L’Angola veut privatiser plusieurs entreprises publiques

Depuis qu’il a été élu président de l’Angola, Joao Lourenço veut imprimer sa marque en s’affranchissant de la gouvernance de son prédécesseur Edouardo Dos Santos. La mesure vise à réduire l’intervention de l’État dans l’économie qui est encore fortement centralisée.

 

Pays partageant une frontière avec la République démocratique du Congo, l’Angola se donne un nouveau visage économique sous l’impulsion de son nouveau président, Joao Lourenço. Tenez : le gouvernement angolais va privatiser 74 de ses entreprises publiques, d’ici les prochaines années. C’est ce qu’a indiqué le gouvernement, dans une note d’informations envoyée aux investisseurs dans le cadre de son opération d’émission d’obligations. Selon le document, ce plan vise à long terme, à réduire les interventions de l’État dans une économie fortement centralisée. 

Ainsi, le gouvernement prévoit de vendre la totalité de ses actions dans les 74 sociétés qui feront objet du plan de privatisation. Si aucune information officielle n’a été communiqué sur les noms des entreprises ciblées, une source proche du dossier indique néanmoins que les ports du pays, la compagnie aérienne nationale TAAG, la Banque du commerce et de l’industrie (BCI) ainsi que la compagnie d’assurance Ensa devraient figurer sur la liste.

Cette stratégie entre dans le cadre du plan national de développement et de diversification de l’économie, initiée par le gouvernement Joao Lourenço. Cela devrait permettre au gouvernement du deuxième producteur africain de pétrole, de limiter son ingérence dans l’économie au strict nécessaire, surtout dans le domaine industriel, afin de redonner un second souffle à une économie dominée par les influences du système soviétique depuis l’indépendance en 1975. Entre 2013 et 2017, 29 entreprises angolaises avaient déjà été privatisées, générant 23,4 millions de dollars de recettes à l’État angolais, dans le cadre de la loi sur la privatisation adoptée en 1994. 

Le nouveau gouvernement a également indiqué qu’elle souhaitait actualiser cette loi afin que « les privatisations  futures  se  déroulent  dans  le cadre d’un processus clair et concurrentiel ». Au moins 3 milliards de dollars devraient être réunis par l’Angola à travers une émission de titres obligataires dont le processus débute en mai.

Économie en pleine croissance

Après quatre décennies de guerres ayant mis le pays KO, l’économie angolaise a commencé à se reprendre à partir de 2002. Le taux de croissance économique a crû de 9 % en moyenne jusqu’en 2008, année de la crise financière internationale. Mais les prévisions sont demeurées positives pour l’économie angolaise. En 2014, par exemple, l’Angola s’est positionnée comme la 5è puissance économique de l’Afrique, derrière le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie. Devenue membre de plein droit de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), l’Angola a été frappée de plein fouet par l’effondrement des cours du pétrole. 

Les principaux partenaires commerciaux de l’Angola sont les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et l’Inde. La majorité des exportations angolaises sont les produits pétroliers (92 %) et les diamants (7,5 %). Presque tout le pétrole angolais va aux États-Unis, faisant de l’Angola le 8è fournisseur des États-Unis. En 2008, l’Angola est devenue le principal exportateur de pétrole vers la Chine. Les sociétés américaines comptent pour plus de la moitié des investissements en Angola, avec notamment Chevron-Texaco. Les États-Unis exportent vers l’Angola des biens industriels et des services, principalement des équipements pétroliers et miniers, des produits chimiques, des avions, et de la nourriture.

Le deuxième investisseur international est le Portugal, avec 100 000 immigrés, derrière la Chine populaire. L’Angola est également le premier partenaire commercial de la Chine populaire sur le continent africain. Autrefois exploités par les entreprises françaises et américaines, les gisements pétrolifères seraient maintenant majoritairement gérés par les entreprises chinoises. La croissance du pays est presque entièrement portée par la production croissante de pétrole.