Kinshasa : des microfinances à domicile

Depuis un temps, quelques structures des microcrédits gagnent facilement du terrain. Des femmes des ménages, vendeurs et autres tenanciers des petits commerces n’hésitent plus à y souscrire, notamment à cause de leur proximité. 

Des foyers sont de plus en plus sollicités par les micrfinances. (Photo BEF)
Des foyers sont de plus en plus sollicités par les micrfinances. (Photo BEF)

D’après un rapport de la Banque centrale du Congo publié en 2012, le secteur financier congolais a connu une évolution positive, ces dernières années, attestée par l’augmentation du volume de l’épargne collectée et l’accroissement des crédits consentis aux ménages. Cette évolution s’observe également par le nombre croissant de congolais qui accèdent aux microfinances. Certaines de ces structures ont adopté la stratégie de la proximité pour attirer le maximum de kinois vers leurs institutions.

Dans la commune de Ngaliema, des habitants adhèrent à des structures de microfinance, sans se déplacer. « Je me suis fait enregistrer ici, à mon lieu de travail, par la Coopérative centrale des mutuelles d’épargne et de crédit du Congo (MECRECO-COOCEC). Cette organisation fait passer, chaque jour, des agents là où je vends pour collecter mon argent d’épargne. Ils enregistrent chaque montant qu’ils perçoivent, sans trop de tracasserie », a déclaré une vendeuse des épices dans un petit marché à quelques mètres du cimetière de Kintambo. Pour elle, l’avantage est simple : gagner en temps et en énergie. « Cette façon d’épargner nous facilite la tâche. Même si je n’avais pas le courage d’aller vers eux, j’ai la certitude qu’ils viendront vers moi. Et, j’en profite pour gagner du temps et m’occuper à autre chose que d’aller faire la queue à leur direction générale », a-t-elle ajouté. Ce système est de plus en plus apprécié par bon nombre de petits commerçants. Ils souscrivent, en plus, au prorata de leur revenu. « Je verse cinq mille francs chaque jour. J’ai aussi une carte de deux mille francs. Au bout d’un temps, je peux bien m’en servir, surtout pour la rentrée scolaire qui s’approche à grand pas », indique Felly Senga, tenancier d’une boutique.

Pour d’autres, au-delà de cette stratégie de proximité, il y a également d’autres avantages que les banques n’offrent pas. « J’ai un compte sans payer un quelconque frais d’ouverture, aucun frais de tenue de compte ou encore moins une commission sur le dépôt ni sur le retrait de mon argent », argumente un électronicien, Paul Nzuzi.

De leur côté, ces agents mobiles de collecte affirment ne pas être trop exigeants à l’égard de leurs clients. « Le souci, c’est de leur faciliter la tâche. Nous venons vers eux et s’ils ont un dépôt à effectuer, ils le font. Nous savons aussi qu’il y a des jours où ils ne font pas des bonnes affaires. Donc, ils ne contribuent pas aussi », explique un agent de la Mecreco.

De porte-à-porte 

Il n’y a pas que des commerçants qui sont visés par cette collecte. Des ménages aussi. Ces agents font de porte-à-porte pour récupérer le dépôt « journalier » de leurs affiliés. Les résultats semblent être appréciés par certaines femmes : « Ces agents passent chez moi aux environs de 12 heures. Je contribue chaque jour à hauteur de mille francs pour ne pas déranger le programme de mon foyer. Cela paraît d’emblée faible, mais plusieurs appareils électroménagers ont été achetés par cette épargne. Elle m’aide beaucoup », témoigne Mimie Katunge, mère de sept enfants.

A en croire certains agents, ces stratégies sont montées pour décomplexer certaines personnes qui estiment que placer l’argent dans une banque ou une coopérative d’épargne reste l’apanage des personnes d’un certain rang social. Le souci est, selon eux, de contribuer à l’amélioration des conditions sociales et économiques des populations, en leur fournissant, de manière pérenne, les services financiers.