Électricité : état des lieux avec les développeurs indépendants (suite)

Au Katanga, la demande en énergie électrique est forte et provient essentiellement des entreprises minières. Près de la moitié de la production est à l’arrêt et les réseaux de transport et de distribution sont vétustes, rendant ainsi la desserte discontinue : délestages et coupures intempestives.

KIPAY est un projet hydroélectrique privé pour alimenter les mines de la Copper belt. Il vise la construction de deux centrales hydroélectriques à Kawa et Sombwe. Kipay Investments est donc une entreprise congolaise dédiée à la résolution de la pénurie en électricité. L’objectif est de satisfaire la demande en énergie, réduire le déficit énergétique (900 MW pour le Grand Katanga et 2 500 MW pour tout le pays). 

Éric Monga, le promoteur, explique que le projet volera au secours de l’industrie minière. Sombwe est le site de démarrage. Kipay a eu le contrat de concession pour développer ce site à 40 km en aval des chutes Kuibo sur la rivière Lufira dans le territoire de Mitwaba. Il présente un débit nominal de 85 m³ par seconde sur une chute brute 120 m et une potentialité hydroélectrique exploitable jusqu’à 95 MW. Le schéma optimal comprend un barrage de 90 m de haut avec une centrale de 150 MW. Sombwe créera également des possibilités pour le tourisme autour du barrage, y compris l’hébergement de vacances, l’observation et la pêche. Le projet contribuera à atténuer la pénurie d’électricité au Katanga, nécessaire à la croissance économique et au développement social.

Le site de Kawa, quant à lui, sera développé en partenariat avec Tembo Power Ltd. Il offre un débit nominal de 36,26 m³ par seconde à une chute brute de 80 m et le potentiel hydroélectrique exploitable est d’environ 29 MW. Il y a également plusieurs autres sites exploitables autour de Kawa. L’électricité sera transportée et distribuée via une ligne de transmission de 22 kV au poste SNEL à Fungurume ou livrée directement aux clients miniers dans les environs de Kolwezi depuis le site de Kawa et à Likasi depuis le site de Sombwe. Deux centrales fonctionnent amont du site de Sombwe. Il s’agit de la centrale de Mwadingusha, située au barrage de Tshangalele (71 MW, 6 turbines) et de la centrale de Koni, juste en aval de l’usine de Mwadingusha (42 MW, 3 turbines). Le site proposé pour le HPP de Sombwe est situé à 290 km au nord de Lubumbashi. Le projet est encore à l’étape des études de préfaisabilité.

Kibali Gold Mine

Kibali Gold Mine est une entreprise minière située dans la province du Haut-Uélé, dans le territoire de Watsa. Son domaine minier est situé dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo à 150 km du territoire d’Aru, à la frontière avec l’Ouganda. Il est constitué d’un périmètre consolidé d’une superficie de 1 836 km².

À la conférence de DRC Mining Week/Semaine minière de la RDC, édition 2019, Kibali Gold Mine a fait une communication dans le panel énergie : stratégie de la production et gestion de l’énergie électrique. Le réseau électrique de Kibali est un exemple de ce que peuvent réaliser les entreprises privées dans les zones reculées. D’après les dirigeants de cette entreprise, le soutien de l’État par le biais du droit et le respect des accords d’investissement deviennent encore plus importants lorsque les infrastructures sont peu développées dans la région.

Kibali aurait pu suivre la voie de la production thermique à court terme (uniquement) pour minimiser les dépenses en capital, mais l’entreprise a plutôt investi dans l’hydroélectricité pour les activités à long terme et l’avenir du pays.

Où en est le projet ? Au début du projet Kibali, il n’y avait aucun accès au réseau électrique national. Afin de s’auto-suffire en énergie électrique, le complexe Kibali s’est doté d’un réseau électrique hybride avec une production maximale de 86 MW (44 MW hydro et 42 MW diesel). La demande en consommation de Kibali Gold Mine est évaluée jusqu’à 40 MW, dont 24 MW pour l’usine métallurgique, 9,5 MW pour la mine souterraine, 4,5 MW pour la mine à ciel ouvert et autres infrastructures et 1,2 MW pour la SOKIMO (communauté).

Le coût de production de l’énergie électrique avec le diésel comparé à celui de l’énergie hydroélectrique est de 0,35 dollar/kWh, contre 0,01 dollar/kWh. Le coût moyen issu du diesel et des hydros est d’environ 0,11 dollar/kWh, ce qui rend Kibali plus rentable.

Kibali exploite la centrale thermique (High speed CAT 3512B), mais aussi les centrales Nzoro I et II. La centrale de Nzoro 2 avec une puissance installée de 22 MW (4 x 5,5 MW), présente un débit de 11 m³/seconde. D’une hauteur de chute de 58m, elle a une double turbine Francis horizontale. La centrale a été mise en service en 2014. Tandis que la centrale de Nzoro I a été mise en service en 1930. Elle a une puissance installée de 0,8 MW pour un  débit de 11 m³/seconde. Avec une hauteur de chute de 58 m, la centrale a une turbine  Francis horizontale.

Quant à la centrale d’Ambarau, sa puissance installée est de 10,7 MW (2 x 5,35 MW) pour un débit de 45 m³/seconde et une hauteur de chute de 13 m. Mis en service en 2017, elle possède une turbine Kaplan horizontale. Enfin, la centrale d’Azambi a une capacité installée de 10,1 MW (2×5,05 MW). Son débit est de 53 m³/seconde pour une hauteur de chute de 11m, avec une turbine Kaplan horizontale. Elle a été mise en service en septembre 2018.

PowerChina et ses deux barrages

Power Construction Corp. of China (PowerChina) construira deux centrales hydroélectriques d’une capacité combinée de 1 050 MW. La première centrale de 900 MW sera construite à Kinshasa sur le fleuve Congo. Le contrat a été signé en mars dernier avec l’énergéticien américain Great Lake Energy (GLE). « PowerChina a la possibilité de prendre jusqu’à 51 % des parts de l’infrastructure et nous amènerons des partenaires financiers » a fait savoir Yves Kabongo, le directeur exécutif de la GLE. Coût de l’infrastructure : 3 milliards de dollars, et durée des travaux : 7 ans.

Le second barrage d’une puissance de 150 MW sera implanté sur la rivière Lufira. Il sera réalisé en partenariat avec Kipay Investments. PowerChina détiendra également 51 % de l’infrastructure, contre 49 % pour son et son associé. Le projet coûtera plus de 400 millions de dollars et sera financée par prêt à hauteur de 70 %. Les travaux sont prévus pour débuter en 2020 et se terminer en 2023.