Électricité : état des lieux avec les développeurs indépendants

Des projets de développement de mini-centrales hydroélectriques sont en cours de réalisation au Katanga et en Ituri pour fournir l’énergie nécessaire dont ont besoin les miniers pour faire tourner leurs machines à plein régime. Ces projets concrets sont portés par des développeurs indépendants, tels Sombwe, Tembo Power, CTL, Kibali Gold…

ÉRIC Monga Mumba Sombe est le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC)/section provinciale du Haut-Katanga. Avant son élection en mars 2018, il était le président de la Chambre de mines à la FEC. Dans les milieux d’affaires du pays, c’est « une voix » qui compte, dit-on. D’après lui, produire au Congo, c’est produire pour l’Afrique. Il veut toujours plus d’électricité pour les mines du Katanga. 

En attendant donc Inga III, nombre d’industriels sont favorables au développement de petites centrales hydroélectriques au Katanga ou à des projets alternatifs (solaire, éolienne, biomasse…). Des projets concrets existent déjà, portés par des développeurs indépendants, tels Sombwe, Tembo Power, CTL, Kibali Gold… Tour d’horizon.

Centrale thermique de Luena

La centrale thermique de Luena (CTL), explique Louis Sony, le directeur gérant, est un projet qui produira à court terme 500 MW, en utilisant le charbon de Luena et la ligne de transport de la SNEL. Le projet est développé par HPC. Luena I produira 250 MW dès 2017 et Luena II, 250 autres plus tard. Et il est prévu enfin 1 000 MW dans le cadre du Grand Luena. « CTL est d’abord une solution au problème de déficit énergétique que connaît la Gécamines afin de lui permettre de réaliser les grands projets, tel Deziwa. Cependant, la CTL est côtoyée déjà par quelques grandes entreprises comme potentiels demandeurs d’énergie qu’elle produira », déclare Louis Sony. 

Qui souligne que la CTL affiche l’ambition d’être leader au Katanga dans le secteur de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’électricité. En fournissant un produit de qualité et propre en permanence grâce à une technologie fiable et conforme aux normes UE. La durée de vie de ce projet est estimée à 80 ans. 

Le projet s’inscrit dans la vision de gestion environnementale prévue dans le code minier. Les initiateurs du projet ont prévu de consacrer 5 % des bénéfices à l’électrification de Bukama au bord du fleuve Congo, question d’en faire une destination touristique. Mais les premiers bénéficiaires sont les habitants de Luena et des villages riverains (Mukulakulu, Kibula…). 

Selon l’état d’avancement du projet, l’étude de préfaisabilité (EPF) et l’étude de faisabilité (EFB) ont été concluantes. Le financement est en cours de discussion, les clients identifiés (Gécamines, Tenke Fungurume Mining (TFM), RUBAMIN, COMMUS, SEK, SOMIKA, KIMIN, CDM, PANCOM, COMIKA, MIKAS, HUACHIN) et le prix du MWh connu. Selon les prospects et les besoins exprimés en 2014 par les miniers et autres industriels, la demande totale est évaluée à 343 MW.

Les principaux travaux d’infrastructure industrielle à réaliser portent sur la centrale électrique (2×270 MW), le site de stockage des cendres. Quant à l’infrastructure électrique, il s’agit de la construction de la nouvelle ligne haute tension 21 kV pour la mine de Luena, le village de Luena et la prise de l’eau. Mais aussi de la nouvelle ligne haute tension 120 kV pour Kolwezi et de la  nouvelle ligne haute tension 400 kV.

Concernant l’infrastructure minière à Kisulu et Luena, il y a les travaux sur les mines de charbon, l’infrastructure de surface, les mort-terrains et talus. Sans oublier la réalisation d’un nouveau réseau routier (28 km) et la rénovation d’autres, l’infrastructure d’adduction d’eau, de prise d’eau, les canalisations (longueur totale 4×19.3 km, soit 77,1 km), le réservoir d’eau (- 970 125 m3). Il y a aussi la ligne moyenne tension 21 kV pour la station de prise d’eau de Lualaba et la mine de Kisulu.

Comme principales nouvelles infrastructures sociales, il y a la réalisation des infrastructures locales, notamment le déplacement des villages (Uzumbura, Shele-Shele, Mayola), des écoles et d’un hôpital à Luena. Mais également de l’infrastructure d’adduction d’eau potable, du réservoir d’eau central pour Luena, du réseau de distribution d’eau pour Luena et les villages environnants et de l’infrastructure électrique, notamment la sous-station pour la ville de Luena. Pour le moment, le projet est à l’étape de la consolidation du financement.

Tembo Power et ses 100 MW

Sur papier, Tembo Power Ltd va développer 5 sites hydroélectriques dans le Katanga pour une capacité totale installée de 100 MW et pour un investissement de 297 millions de dollars, selon Raphaël Khalifa, son fondateur français. À la mi-2016, Tembo Power a signé un protocole d’accord avec le gouvernement congolais pour le développement de 4 sites hydroélectriques près de Lubudi (province du Lualaba) sur la rivière Kalule Sud. 

La société s’est ensuite associée à Kipay Investments pour le développement du projet Kawa 17 MW situé à proximité. Elle recourt à l’expertise d’ingénierie d’Aurecon. Des négociations étaient engagées avec un entrepreneur civil de renommée ayant fait ses preuves en RDC pour des conseils axés sur la construction et l’exécution des projets autour de la rivière Lubudi. 

Le développement de ces projets a été retardé en 2018, principalement à cause des évaluations d’impact environnemental et social (IES) et de la présentation des concessions, en vue de soumettre des projets susceptibles d’être financés aux prêteurs internationaux. Néanmoins, les projets ont été davantage réduits au cours de cette période grâce à l’enregistrement des données hydrologiques fiables, à la collecte d’enquêtes géologiques et géotechniques supplémentaires et à l’ingénierie de plusieurs solutions de transmission aux acheteurs potentiels. 

Les EIES ont été soumises au ministère de l’Environnement et du Développement durable pour l’autorisation préalable aux attributions formelles de concessions. Plusieurs partenariats sont en cours de négociation (participation anticipée des entrepreneurs, rôle de l’opérateur de transport dans les projets, co-développement et participation minoritaire), a indiqué Raphaël Khalifa. D’après lui, l’intérêt que manifestent des prêteurs internationaux montre que les projets ont considérablement mûri en termes de bancabilité.

Parallèlement, Tembo Power renforce actuellement ses capacités en fonds propres en restructurant ses activités en tant que gestionnaire de fonds (Tembo Investment Partners), avec le soutien des donateurs internationaux traditionnels. Des personnes réputées dans les domaines du financement des projets et de la gestion d’actifs ont été ajoutées à l’équipe. Un total de 157 MW de petits projets hydroélectriques répartis sur 9 sites en Afrique subsaharienne seront financés par Tembo Hydro Fund I, un véhicule de fonds unique axé sur le portefeuille actuel de petites centrales hydroélectriques de Tembo Power et composé à 40 % de projets en RDC.

Après l’attribution de la concession, Tembo Power finalisera le développement avec des études d’ingénierie détaillées et une mise à niveau des normes EIES par rapport aux normes internationales (normes IFC, principes de l’Équateur). Les projets doivent alors être au stade où les APE avec les acheteurs peuvent être négociés et signés. Le financement sera structuré et la clôture financière ainsi que l’inauguration des travaux devront pouvoir avoir lieu d’ici à la fin de 2021.

Les études de préfaisabilité sur les projets ont été entamées. Parallèlement aux négociations avec des sociétés minières. Tembo Power Ltd développe des projets de production et de transmission d’énergie en Afrique subsaharienne. Elle met l’accent sur la petite énergie hydroélectrique pour fournir de l’électricité à bas prix et de qualité requise. La société a lancé ses activités en Afrique de l’Est en 2010, avant s’étendre à l’Afrique centrale cinq ans plus tard, avec notamment des projets en RDC et au Burundi. Elle se déploie au Gabon, au Cameroun, en République du Congo et en Tanzanie. Pour la RDC, c’est John Nsana Kanyoni qui est chargé de l’exploitation.