RDC: les présidents des Grands Lacs exigent des négociations sous trois jours

ISAAC KASAMANI [AFP]

ISAAC KASAMANI [AFP] - Le Président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila pendant la Conférence Internationale sur la région de Great Lakes le 5 septembre 2013, à Kampala
ISAAC KASAMANI [AFP] – Le Président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila pendant la Conférence Internationale sur la région de Great Lakes le 5 septembre 2013, à Kampala
KAMPALA, (AFP) – Les chefs d’Etat des Grands Lacs ont exigé jeudi, à l’issue d’un sommet à Kampala, que la rébellion congolaise du M23 cesse “toute activité militaire” et que ses négociations avec Kinshasa reprennent “dans les trois jours”.

Ces négociations, suspendues depuis mai, devront être “conclues dans une période maximum de 14 jours”, selon le communiqué final du sommet, adopté par les 11 chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) ou leurs représentants.

Durant ces 14 jours, “les forces belligérantes sur le terrain sont exhortées à exercer le maximum de retenue pour que les pourparlers soient rapidement conclues”, selon le texte.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) “devra mettre un terme à toute activité militaire et cesser la guerre et les menaces de renverser le gouvernement légal de République démocratique du Congo” (RDC), ont décidé les chefs d’Etat.

Le président du M23, Bertrand Bisimwa, joint depuis Kinshasa, a assuré que le mouvement rebelle était prêt à reprendre les discussions. “Notre délégation est déjà sur place à Kampala. Elle est prête à négocier avec Kinshasa immédiatement”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Le sommet de la CIRGL invite également la nouvelle “Brigade d’intervention (de l’ONU) à excercer sans relâche une pression sur le M23 et toutes les autres +forces négatives+”, terme qui désigne les groupes armés qui pullulent dans l’est de la RDC, notamment la rébellion rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Cette nouvelle brigade, récemment déployée avec pour mandat d’éradiquer les groupes rebelles actifs dans l’est instable de la RDC, a épaulé l’armée congolaise fin août dans son offensive pour déloger le M23 des abords de Goma.

L’opération a repoussé les rebelles à une trentaine de kilomètres de la capitale de la province minière du Nord-Kivu, dont ils s’étaient emparés une dizaine de jours fin novembre 2012.

Le M23 s’était retiré de Goma en échange de négociations avec Kinshasa. Ouvertes en décembre à Kampala, elles ont été suspendues cinq mois plus tard, sans avancée notable.

 

Rencontre de MM. Kabila et Kagamé

 

C’est la septième fois depuis juillet 2012 que les chefs d’Etat de la CIRGL – Angola, Burundi, Centrafrique, Congo, RDC, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Zambie – se réunissent pour tenter de trouver une solution à la crise persistante dans l’est de la RDC, sans succès notable jusqu’ici.

Le sommet proprement dit ne s’est ouvert qu’en toute fin d’après-midi, la journée ayant été essentiellement marquée par des rencontres séparées entre chefs d’Etat.

Le porte-parole du ministère ougandais des Affaires étrangères, Elly Kamahungye, a assuré que le président de RDC Joseph Kabila s’était entretenu avec son homologue rwandais Paul Kagame. Il n’a cependant pas indiqué s’il s’agissait d’un entretien en tête à tête ou en présence d’un médiateur ou de délégations.

Mais Kinshasa a ensuite tenu à préciser que MM. Kabila et Kagame s’étaient “rencontrés avec tous les chefs d’Etat” et de gouvernement présents à la Conférence. “Cette rencontre n’a pas eu lieu en aparté”, a insisté auprès de l’AFP le directeur de la presse présidentielle de la RDC, André Ngwej Katot.

La RDC et l’ONU accusent le Rwanda, qui dément fermement, de soutenir militairement M23, rébellion qui affronte depuis mai 2012 l’armée congolaise dans la province minière du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda. L’implication au côté du M23 de l’Ouganda, qui a également démenti, a aussi été pointée du doigt par l’ONU dans le passé.

Le président rwandais s’est parallèlement entretenu avec son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, dont le pays est aux commandes de la Brigade d’intervention onusienne. Les deux chefs d’Etat “se sont entretenus en tête à tête pendant un peu plus d’une heure”, selon la présidence tanzanienne.

MM. Kagame et Kikwete ont récemment échangé des propos très agressifs et des menaces à peine voilées, après que le président tanzanien a conseillé au Rwanda de négocier avec les FDLR. Un affront pour Kigali qui exclut tout dialogue avec ce mouvement, le considérant comme formé d’anciens miliciens responsables du génocide de 1994 au Rwanda.

Le président Yoweri Museveni, hôte du sommet organisé au complexe hôtelier de Munyonyo, dans les faubourgs de Kampala, au bord du lac Victoria, a également rencontré plusieurs présidents séparément.

Etaient également présentes à Kampala, l’envoyée spéciale de l’ONU dans les Grands-Lacs Mary Robinson et la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zuma.

Mme Robinson est chargée d’accompagner la mise en oeuvre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, signé fin février par 11 pays africains, dont le Rwanda et l’Ouganda. Les signataires s’engagent notamment à ne pas soutenir de groupes armés dans l’est de la RDC, région riche en ressources naturelles qui suscitent les convoitises.