L’approvisionnement des ménages en denrées alimentaires saines est l’un des défis qu’entend relever le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage. Dans la capitale, l’abattoir public de Masina est l’un des établissements qui contribuent au contrôle d’hygiène des bêtes en vue de la livraison d’une viande saine aux ménages.
Créé sous le régime colonial, en 1954, il fut inauguré en 1964. Avant sa mise en service, les bêtes étaient abattues à la tuerie de la Funa, rappelle le docteur Antoinette Lukula, médecin vétérinaire et directrice de cet établissement. « Une législation adaptée aux enseignements scientifiques exige de contrôler la qualité des denrées alimentaires en vue de protéger les consommateurs contre les risques de maladies », déclare-t-elle. Pour cette raison, poursuit-elle, le gouvernement a estimé nécessaire de réhabiliter l’abattoir public de Masina. Sur le 1,25 million de dollars sollicités par les pouvoirs publics auprès de la Banque mondiale, 600 000 dollars seulement ont été obtenus. Ils ont servi aux travaux de construction d’un mur de clôture, d’un caniveau pour l’évacuation des déchets vers la rivière Ndjili, ainsi qu’à la réfection du grand bâtiment. Il restait à réhabiliter la loge des bêtes et d’autres équipements.
Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage a, en outre, mis à la disposition de cet établissement un incinérateur pour brûler tout produit impropre à la consommation saisi. Antoinette Lukula explique qu’il y a trois modes de destruction de la viande impropre : l’enfouissement, l’immersion et l’incinération. Les deux premières techniques ne sont pas d’usage à l’abattoir public de Masina, car certaines personnes fouillent sous la terre ou plongent dans l’eau à la recherche de toute viande impropre à la consommation. Ce qui constitue une menace à la santé publique.
« Nous utilisons encore des équipements vétustes datant de l’époque coloniale. L’idéal serait qu’on remette tout à neuf », constate Antoinette Lukula. Actuellement, l’abattoir public de Masina emploie environ 10 inspecteurs vétérinaires, 60 abatteurs et une dizaine de nettoyeurs. Il y a des services connexes tels que le département des prix et de vérification des documents de commerçants.
La Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK) y est présente pour la perception de la taxe d’abattage qui s’élève à 5 dollars par bête.
De même le comité des commerçants est représenté. Pour Tshibangu Mpongo, ingénieur zootechnicien qui s’occupe de l’expertise technique du matériel de l’abattoir, l’État n’a plus de bêtes à abattre depuis les pillages des années 1990. « Le grand fournisseur des bêtes est actuellement Jules Van Lanker (JVL) qui ravitaille la capitale à partir de ses fermes de Mushie, dans le Bandundu, et de Kolo Fuma au Kongo-Central. Cette entreprise fournit des bêtes de boucherie. L’on évite des bêtes de reproduction pour ne pas connaître la diminution dans la production animale », dit-il.
Concernant l’opération d’abattage proprement dite, on procède d’abord à l’enregistrement des bêtes pour un premier examen par le service vétérinaire. La détection des maladies est facile grâce aux symptômes externes et des lésions internes. Après avis favorable du service vétérinaire, celui-ci remet un document de transfert indiquant le nombre des bêtes, le sexe, l’âge et la provenance.
Après l’abattage, il existe différentes opérations dont l’habillage (pour donner à la bête sa forme de la boucherie), l’éviscération (opération consistant à sortir de l’intérieur de la bête les viscèresy) et le fendage (c’est-à-dire mettre la bête en quartiers dont la tête, les membres inférieurs et supérieurs).