Le secteur secondaire contribue le moins à la croissance en RDC

L’économie nationale est structurellement caractérisée par une faible création de valeurs ajoutées en raison de l’état embryonnaire de son industrie. Cette situation tient en grande partie au fait que l’outil de production utilisée par les industries manufacturières est vétuste ou désuet.

LE MOINS que l’on puisse dire est que plusieurs contraintes politico-administratives et techniques, à savoir la lourdeur des procédures administratives, les tracasseries fiscales, l’insécurité des investisseurs, etc., pèsent sur la profitabilité des entreprises (un accès limité à certains inputs). Les industries ont une faible capacité à s’adapter aux avancées technologiques et les produits sont confrontés à la concurrence étrangère. Par ailleurs, le nombre d’industries dans le pays est passé de 9 600 en 1970 à 507 en 2017, illustrant sa déchéance. 

Le commerce est l’un des piliers de la croissance en République démocratique du Congo, avec une contribution moyenne de plus de 15 % entre 2012 et 2019. Les exportations comptent pour près de 40 % du Produit intérieur brut (PIB) reflétant la forte dépendance vis-à-vis du commerce extérieur. Cependant, les exportations ne sont pas suffisamment diversifiées et les produits minéraux exportés presqu’à l’état brut constituent la vaste majorité. Le pays importe principalement des produits manufacturés et de la nourriture. Son compte courant est déficitaire. Bien que formellement conforme avec la plupart des dispositions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le régime commercial du pays cache une réalité où les obstacles au commerce persistent encore. 

Barrières non tarifaires

Au niveau intérieur, des barrières non tarifaires et les questions de transparence constituent encore des défis. L’architecture financière de la RDC a connu des améliorations notables durant ces 20 dernières années grâce aux réformes lancées par le gouvernement pour redresser le cadre macroéconomique, améliorer la gouvernance économique et relancer la croissance. Le nombre d’institutions financières [banques commerciales, institutions de microfinance, coopératives, messageries financières…] a sensiblement augmenté.  Le total des actifs du secteur financier qui était de moins de 100 millions de dollars en 2000 a franchi la barre du milliard en 2007 et se situe actuellement à plus de 7 milliards. Toutefois, la RDC reste un pays à faible inclusion financière. Le taux d’accès aux services financiers est le plus faible d’Afrique sub-saharienne. La contribution des banques au PIB est encore faible, entre 1 et 2 %. Compte tenu de son potentiel en termes de création d’emplois et de contribution à la croissance économique, le tourisme est devenu la première industrie des services au monde. En 2012, selon le rapport de la Banque mondiale sur le tourisme en Afrique, le tourisme représentait 4,5 % des investissements mondiaux (652 milliards de dollars) ; 9,1 % du PIB mondial et 1 emploi sur 11. 

L’Afrique subsaharienne a accueilli 37,2 millions de touristes en 2014, contre 6,7 millions en 1990. Toutefois, le secteur du tourisme en RDC est caractérisé par plusieurs déficiences, de nombreux problèmes de gouvernance et une faible prise en charge du secteur aussi bien au niveau de la vision de développement que dans les moyens alloués au secteur. 

Les activités sportives sont essentiellement appréhendées comme des divertissements et font l’objet d’une faible professionnalisation alors que sous d’autres cieux, elles constituent des vecteurs de croissance, de création d’emplois, de développement et rapportent beaucoup au fisc (droits, redevances, taxes et impôts sur les produits et services liés au sport). Le secteur des sports congolais rencontre plusieurs difficultés, notamment : le délabrement et l’insuffisance d’infrastructures adéquates ; les limites liées à la gouvernance sectorielle ; l’étroitesse des crédits budgétaires alloués au secteur ; le faible pouvoir d’achat de la population ne permet pas la promotion des sports.La période 2007-2019 a été globalement celle d’un grand dynamisme de l’activité économique qui a enregistré des taux de croissance records, en dépit des soubresauts ; et généralement sur fond d’inflation moins volatile. Jusqu’en 2008, grâce aux mesures de libéralisation, d’ajustement macroéconomique et de pacification du territoire national, la croissance est restée forte avant de connaître un revers suite aux à-coups de la crise financière internationale de 2008 dont les effets sur l’économie congolaise ont été ressentis en 2009. Elle a reculé de 3,3 points de pourcentage entre 2008 et 2009 et le rythme de formation des prix a bondi à 93 % entre les deux années.

À partir de 2010, à la faveur du programme du gouvernement et d’une bonne conjoncture mondiale, d’importantes avancées ont été réalisées. La croissance s’est accélérée avec un pic de 9,5 % en 2014, l’inflation est restée faible avec 0,8 % comme niveau le plus bas. Entre 2010 et 2015, la volatilité de l’inflation a été vaincue grâce à la baisse notable du crédit net à l’État. 

L’amélioration de la gestion des finances publiques, notamment avec la rationalisation des choix, a permis de financer plusieurs projets : réunification du pays par routes, reconstruction et réhabilitation des infrastructures scolaires, parcs agroindustriels, transports en commun, voiries urbaines, équipement des structures sanitaires, guichet unique de création d’entreprises… qui ont assuré la vigueur de la croissance. En 2016, l’économie congolaise a été en proie à un choc exogène consécutif au ralentissement de la croissance mondiale, couplé à l’aggravation de l’inflation à la suite de la dépréciation monétaire ; et dont les effets ont persisté jusqu’en 2019, en termes de détérioration du pouvoir d’achat et du tassement de la croissance du PIB par tête qui n’a été que 1,2 % en moyenne de 2016 à 2019, contre 4,6 % de 2010 à 2015. À cela s’ajoute le coup du processus électoral qui a pesé négativement sur la gestion budgétaire et sur la poursuite des réformes. En 2016, la croissance a reculé de 4,5 points et l’inflation a augmenté de 1 300 %. Toutefois, l’inflation est restée sous contrôle en 2018-2019, grâce à l’ajustement budgétaire visant à limiter le déficit public et à une politique monétaire prudente.

Croissance faible et localisée

La structure de l’économie est restée quasiment la même de 2007 à 2019. La croissance en RDC est localisée et faiblement diversifiée. Le secteur extractif qui la tire est aussi sa principale source de vulnérabilité à plusieurs titres. Étant destinée au marché extérieur, le secteur est à la merci des aléas du marché mondial. Il est intensif en capital et très peu créateur d’emplois. Une bonne partie des dividendes est rapatriée et n’est pas réinvesti sur place. Les revenus fiscaux du secteur sont contenus à cause des régimes dérogatoires obtenus de l’ancien code minier et du code des investissements. En plus, l’agriculture n’offre que des emplois précaires, peu rémunérés et reste confrontée à une faible productivité et un problème de sous-capacités (PNIA, 2013).

La structure du PIB n’ayant pas changé après les crises de 2009 et 2016-2017, la RDC n’a pas tiré les leçons de la vulnérabilité de son économie et mis en œuvre des politiques adéquates quant à la nécessité d’une plus grande diversification économique en vue d’une croissance plus inclusive, transformatrice et suffisamment créatrice d’emplois stables et bien rémunérés et pourvoyeuse des ressources pour le budget de l’État. Cela, dans un contexte de volatilité des prix mondiaux des principaux produits de base pour lesquels la RDC est exportatrice. 

Du point de vue du développement humain et du bien-être social, les conditions de vie sont restées globalement pénibles pour le Congolais lambda, notamment à cause de la faible redistribution d’une croissance économique localisée et sans profondeur, de la taille de l’informel, de la fragilité de la situation politico-institutionnelle et sécuritaire, et de nombreux chocs enregistrés au plan macroéconomique. 

Selon les résultats de l’enquête 1-2-3 de l’Institut national de la statistique (INS, 2014), 63 % des Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté et 75 % des ménages en activité gagnent mensuellement un revenu inférieur au SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti).