Sécurité, chômage des jeunes, genre et climat au menu des discussions

Que faut-il enfin retenir du 3è Forum africain pour la résilience organisé par la BAD à Abidjan sur le thème : « Fragilité, migration et résilience » ? Ce rendez-vous qui a réuni 300 personnes au siège de l’institution financière africaine, a été l’occasion de débattre des défis posés par la migration.

AU MOINS 300 délégués venus de partout ont pris part aux travaux du 3è Forum pour la résilience (FAR) organisé à Abidjan du 4 au 6 mars par la Banque africaine de développement (BAD). Parmi les participants, des 1ER Ministres, des membres du gouvernement, des représentants d’organisations internationales, des figures de la société civile ainsi que des universitaires et des hommes d’affaires. Le FAR est organisé avec le soutien de l’agence Suisse pour le développement et la coopération (SDC). La 3è édition a permis d’examiner les opportunités qu’offre la migration en tant que vecteur de développement, source de partage de valeurs sociales entre les pays de départ, de transit et de destination.

Une plénière spécifiquement dédiée aux « solutions innovantes dans le domaine de la migration », y compris financières, a mis en évidence comment la pauvreté et l’absence de perspectives d’emplois deviennent des puissants vecteurs de migration et d’instabilité. Le triptyque « Migration-Sécurité-Développement » a été au cœur des débats d’une autre session plénière au cours de laquelle les participants ont passé en revue le trafic illicite de migrants, l’impact des resserrements des contrôles aux frontières, afin de battre en brèche certaines idées reçues sur la migration.

Les mouvements migratoires à l’intérieur du continent africains ont été également évoqués lors d’une session parallèle intitulée « défis et politiques de la migration intra-africaine », tandis qu’un autre atelier parallèle a porté sur « changement climatique, migration et renforcement de la résilience ». En 2016, les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) indiquaient que plus de 21,3 millions de personnes ont été contraintes de quitter leurs lieux de résidence.

Selon Sibry Tabsoba, le directeur du bureau de coordination des États en transition de la BAD, le thème de cette année éclaire sur les objectifs du forum et certains faits en matière de migration interne et externe à l’Afrique. « Je peux attester que la migration enrichit nos vies en même temps qu’elle nous permet d’apprendre et de contribuer », a-t-il déclaré. Charles Boamah, le vice-président principal de la BAD, a ouvert lundi 4 mars la conférence en insistant sur les dividendes que pourrait apporter une migration sûre et maitrisée aux pays de départ, de transit et de destination.

« Le thème de cette année, fragilité, migration et résilience ne pourrait être plus pertinent, car nous allons nous concentrer sur plusieurs questions, notamment la corrélation entre migration-humanitaire-sécurité, la jeunesse et la création d’emplois, migration et genre, le changement climatique et l’impact sur l’environnement », a-t-il détaillé. Les débats ont commencé par une session d’échanges de haut niveau sur les questions migratoires, avant de se poursuivre dans six sessions plénières et huit ateliers parallèles.

Ensemble, décideurs politiques, représentants d’organisations internationales, chercheurs, figures de la société civile ainsi que des hommes d’affaires ont examiné les enjeux des mouvements migratoires en lien avec la fragilité et la résilience.

En 2017, les Africains représentaient 10 % des 258 millions de personnes qui ont migré dans le monde alors que la migration intra-africaine se situe autour de 80 %.

« Comprendre la migration est donc important pour la Banque africaine de développement, car ce travail fournit des options pour soutenir des programmes qui réduiront les flux tout en augmentant les rendements. Alors que l’essentiel du discours sur la migration africaine est centré sur la Méditerranée, il est important de souligner que la migration intra-africaine générale représente 70 %. Ce pourcentage grimpe à 80 % pour l’Afrique subsaharienne », a martelé Charles Boamah. 

Outre le choix de la migration comme thème de la troisième édition, la Banque africaine de développement travaille étroitement sur cette thématique avec l’Union africaine, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la société civile africaine et les milieux d’affaires du continent. Akinwumi Adesina, le président de la BAD, a siégé dans le Panel de haut niveau sur la migration présidé par Sirleaf, l’ancienne présidente du Liberia, aux côtés de 15 autres personnalités parmi lesquelles, Vera Songwe, la secrétaire générale de la CEA, et Aminata Touré, l’ancien 1ER Ministre du Sénégal.

En 2011, la Banque a fourni une assistance conséquente aux réfugiés libyens en Tunisie. Elle a également étendu en 2015 son aide aux réfugiés de Djibouti tout en poursuivant des projets identiques au Burundi, au Mali, au Nigeria, au Sénégal et au Zimbabwe. Elle a lancé en outre le programme « Des emplois pour les jeunes en Afrique » qui vise à offrir des opportunités d’emplois, notamment dans le secteur agricole, à la jeunesse africaine et à lui éviter de céder aux sirènes de la migration à tout prix. La troisième édition du FAR a proposé des actions concrètes pour relever les défis posés par la migration et renforcer la résilience, notamment dans les 21 pays africains dits en situation de fragilité.