Plan : les perspectives de croissance 2019-2024 sont favorables

Les projections macroéconomiques pour les cinq prochaines années laissent entrevoir une demande intérieure solide ainsi qu’une amélioration des investissements, notamment dans le secteur minier.

JEAN-PIERRE Bokeli Eale est directeur au ministère du Plan. Cet expert de l’État est intervenu au Séminaire d’orientation budgétaire (SOB 2020), avec une communication intitulée « Cadre macroéconomique 2020-2022, base de fixation de la RDC ». D’entrée de jeu, il a fait comprendre que le cadre macroéconomique est un instrument par excellence de gestion de l’économie en ce qu’il permet une meilleure formulation des politiques publiques au regard du potentiel des moyens disponibles susceptibles de mobilisation. 

« Le cadre macroéconomique, a-t-il poursuivi, donne lieu à une meilleure planification, une meilleure programmation, une meilleure budgétisation et un meilleur suivi-évaluation de nos programmes et projets de développement. » D’après lui, le cadrage macroéconomique repose sur un ensemble d’hypothèses macroéconomiques et sectorielles et traduit de manière chiffrée les politiques publiques à court et à moyen termes. 

Pour ce directeur au ministère du Plan, les perspectives de croissance économique à moyen terme de la RDC demeurent favorables. Les projections macroéconomiques  2019-2024 laissent entrevoir une demande intérieure solide ainsi qu’une amélioration des investissements, notamment dans le secteur minier. Et ce, dans un contexte de la bonne tenue des cours des matières premières, en dépit de la guerre commerciale sino-américaine qui pourrait avoir des effets sur les autres pays du monde. Le profil de l’activité économique devrait se consolider autour d’un taux de croissance moyen de 7,4 %, sous l’impulsion des secteurs primaire et tertiaire, dans une moindre mesure du secteur secondaire. Selon les hypothèses formulées par le Comité permanent de cadrage macroéconomique (CPCM), la croissance du PIB réel s’établirait à 5,6 % en 2019. Elle pourrait se situer à 6,3 % en 2020 et atteindre 8,9 % en 2024, dans un contexte d’amélioration des conditions intérieures.

Marché des biens et services

Sur le marché des biens et services, l’inflation en glissement annuelle devrait connaître un ralentissement au cours de la période 2019-2024, en passant de 6,4 % en 2019 à 4,0 % en 2024, face à l’objectif de moyen terme de 7,0 %. Cette décélération du rythme de formation des prix intérieurs serait consécutive à la mise en œuvre des mesures idoines des politiques macroéconomiques, dans un contexte d’amélioration de la collecte des recettes et de rationalisation des dépenses publiques. 

Sur le marché de change, il pourrait s’observer, à court et moyen termes, une faible dépréciation de la monnaie nationale, confortant ainsi la stabilité du cadre macroéconomique. En moyenne annuelle, il est postulé une variation du taux de change de 1,19 % sur la période prévisionnelle. À l’interbancaire, le taux change fin période se situerait à 1 658,46 FC en 2019 et pourrait atteindre 1 755,95 FC le dollar en 2024. Les opérations financières de l’État de 2019 à 2024 pourraient se clôturer par des légers déficits. En moyenne annuelle, le déficit se situerait autour 0,12 %  du PIB. Sur la période prévisionnelle, les recettes pourraient en moyenne se chiffrer à 15 389 milliards de FC, contre une expansion des dépenses de 17116 milliards de FC, suite principalement à l’accroissement significatif des dépenses en capital pour soutenir durablement la croissance économique. 

Mais pour ce faire, explique ce directeur au ministère du Plan, il va falloir à la RDC d’améliorer le climat des affaires pour attirer les investissements directs étrangers (IDE) et accroître l’investissement local, de renforcer la discipline dans la gestion des finances publiques afin de dégager de marges de trésorerie nécessaires au financement de l’économie, de mobiliser davantage de ressources internes grâce notamment à la mise en vigueur du code minier révisé et celui des hydrocarbures. L’État devra également procéder à l’implémentation d’une chaîne informatisée de la recette publique et mettre en place un marché des titres domestiques. Autres recommandations de l’expert : la RDC doit améliorer le compte courant de la balance des paiements, grâce à l’accroissement des exportations et la baisse du volume des biens alimentaires importés. Le pays de Félix-Antoine Tshisekedi doit aussi augmenter l’offre de devises par le renforcement du suivi des positions de change des banques pour les amener à vendre les devises étrangères en cas de position créditrice. 

Le gouvernement doit inciter les minings et les pétroliers à rapatrier une  quotité des recettes en devises dont 40 % des recettes réalisées pour les miniers. Bokeli Eale conseille notamment à l’État de mettre en œuvre le Plan stratégique du développement du secteur minier pour accroître la productivité des entreprises minières et de relancer la production agricole à travers le Plan national d’investissement agricole (PNIA). L’embellie des finances publiques par ricochet de celle des finances publiques, et donc de l’économie nationale passe également par la finalisation des projets d’investissement public (aéroport de N’Djili, port en eau profonde de Banana, barrages et micros-centrales) ou encore le développement de la fibre optique au niveau régional en RDC. En définitive, conclut ce directeur au ministère du Plan, la bonne coordination des politiques budgétaire et monétaire contribuerait au maintien de la stabilité du cadre macroéconomique, soutenu par des politiques structurelles visant à consolider la croissance économique à court et à moyen termes.