La Banque centrale maintient les dispositifs de sa politique en l’état

La radioscopie des évolutions et des facteurs internes et externes à même d’affecter négativement la stabilité du cadre macroéconomique, au cours du premier semestre de l’année, amène le Comité de politique monétaire de la BCC de ne pas bouger le cadre.

LE COMITÉ de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale du Congo (BCC) s’est réuni pour la sixième fois, le mercredi 24 juillet, sous la direction de Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le Gouv’ de la BCC. Après avoir passé en revue les principaux indicateurs du cadre de la politique monétaire, le CPM a décidé de leur maintien. Ainsi donc, le taux directeur de la BCC demeure à 9,0 %. Les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à termes sont maintenus, respectivement à 13,0 % et 12,0 %, tout comme les coefficients sur les dépôts en monnaie nationale à vue et à termes qui restent inchangés à 2,0 % et 0 %. Le Bon BCC, quant à lui, continuera à être utilisé pour réguler la liquidité. 

Radioscopie

La revue de la conjoncture économique et financière récente sur les plans extérieur et intérieur ainsi que des facteurs de risque susceptibles d’influer négativement sur les perspectives à court terme en matière de stabilité des prix, débouche sur le constat ci-après. Sur le plan extérieur, au cours des six premiers mois de l’année, fait remarquer le CPM, les développements économiques demeurent marqués par le ralentissement du rythme de l’expansion mondiale, suite à l’accumulation de plusieurs risques à court terme susceptibles de perturber fortement l’activité économique et de peser sur les perspectives de développement à plus long terme. 

Cette évolution, note-t-il, fait suite à l’émergence des facteurs tant géopolitiques (le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, le Brexit, les tensions entre Bruxelles et Rome et les tensions dans le Golfe Persique) qu’économiques (la quasi-récession industrielle mondiale, le ralentissement des créations nettes d’emplois aux États-Unis, l’inversion de la pente de la courbe des taux américains) qui ont touché les économies avancées et émergentes.

En effet, constate le CPM, se fondant sur les récentes estimations de la Banque mondiale, le rythme de croissance aux États-Unis devrait fléchir à 2,5 % en 2019, puis se replier à 1,7 % en 2020. Dans la zone euro, les perspectives tablent sur un rythme de 1,4 % environ pour la période 2020-21. Dans les marchés émergents et les économies en développement, la croissance devrait retomber à 4 % en 2019, son niveau le plus bas depuis quatre ans, avant de se redresser à 4,6 % en 2020. Dans ce contexte, le CPM note un repli global des cours mondiaux des principales matières premières, notamment celles exportées par l’économie congolaise et un fléchissement global des cours du cuivre, du pétrole ainsi que de l’or d’un mois à l’autre.

Sur le plan intérieur, les dernières estimations effectuées sur base des réalisations à fin mars tablent sur un taux de croissance de 5,6 % en 2019, contre une réalisation de 5,8 % en 2018, en raison du ralentissement des activités dans les industries extractives. Ce ralentissement de l’activité économique, fortement corrélée à l’évolution des cours mondiaux de matières premières, est confirmé par le solde brut d’opinions des chefs d’entreprises, qui a fléchi à +6,1 % en mai, contre +10,4 % un mois auparavant, alors qu’il était de +19,2 % en mars.

L’inflation

Sur le marché des biens et services, le mois de juin a été marqué par le ralentissement du rythme de formation des prix par rapport au mois précédent, attesté par un taux d’inflation de 0,349 %, contre 0,380 % réalisé en mai 2019. En cumul annuel, l’inflation s’est établie à 2,096 %, contre 5,206 % à la période correspondante de 2018 et en glissement annuel, elle est ressortie 4,058 %. Toutes choses restant égales par ailleurs, l’inflation se situerait à 4,236 % à fin décembre 2019 face à un objectif d’inflation de moyen terme de 7,0 %.

À la troisième semaine du mois de juillet, l’inflation, mesurée par la variation de l’indice des prix à la consommation, s’est établie à 0,027 %, contre 0,075 % une semaine plus tôt. Sur le plan des finances publiques, le mois de juillet devrait conduire à l’ancrage budgétaire, vue la nécessité de reconstituer les marges. Par ailleurs, le lissage du solde budgétaire contribuera au maintien de la stabilité du cadre macroéconomique.

Sur le marché des changes, une stabilité relative a été notée sur les deux segments de ce marché. En effet, le taux de change a oscillé autour de 1 645,40 CDF le dollar à l’interbancaire et de 1 672,67 CDF au parallèle, enregistrant des dépréciations mensuelles respectives de 0,21 % et de 0,34 %. Au 19 juillet courant, le taux de change s’est fixé à 1 648,91 CDF et 1 674,67 CDF le dollar à l’indicatif et au parallèle, soit des taux de déprécation respectifs de 0,18 % et 0,12 % par rapport à fin juin. 

En rythme annuel, rapporte le CPM, la monnaie nationale s’est dépréciée de 0,81 % à l’indicatif alors que sur le marché parallèle, il s’est observé une légère appréciation de 0,02 %. Quant à l’exécution du budget en devises, au 28 juin 2019, elle s’est clôturée par un déficit mensuel de 26,81 millions de dollars, contre un excédent prévisionnel de 64,61 millions, ramenant les réserves de change à 1 033,58 millions de dollars, soit un niveau correspondant à 4,0 semaines d’importations de biens et services sur ressources propres. 

Au niveau du secteur monétaire, il a été observé une progression mensuelle de la base monétaire de 59,1 milliards de CDF d’un mois à l’autre, la situant à 2 914,8 milliards à fin juin. Cette augmentation de la monnaie centrale s’explique par l’augmentation des avoirs intérieurs nets de 59,0 milliards tandis que les avoirs extérieurs nets ont baissé de 23,00 milliards de CDF. Au 18 juillet 2019, le bilan monétaire de la BCC renseigne une progression hebdomadaire de la base monétaire de 44,6 milliards de CDF, la situant à 2 939,9 milliards. Cette tendance est expliquée principalement par la hausse des avoirs extérieurs nets de 46,2 milliards de CDF, tandis que les avoirs intérieurs nets se sont légèrement contractés de 1,5 milliard. Quant au Bon BCC, son encours global au 17 juillet 2019 est demeuré à son niveau de la semaine précédente, soit 51,5 milliards CDF. Comparativement à fin décembre 2018, il se dégage une ponction annuelle de 9,0 milliards.