Si la baisse des cours des matières premières continue sur les marchés mondiaux, le risque de récession n’est pas à écarter. Cette dernière pourrait même intensifier les luttes intestines dans certains pays. D’après, l’économiste Anicet Kiyika, la chute récente des prix du pétrole et d’autres matières premières rend à peu près certain le fait que des pays gros exportateurs et instables, comme la République démocratique du Congo, vont connaître une crise dans les mois à venir. La question est dans quels pays est-elle susceptible de se manifester en premier ? Anicet Kiyika, professeur d’économie, pense qu’il y a de fortes chances que la prochaine crise ait lieu en Afrique. « Le prix élevé du pétrole et d’autres matières premières de premier plan, ces dernières années, faisait office de couverture de protection sur les tensions accrues au sein des principales nations exportatrices de ces matières premières. Aujourd’hui, avec la chute brutale des revenus générés par les exportations, les luttes intestines pourront s’intensifier autour d’un gâteau dont la taille se réduit comme peau de chagrin », croit-t-il.
Les pays membres de l’Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP) ne parviennent pas à majorer le prix du baril qui se situe actuellement autour de 44 dollars, alors qu’il avait grimpé jusqu’à près de 150 dollars. Anicet Kiyika note que les prix sont encore exposés à la baisse, en raison de la faiblesse actuelle de la consommation. Le pétrole avait profité d’un affaiblissement du dollar, renforçant le pouvoir d’achat des investisseurs pour les matières premières vendues en cette devise. Le prix du pétrole, comme des autres marchandises, est fixé à la marge, c’est-à-dire le prix de tout le pétrole demandé sur le marché est égal au prix que les producteurs peuvent obtenir sur le dernier baril de pétrole qu’ils vendent.
La flambée du prix du brut et d’autres matières premières produit souvent une manne pour les pays producteurs, notamment en Afrique. La plupart dépensent chaque dollar qu’ils reçoivent. C’est notamment le cas du Congo dont l’instabilité depuis plusieurs années est le fait de la guerre civile (1996-1997 et 1998-2003) et des luttes de plusieurs dizaines de groupes rebelles régionaux ou locaux. L’extraction minière (légale et illégale) représente une part substantielle des revenus du Congo. Alors que ces revenus tendent à diminuer à cause de la baisse des prix mondiaux des matières premières, les incitations à voler la part des autres vont aller croissant, fait remarquer Anicet Kiyika. « Étant donné la détresse économique et les diverses haines tribales et ethniques, il y a un danger réel, voire immédiat, d’une escalade de la violence au-delà des frontières, dans une guerre régionale qui pourrait entraîner de nombreuses pertes en vies humaines », redoute-t-il. Presque tous les indicateurs sont en repli, remettant en cause la résilience à long terme de l’économie nationale.
C’est dire que l’économie congolaise ressent douloureusement le choc de la crise financière internationale. D’où la nécessité de mobiliser davantage les recettes nationales et de diversifier l’économie et les exportations. La monnaie nationale tient encore le coup, mais pour combien de temps encore ? Actuellement, le taux de change est resté stable, variant entre 930 francs/dollar et 924,5 francs/dollar. La dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar a des effets sur le pouvoir d’achat des populations. Les prix sur le marché décrivent une légère courbe ascendante. Les perturbations dans la fourniture d’électricité et d’eau contribuent à la hausse des prix intérieurs.
La mauvaise nouvelle vient du côté des projections de croissance avec des secteurs en repli. Au départ, le gouvernement avait tablé sur un taux de croissance de 11% avec des bons points pour l’agriculture.
D’autres secteurs devraient également connaître une sensible augmentation de leur contribution au produit intérieur brut (PIB) national. En tête, le bâtiment et les travaux publics (BTP), le commerce de gros et de détail, les transports et la communication, ainsi que les industries extractives.
À la suite de la baisse des cours des principaux minerais et d’autres matières premières, les projections de croissance sont revues à la baisse, même si le gouvernement indique que le taux restera supérieur à celui de 8% réalisé en 2008.