Des noces salées

Bien que les revenus de la grande majorité de la population soient très faibles, la moindre fête se fait pourtant en grande pompe. Et quand il s’agit de mariage, les familles ne lésinent pas sur les moyens. 

Des grands sourires pour marquer le bonheur du grand jour.
Des grands sourires pour marquer le bonheur du grand jour.

Autrefois, les cérémonies de mariage étaient plus simples. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Qu’il s’agisse du mariage traditionnel, du mariage civil ou religieux, les dépenses occasionnées par l’organisation des réjouissances sont exorbitantes, quels que soient les moyens des mariés. Les jeunes, à force de regarder des télénovelas brésiliennes ou des émissions de téléréalité à la mode du genre L’incroyable famille Kardiashan, Fashion Police, Rich Kids of Beverly Hills, etc, se sont mis à tout singer. Cette acculturation est-elle une quête de modernisme ou au contraire, un complexe d’infériorité ? La question reste posée. Il n’en reste pas moins que les cérémonies de mariage se font plus à la mode hollywoodienne ou française. Elles sont de plus en plus thématiques. Le thème peut être une couleur, un mot, une phrase qui permettra au maître de cérémonie de décorer en conséquence ou de suggérer aux invités les couleurs des vêtements appropriées. Tout cela fait le bonheur des organisateurs et des propriétaires de salles de fête qui voient ainsi leurs gains augmenter. Tout est dorénavant fait de façon professionnelle. Certaines salles ont tout l’arsenal nécessaire pour rendre la fête attrayante : la décoration, la photographie, le traiteur, la boisson, la sonorisation… Bref, une facture salée à la fin. Mais les mariés n’en ont cure : « C’est vrai que la facture coûte les yeux de la tête, mais c’est un jour spécial qui restera à tout jamais gravé dans nos mémoires. Il nous faut faire des sacrifices pour l’immortaliser », disent-ils souvent.

Une affaire d’argent       

Tout commence par le mariage coutumier. La dot est fixée à 1500, 2 000 ou 3000 dollars la plupart des cas. C’est à croire que la mariée est donnée au plus offrant. Les jeunes gens qui peinent à trouver un bien rémunéré pourraient-ils, dans ces conditions, se marier un jour ? Heureusement qu’il y a ce qu’on appelle « solidarité africaine ». Chacun des membres de la famille met la main à la pâte pour réunir la somme exigée. Soucieux d’originalité et d’attachement aux traditions, certains parents qui marient leurs filles reçoivent leurs hôtes à domicile ou dans une salle. Ils invitent des danseurs et chanteurs de leur terroir pour une prestation moyennant 1200 dollars ou plus s’ils doivent jouer durant toute la cérémonie. Si c’est juste pendant quelques heures, le tarif est revu à la baisse. Prévoyants, les futurs mariés ont un budget pour les dépenses occasionnées par les différentes cérémonies.
De l’habillement à la décoration de la salle, tout est calculé. Lors du mariage coutumier, les conjoints préfèrent s’habiller en pagne. Le tissu coûte entre 70 et 100 dollars et il sera confectionné par un professionnel à un prix exceptionnel qui demandera 200 ou 300 dollars. La mariée doit ensuite penser à sa coiffure. En fonction du modèle choisi, elle déboursera 100 ou 200 dollars. La décoration de la salle s’inspire du style africain sur la base du thème choisi par le couple. Coût : entre 1000 et 1500 dollars, le prix dépendant de ce qui est utilisé comme accessoire. Le mariage civil a ses exigences. L’époux doit mettre la main à la poche pour que ce qui relève de la coutume devienne officiel. Actuellement, beaucoup de nouveaux couples préfèrent que le bourgmestre de leur commune aille vers eux. Lorsque le mariage est célébré à la commune, les frais à payer sont estimés à 120, 150 ou 200 dollars, en fonction du lieu. Mais quand c’est le bourgmestre qui se déplace, les prix vont de 300 à 700 dollars. Et comme la plupart des mariages coutumiers donnent lieu à des réjouissances, les mariés font en sorte que, juste après le mariage civil, tout le monde se retrouve au même endroit. Ce qui fait deux fêtes en une seule au prix de 1200 ou 1500 dollars.

Le grand jour est arrivé  

Comme à l’accoutumée, la mariée porte une robe blanche. En réalité, elle en a deux : l’une pour l’église et l’autre pour la soirée dansante. Cette robe, qui fait rêver plus d’une femme, est louée 350 ou 500 dollars. A l’achat, elle vaut 500 dollars, voire plus. Son prix dépend de la qualité du tissu, du modèle ainsi que de la marque. La coiffure, ainsi que le maquillage approprié coûte de 200 à 350 dollars. Les alliances en or, en tenant compte du poids et du modèle, coûtent 450 dollars, 700 ou plus chacune. Pour louer une salle, il faut compter entre 2500 et 5000 dollars. Le propriétaire propose une décoration de base. Mais si les mariés souhaitent que la décoration soit conforme à leur thème, ils vont louer les services d’un décorateur de leur choix ou ceux de celui que la salle leur proposera. Coût : entre 800 et 1200 dollars. Certaines salles proposent un buffet dont le prix dépend du nombre des invités. En moyenne, cela revient à 20 ou 60 dollars par personne selon le menu,

boissons locales comprises. Dans le cas contraire, la famille de la mariée trouvera un traiteur dont la rémunération se situe entre 1500 ou 2500 dollars. La boisson est prise en charge par la famille du mari. Le gâteau de mariage vient soit de la salle ou des mariés eux-mêmes. Il coûtera entre 450 et 1000 dollars, par rapport à sa taille. La sonorisation peut être comprise dans les frais de location de la salle ou payé à part. Dans ce cas, c’est 450 dollars ou plus. Pour agrémenter la soirée, le couple invite une star de la musique congolaise et son groupe. Le cachet dépendra de la négociation entre les deux parties.

Les invités ne sont pas en reste 

Les cartons d’invitation sont commandés en Chine, à Dubaï ou en Europe, sur internet. Ceux qui préfèrent les acheter localement de 1 à 3 dollars la carte. Le prix est fixé sur la base de la qualité et du nombre des cartons commandés. Plus la commande est importante, moins cela pèse sur le budget. Faute de les envoyer par voie postale, les invitations parviennent aux destinataires par le biais des parents et amis des futurs mariés. Répartis en groupes, les invités ont une liste des cadeaux dressée par ces derniers. La liste n’est pas obligatoire, elle est simplement « suggérée ». Les invités qui s’en tiennent à la liste du couple se concertent, choisissent un cadeau, se cotisent pour l’acheter. Si le couple préfère recevoir de l’argent liquide, il le signale sur l’invitation.  Au cas où il est aussi prévu une tenue pour les invités avec une couleur précise et le thème, ils sont informés à l’avance afin qu’ils prennent leurs dispositions. Le jour J, les invités sont souvent reçus par les mariés à l’entrée de la salle. Ils reçoivent une petite carte sur laquelle est écrit un petit mot de remerciement de la part des mariés. Quarante-cinq minutes plus tard, le couple s’installe. Le maître de cérémonie entre en action. Il n’est pas choisi au hasard. C’est soit une célébrité de la télévision, de la radio ou un comédien. Payé à l’avance, sa rétribution dépend de sa notoriété ou des affinités qu’il a avec les mariés. Elle se situe à 250 dollars ou plus s’il est performant. Quand le rideau tombe, enfin, la note globale est salée. Mais les mariés ne perdent pas le sourire. Pour eux, pas de crise économique, pas de situation difficile. Ils restent confiants, et soutiennent que « les dépenses se préparent à l’avance, il n’y a pas lieu de s’alarmer. » Ainsi soit-il.