Wall-Street a signé sa pire semaine depuis fin juin

Alors que le début de la semaine dernière a été propice à de nouveaux records outre-Atlantique, grâce à l’amélioration de l’activité en Chine et aux États-Unis, la tendance s’est brusquement inversée le jeudi 3 septembre.

LES OPÉRATEURS ont procédé à de lourds dégagements sur le compartiment des technologiques américaines. Wall-Street a signé ainsi sa pire semaine depuis fin juin, malgré un rapport mensuel sur l’emploi meilleur que prévu. Indices : en Asie, le Nikkei a gagné 1.4 % tandis que le Hang Seng a perdu 2.8 % et le Shanghai Composite 1.4 %. Sur le plan continental, les indices ont évolué en dents de scie. Le CAC40 a cédé 1 %, le Dax 1.8 % et le Footsie a reculé de 2.7 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, le rouge domine. Le Portugal a perdu 2.1 %, l’Italie 2.4 %, tout comme l’Espagne. Une fois n’est pas coutume, c’est le Nasdaq100 qui a signé la plus mauvaise performance hebdomadaire (-5.5 %), préservant néanmoins sa tendance de fond. Le S&P500 a perdu 3.9 % et le Dow Jones 3 %.

Matières premières : la volatilité est montée enfin d’un cran sur les marchés pétroliers, qui ont terminé la semaine dernière en baisse modérée. Si la production américaine continue de ralentir, notamment en raison des perturbations engendrées par le passage de l’ouragan Laura, les investisseurs se sont davantage intéressés à l’état de la demande, incertaine compte tenu de la résurgence des cas de contamination au coronavirus. Le Brent s’est négocié à 43 dollars, contre 40 dollars pour le WTI.

Le raffermissement du billet vert pèse sur le compartiment des métaux précieux. L’once d’or s’est éloignée ainsi de la barre des 2 000 dollars pour se négocier autour de 1 935 dollars. L’argent n’échappe pas à cette dynamique baissière et s’est échangé à 26.5 dollars. La bonne tenue des statistiques économiques chinoises revigore les cours des métaux de base. Le prix du nickel a ainsi dépassé son niveau de début d’année et retrace sa chute de l’année dernière à 15 100 dollars la tonne métrique. En revanche, la hausse des cours du cuivre tend à s’essouffler puisque ce dernier revient à proximité des 6 600 dollars.

Marché actions

Le slogan de la société M3 (Changer le monde de la médecine grâce à Internet) demeure évocateur sur ses ambitions. Cette société propose, en effet, un ensemble des services en ligne dans le domaine médical comme la possibilité de rechercher de l’information, d’échanger des opinions entre praticiens, des services de marketing et d’enquêtes. Avec Sony Corp comme principal actionnaire à hauteur de 34 %, M3 a la particularité d’être, à ce jour, le leader des variations du Nikkei 225, avec une performance symbolique de +100 % sur l’année. L’action surperforme donc de loin son indice de référence, qui se situe tout juste à l’équilibre.

Valorisé à plus de 36 milliards de dollars à la Bourse de Tokyo, le titre se paye 153x ses bénéfices en 2021, soit plus du double de son PER historique à 64.4x. Néanmoins, son chiffre d’affaires a connu une croissance annuelle moyenne de 27.3 % entre 2010 et 2019. La société a profité dernièrement de l’engouement pour les valeurs techno/santé et de la croissance de la téléconsultation.

Marché obligataire : les marchés obligataires des deux côtés de l’Atlantique ont réussi à récupérer une partie des pertes de prix qu’ils avaient subies à la suite du discours de Jerome Powell, le patron de la Fed, à Jackson Hole, sans qu’il y ait un véritable feu d’artifice.

En Europe, les rendements ont chuté de manière harmonisée, les spreads évoluant donc peu. Le Bund allemand retrouve un rendement proche des -0.49 %, celui de l’OAT française s’enfonce également dans le négatif à -0.19 %. L’Italie profite de ce mouvement et voit le taux de sa dette reculer sous le 1 %, tout comme l’Espagne, avec une référence à 0.32 %.

L’activité hebdomadaire sur les marchés des obligations d’État a été clairement marquée par les émissions par l’Allemagne, qui a placé un titre Green Bund à dix ans, ce qui a permis de constituer un carnet d’ordres d’environ 33 milliards d’euros. Toujours en Europe, le taux à dix ans suisse retombe à -0.51 % alors que la dette grecque ne rémunère plus que 1.1 %. Du côté des États-Unis, le rendement du Tbond duplique la même trajectoire, avec un retour à 0.64 %.

Marché des changes

La parité majeure a dominé les échanges la semaine dernière sur le marché des devises. En effet, les cambistes ont poussé, dans un premier temps, la monnaie unique sur les niveaux symboliques de 1.20 dollars, un plus haut de juin 2018. Cette embellie trouvait sa source dans l’annonce de la Fed de maintenir ses taux bas et dans une prévision de croissance allemande moins pessimiste. 

Néanmoins le mur de 1.20 a servi de blocage, générant un repli marqué de l’EUR/USD sur 1.18 dollar aidé par la Banque centrale européenne (BCE), traditionnellement à l’écart des commentaires sur l’euro, qui juge l’appréciation de la monnaie unique trop rapide. 

La volatilité sur les devises refuges s’intensifie également. La correction récente des actifs risqués entraîne des reports de position sur le yen et le franc suisse après une phase où les opérateurs privilégiaient davantage les monnaies à bêta élevé. Le billet vert s’échange au-delà des 106 JPY contre la devise nippone et se stabilise face à la monnaie helvétique à 0.91 CHF. En parallèle, la livre s’est appréciée, avec l’appui de la BoE qui entend soutenir l’économie britannique grâce à ses multiples outils monétaires. La devise anglaise est la grande bénéficiaire de la semaine dernière, confirmant son redressement face au dollar (1.3410), sa plus haute valorisation en 2020. Contre le franc suisse, la livre remonte à 1.2080 et à 0.89 contre l’euro, son meilleur niveau en trois mois.

Statistiques économiques : les publications macroéconomiques chinoises ont rassuré la semaine dernière, avec des indices PMI Caixin qui confirment l’accélération de l’activité. L’indice manufacturier revient sur un niveau inédit depuis début 2011, à 53.1, tandis que l’indice PMI services se maintient à 54. En zone euro, ces mêmes indices sont ressortis respectivement à 51.7 et 50.5, confirmant le redressement de l’activité. L’indice CPI a reculé de 0.2 % (consensus +0.2 %) tandis que l’indice PPI était meilleur que prévu à +0.6 %. Les ventes au détail ont par ailleurs déçu, reculant de 1.3 % alors que le marché anticipait +1.3 %. Le taux de chômage diminue légèrement à 7.9 %.

Pour l’Allemagne, les statistiques ont globalement raté le consensus : indice PMI manufacturier à 52.2, ventes au détail en baisse de 0.9 % et commandes industrielles à +2.8 % (+5.1 % attendu). Outre-Atlantique, les données étaient elles aussi contrastées. Hormis l’ISM manufacturier (56), les inscriptions hebdomadaires au chômage (881K) et les stocks pétroliers (-9.4M), toutes les autres statistiques ont déçu. Les dépenses de construction progressent de seulement 0.1 %, la balance commerciale se creuse à -63.6B et l’ISM services ressort à 56.9, contre 58 le mois dernier. 

Le point d’orgue de la semaine dernière aura été le rapport mensuel sur l’emploi. Le taux de chômage retombe à 8.4 % (consensus 9.8 % et 10.2 % le mois dernier), avec 1371K créations d’emplois et un salaire horaire qui progresse de 0.4 %. L’enquête ADP avait par ailleurs fait état de seulement 428K créations d’emplois dans le secteur privé le mercredi 2 septembre (consensus 1250K). Les séances chahutées sur New York prouvent que les investisseurs peuvent à tout moment changer de cap et prendre des bénéfices après le rallye historique des valeurs technologiques. La complexité se vérifie sur tous les fronts.