a encouragé, d’une part, sa libéralisation au travers de la loi 14/011 du 17 juin 2014, et, d’autre part, la revitalisation de l’opérateur public, la Société nationale d’électricité (SNEL).

Il faut une vision partagée

D’après Ingele, la construction d’une « vision partagée par l’ensemble des acteurs » est une « étape essentielle pour accélérer l’électrification du pays ». Le taux de desserte nationale en électricité atteint à peine 17,1 %, contre une moyenne africaine de 42 %. Seulement 2,5 % des 100 000 MW estimés du potentiel hydroélectrique sont exploités pour la production de l’électricité. 

Près de la moitié des équipements des centrales qui devaient fournir les 2 500 MW sont en panne ou en cours de réhabilitation.  Les premières centrales publiques (Katende, Kakobola, Zongo II et Manono/Ankoro pour l’État ; Matebe, Ivugha et Kananga pour les privés) et environ 4 lignes électriques à haute tension (HT) pour le renforcement du réseau existant sont en cours d’aménagement. 

Depuis la mise en service de la centrale hydroélectrique de Mobayi (Équateur) en 1982, il n’y a pas eu de nouvelles infrastructures dans le secteur. Autres problèmes : d’abord, le manque d’études bancables et la faible capacité du pays à mobiliser des fonds importants dont a besoin ce secteur si stratégique pour le progrès du pays. 

Puis, le retard dans l’application effective de la loi 14/011 du 17 juin 2014 à travers les mesures et les textes pourtant déjà élaborés. Ce retard ne facilite pas la venue des privés dans le secteur. La faiblesse des investissements et le retard dans la planification. 

La SNEL, opérateur public, donc majeur, se trouve plombée par la réforme structurelle et d’énormes problèmes de gestion qui l’empêchent de jouer effectivement et pleinement son rôle de « bras armé » du gouvernement. En réalité, c’est une entreprise qui n’a plus sa raison d’être, parce que n’étant plus en capacité de rendre service comme il se doit. 

La décentralisation, la croissance démographique et l’augmentation de la demande des miniers ont accentué le déficit, obligeant le gouvernement à importer de l’électricité de la Zambie et bientôt de la République du Congo voisine. Pourtant, ces deux pays furent pendant de nombreuses années importatrices d’électricité de la RDC. Tous ces obstacles « structurels et anachroniques », mis ensemble, rendent difficile la relance du secteur afin de lui faire jouer son rôle de moteur de développement, de relance économique, soulignait le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques lors de la 3è édition de la Conférence minière de la RDC en septembre 2018 à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba. 

Dans tous les cas, le succès dépendra très largement de l’engagement de chaque acteur à assumer sa part de responsabilité. Il y a donc nécessité d’une politique énergétique « conséquente et volontariste » par rapport à l’objectif 2030.

Cela, en vue d’identifier les solutions concrètes pour la relance du secteur et les opportunités d’investissement, mettre en relation des partenaires potentiels et élaborer une feuille de route avec des actions précises pour assurer la croissance du taux de desserte en électricité et satisfaire les besoins de tous les acteurs sociaux et économiques. Et enfin, de jeter les bases solides pour un nouveau départ.