DBB fait un pari : rivaliser avec les « grandes » sur les lignes qui comptent

Avec son « Plan d’expansion », Congo Airways veut prendre une nouvelle dimension dans le paysage économique de la RDC à partir de 2018. Dans cet élan, Désiré Balazire Bantu (DBB) se trouve dans le rôle de bâtisseur et investisseur. Dans une interview qu’il nous avait accordée le 2 février 2016, ce brillant technocrate de 56 ans, marié et père de trois enfants, nous rassurait de sa « foi en l’avenir de Congo Airways ». Une année après, le temps semble lui donner raison.

Profil d’un manager expérimenté, c’est sur lui que le gouvernement jette son dévolu, le 23 avril 2016, pour redresser Congo Airways. À peine est-elle créée (octobre 2015), la compagnie a pris un mauvais élan à son décollage. Sans doute, aujourd’hui, son expérience de trente ans dans la gestion financière, l’audit et la comptabilité, dans la gestion stratégique et stratégies d’entreprise, dans la gestion du portefeuille, etc., a pesé dans son plan de redressement de Congo Airways.

À son arrivée, au siège de la compagnie, sur le boulevard du 30 Juin, la société est en proie à une crise financière et sociale. DBB réussit à ramener un climat social apaisé grâce à « son » plan de redressement et en dépit de « mesures drastiques » revoyant à la baisse les salaires (réduction de 17 %) et le dégraissage des effectifs (426 agents pour une jeune compagnie aérienne qui a démarré avec seulement deux avions en exploitation). Ailleurs, cela aurait pu donner lieu à des remous sociaux. « J’ai donc réussi à convaincre les agents et les cadres que le choix des gros salaires mais garantie réelle de travail sur la durée n’était pas le bon choix… », nous déclarait-il.

En fait, les « mesures drastiques » prises par le conseil d’administration en vue de « comprimer les charges d’exploitation et pérenniser ainsi la compagnie et la majorité des emplois qu’elle a générés » découlaient du plan d’action du comité de gestion pour l’exercice 2017. Quand DBB a pris les commandes de Congo Airways en avril 2016, le gouvernement – donc l’État qui est l’actionnaire majoritaire de la société – lui a assigné une mission bien précise : améliorer la gestion de Congo Airways. Par amélioration de la gestion, il lui a été demandé clairement de « réduire les dépenses ou les charges de la société et de revoir les dossiers du personnel ».

Dans l’aérien, la norme internationalement admise est d’environ 35 employés par avion. Tout se fait désormais électroniquement et la sous-traitance est très développée à des coûts abordables. Le gros du personnel est constitué des navigants qui sont dans les avions tandis que l’administration est tenue par un personnel vraiment réduit. Il était aussi question de créer trois filiales : le handling, la sûreté et la maintenance des avions. Autres projets d’avenir : la formation des 18 jeunes ingénieurs congolais par Air France Industrie et la certification des mécaniciens à l’internationale. « Quand nous aurons notre atelier de maintenance, nous allons maintenir nos propres avions mais aussi les avions d’autres compagnies. Les filiales que nous allons créer seront également des unités génératrices de profits pour la société, en ce sens qu’elles vont nous rendre service mais aussi à des tiers », confiait le D-g de CGA.

Lui-même préparait un diplôme d’études approfondies en aviation civile de l’Université de Genève en collaboration avec l’IATA.

Ceux qui ont étudié ou travaillé avec lui, témoignent de son intelligence et de sa moralité excellente. Des atouts que DBB met à la disposition de la compagnie qu’il dirige. « J’ai commencé à revisiter les contrats, c’est-à-dire annuler ceux qui ne se justifiaient pas et renégocier les différents contrats. C’est le travail que je fais depuis que je suis là. Cela nous a permis de réduire sensiblement les charges de la société ».

Mais comment aller de l’avant avec seulement une flotte de 4 avions ? « Pour le moment, cela suffit pour couvrir la demande. En tout cas, jusque-là, Congo Airways est en capacité de transporter tout le monde. « D’ailleurs, dans certaines villes où nous nous rendons, il n’y a pas de passagers. En tout cas, nous sommes la seule compagnie qui ait des avions plus jeunes et plus grands », souligne DBB. Avec une moyenne d’âge de 7 ans, les avions de CGA sont modernes et permettent de voyager dans un très bon confort. « Nous voulons que les gens soient transportés dignement.

C’est d’ailleurs ce qui a été exigé par l’initiateur de ce projet, le président de la République, Joseph Kabila Kabange, dans le cadre de sa vision axée sur la Révolution de la modernité, rappelle-t-il. Sinon, poursuit-il, comment faire pour que la RDC devienne un pays à revenu intermédiaire, puis émergent sans projets concrets comme celui-ci ».