Le NEPAD devient l’agence de développement de l’Union africaine

Le Plan de mise en œuvre de l’Agenda 2063 est la vision de long terme de l’Union africaine (UA) et le cadre stratégique pour la transformation socio-économique du continent. En conséquence, le Rapport annuel publié par l’Agence du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) est fondé sur les résultats et présente la contribution de l’agence à l’Agenda 2063. Les résultats de la contribution de l’Agence du NEPAD à l’Agenda 2063 pour l’année 2017 sont présentés aux niveaux continental, régional et national.

À cette fin, le rapport 2017 offre un aperçu des domaines d’impact stratégique de l’agence transformée, à savoir : la création de richesse, la prospérité partagée, les capacités de transformation et l’environnement durable.

Au niveau continental, les résultats de l’agence pour l’année 2017 dans les domaines des technologies et de l’entrepreneuriat incluent l’application du forçage génétique pour l’élimination du paludisme, l’application de la technologie des drones pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, et la promotion de micro-réseaux pour étendre l’accès à l’énergie en Afrique. S’agissant de la durabilité et de la capacité de résilience, des résultats ont été obtenus en matière de contribution à la position unifiée de l’Afrique dans les conventions mondiales sur le changement climatique et de renforcement de la résilience environnementale.

Des réalisations ont été accomplies s’agissant de l’amélioration des services de santé et de nutrition, notamment un projet de traité pour la création de l’Agence africaine des médicaments visant à assurer l’approvisionnement en médicaments sûrs et efficaces sur le continent.

Des résultats en matière de systèmes agricoles et alimentaires transformés comprennent le plan élaboré pour la mise en œuvre des politiques de développement rural en Afrique, ainsi que le Rapport biennal inaugural, qui souligne les progrès réalisés sur les engagements inscrits dans la Déclaration de Malabo.

La fin d’un cycle et le début d’un autre

L’année 2017 marque la fin du cycle du plan stratégique s’étendant de 2014 à 2017. Elle annonce également le plan de développement à moyen terme 2018-2023, aligné sur le Plan de mise en œuvre des dix premières années de l’Agenda 2063. Le rapport annuel arrive aussi au moment où les préparatifs sont en cours pour transformer l’Agence du NEPAD en Agence de développement de l’Union africaine, avec une capacité et une marge d’action élargies. Au Symposium international sur le thème « Quel avenir pour l’Afrique ? », début des années 1980, à Kinshasa, les sommités intellectuelles africaines avaient produit tas de réflexions pertinentes qui placent l’industrialisation du continent au cœur de son devenir. Réunis à Berlin à l’invitation d’Angela Merkel, la chancelière allemande, les chefs d’État des neufs pays africains ont participé les 12-13 juin 2017 à un pré sommet du G20, qui devait, lui, se tenir les 7-8 juillet à Hambourg en Allemagne. Au menu, notamment, les pistes pour accroître l’investissement pour le développement en Afrique et minimiser l’impact des migrations (surtout clandestine) vers l’Europe.

Angela Merkel a voulu saisir l’opportunité de sa présidence du G20 pour renforcer la coopération pour un développement économique durable des États africains. Déjà en mars 2017, lors d’un sommet du G20, les ministres des Finances des principales économies du monde ont convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied le partenariat baptisé « Compact with Africa » ou Pacte avec l’Afrique.

Le plan Merkel

Dans une démarche qui se veut ouverte à « tous les pays africains », ont été également conviés à Berlin, pour les deux jours de conférence, les dirigeants du Ghana, d’Ethiopie, du Niger, d’Egypte ou encore du Mali, de la Guinée et du Sénégal aux côtés des institutions financières internationales censées apporter un « soutien technique » aux États pour leurs réformes. « Nous devons créer au Sud du Sahara les conditions pour que les gens puissent y évoluer, se former et générer de la valeur pour eux et leur famille. », a déclaré la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde. Jusqu’à présent le développement économique de l’Afrique n’a jamais vraiment été à l’agenda des principales économies mondiales. La preuve ? Seule l’Afrique du Sud fait partie du G20.

La démarche de la chancelière allemande ne consiste pas à un plan d’aide avec le cash en main. Il s’agit, avant tout, de constituer « une opportunité d’attirer les investissements, les bénéfices et les emplois ». L’Allemagne estime que le soutien politique du G20 peut permettre de rendre les pays africains plus attrayants pour les financements privés. C’est pourquoi plus d’une centaine d’investisseurs ont été invités à Berlin pour ce pré sommet. Si la question des dizaines de milliers de migrants prenant la direction de l’Europe pour fuir la pauvreté et les conflits n’est pas évoquée en première ligne, elle est cependant centrale pour l’Allemagne, qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile ces dernières années, essentiellement de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. La question est d’autant plus pressante que l’Union européenne (UE) ne semble pas, jusqu’ici, en mesure de stopper l’afflux des migrants, pour beaucoup subsahariens, qui rejoignent les côtes italiennes à partir de la Libye en proie à l’instabilité. Pour Angela Merkel, le point central pour espérer endiguer ces flux est de s’attaquer aux « causes » de la migration en offrant des « perspectives » aux jeunes dans leurs pays. Le développement économique doit suivre le rythme d’une croissance rapide et s’accélérant de la population pour créer un futur convenable aux jeunes et ainsi réduire la pression migratoire, a laissé entendre la chancelière allemande.

Angela Merkel appelle à la fois à « un partenariat économique avec l’Afrique » et à « œuvrer à la paix et la sécurité sur le continent. Pour elle, responsables africains et investisseurs sont censés travailler de concert pour stimuler l’investissement privé dans le cadre de l’initiative du G20. « C’est l’opportunité de mieux identifier les mesures adéquates et surmonter ainsi les obstacles à une croissance économique durable et de créer des flux d’investissements plus importants et plus stables », a souligné le président guinéen, Alpha Condé, également président en exercice de l’Union africaine (UA). En mars, lors d’une rencontre des ministres des Finances du G20 à Baden-Baden en Allemagne, les grands argentiers des principales économies du monde ont convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie.

Du concret, vite !

Le ministère allemand du Développement a déjà annoncé 300 millions d’euros d’aides supplémentaires aux pays notamment soucieux de lutter contre la corruption.  La priorité à l’Afrique voulue par Angela Merkel ne consiste pas à une aide. Il s’agit plutôt de rendre les pays africains plus attirants à l’investissement par le biais du soutien politique des pays du G20 et technique des institutions financières internationales. Le ministère allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a indiqué que « les États africains vont décider eux-mêmes de la façon dont ils veulent travailler ». Mais, pour nombre de dirigeants africains le plan Merkel rappelle le « plan Marshall » mis en place par les Américains pour reconstruire l’Europe au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.

Par ailleurs, pour lutter efficacement contre les flux migratoires ou de déplacements forcés, les pays développés doivent soutenir un développement durable et stimuler les investissements dans les pays d’origine. C’est le point de vue de Paolo Gentiloni, chef du gouvernement italien et actuel président du G7.

En réalité, les jeunes Africains surtout se sentiront mieux en Afrique qu’ailleurs, a assuré le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, mais cela passe par la création massive d’emplois. Pour Friederike Röder de l’ONG One, l’initiative allemande est à saluer mais cela nécessite des actions et…

des investissements considérables, d’autant plus que d’ici à 50 ans, le continent africain comptera plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis. « Pour garantir un partenariat gagnant-gagnant (…), l’investissement privé est crucial mais l’investissement public l’est tout autant », a ajouté Röder, appelant à des contributions concrètes lors du sommet du G20 qui se déroulera début juillet à Hambourg.

La conférence de Berlin a bouclé en fait une série d’initiatives et de programmes internationaux visant la promotion de l’investissement sur le continent africain. Depuis fin 2016, en effet, le ministre allemand des Finances et son collègue de la Coopération évoquent l’importance d’une Afrique qui se développe. Par exemple, au Forum économique du continent de Durban, début mai, le ministre allemand des Finance, Wolfgang Schäuble, a fait la promotion du programme Compact with Africa, pour lequel cinq pays avaient déjà fait part de leur intérêt dès le mois de mars. Aux côtés de la Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda, du Sénégal et de la Tunisie, Berlin a donc convié l’Egypte, le Ghana, la Guinée, le Mali et le Niger. Ce sont des pays qui « s’en sortent bien » et dont on veut encourager les « progrès » en matière de lutte contre la corruption, de bonne gouvernance économique…

En décembre 2016, la chancelière allemande s’est rendue dans plusieurs pays africains dans le cadre de sa nouvelle politique africaine qui vise avant tout à financer le développement des pays africains pour stopper la migration, mais aussi lutter contre le terrorisme. « S’il existe trop de désespoir en Afrique, il y a des gens qui se disent, nous devons aller chercher l’espoir ailleurs. », a déclaré Angela Merkel à l’ouverture de la conférence. « L’accord avec l’Afrique est le synonyme d’une approche complètement nouvelle dans le développement économique », a de son coté estimé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, pour qui les autres pays industrialisés ont également intérêt à en faire de même. À Berlin, il a été plus question d’agriculture, d’énergie et d’infrastructures de base, comme les routes. Reste à savoir quelle part sera réservée au continent dans son ensemble, tant chaque chef d’État veut d’abord mettre en avant les performances et les potentialités économiques de son pays. Ce qui est un handicap.