L’Afrique centrale a réalisé la meilleure performance en 2014. Cependant, Kinshasa n’arrive pas à attirer suffisamment de capitaux pour ajouter de la valeur à ses ressources naturelles.
La croissance économique d’une nation est fonction directe du degré des investissements atteint. C’est l’un des indicateurs auxquels les investisseurs recourent pour s’assurer de l’attractivité d’un pays. Un rapport récent de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indique que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) se sont consolidés en Afrique centrale, soit 54 milliards de dollars en 2014, contrairement à d’autres régions du continent. L’Afrique du Nord a reçu 11,5 milliards, soit un recul de 15 % par rapport à 2013, une situation imputable à l’instabilité politique et sécuritaire, notamment en Égypte, malgré ses bonnes performances (+14 %, à 4,8 milliards) et au Maroc (+8 %, à 3,6 milliards). En Afrique subsaharienne, le niveau des IDE est en hausse de 5 %, par rapport à 2013, soit 42,4 milliards en 2014. Au Sud du Sahara, c’est l’Afrique centrale qui a réalisé la meilleure performance avec une hausse de 33% par rapport à 2013, soit un total de 12,1 milliards de dollars. L’Afrique de l’Est a attiré des flux globaux de 6,8 milliards (+11 %). Les flux des IDE vers l’Afrique de l’Ouest ont, quant à eux, atteint 12,8 milliards de dollars en 2014, soit un recul de 10% par rapport à 2013.
Duel à distance
L’offensive indienne en Afrique transcende les échanges commerciaux qui, au demeurant, pèsent 60 milliards de dollars et devraient atteindre le chiffre record de 90 milliards de dollars cette année. Là où la Chine s’intéresse avant tout aux matières premières et multiplie les accords d’État à État à coup d’investissements géants, l’Inde, quant à elle, avance, à travers son secteur privé. Il en est ainsi de secteurs comme les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, l’import-export, les banques, les transports, l’éducation, les médias, les nouvelles technologies de l’information, l’eau et l’énergie, le tourisme, la santé et la télémédecine dont les potentialités ont été identifiées. D’ores et déjà, le gouvernement indien et quelque 80 sociétés du pays ont déjà investi quelque 40 milliards de dollars en Afrique dans divers secteurs dont les télécommunications avec le géant Bharti Airtel, qui s’est installé dans la téléphonie mobile dans 15 pays africains. L’offensive indienne en Afrique est d’autant plus rondement menée que tout indique que ce phénomène dont la croissance à long terme est en partie fonction de l’aptitude de l’Inde à poursuivre son développement intérieur dans la stabilité, se poursuivra au cours de la prochaine décennie. Dans les quatre ans à venir, l’Inde compte encore investir quelques milliards de dollars en Afrique. Ce sont au total plus de 250 projets qui ont été négociés et totalisent quelque 70 milliards de dollars d’investissements. Compte tenu de la voie interne de développement choisie par New Delhi, son expansion vers des marchés extérieurs représente, à l’étape actuelle, une nécessité pour son grand capital privé, de tirer profit à l’étranger des progrès technologiques réalisés en Inde, et ce, à un moment où l’Afrique commence à être en mesure de les absorber.
Faible attractivité
La croissance économique et le taux d’attractivité sont désormais les principaux indicateurs d’appréciation qui poussent les investisseurs à placer leur argent dans un pays. Qu’en est-il du Congo ? Le code des investissements permet aux projets directs, nationaux et étrangers, réalisés au Congo dans les secteurs non expressément réservés à l’État ou non exclus par la liste négative, de bénéficier d’un certain nombre d’avantages douaniers, fiscaux et parafiscaux, ainsi que de certaines garanties générales. L’évolution du volume des investissements a été en constante progression de 2010 à 2012. Elle a connu un léger fléchissement en 2013 avant d’être nettement en recul en 2014. Dans l’ensemble, cette évolution est significativement influencée par les flux d’investissements venant du secteur minier. Les investissements miniers sont réalisés au Congo à plus de 80 % par les filiales ou succursales des entreprises étrangères.
Alors que l’Asie est un pôle d’attraction des IDE, l’Afrique en général (3,6% des flux entrants mondiaux en 2011, soient 54,4 milliards) et le Congo en particulier (2 milliards) restent parmi les régions du monde les moins concernées par les IDE, malgré une dotation factorielle exceptionnelle en ressources naturelles et en main-d’œuvre bon marché. À l’ère de la mondialisation, on assiste à une flambée des IDE, élément moteur de la multinationalisation des entreprises. Les motivations principales à l’origine de ces investissements sont bien évidemment la réduction des coûts (coûts du travail, optimisation fiscale, etc.), mais aussi la recherche d’économies d’échelle liées à de grands marchés et la conquête de nouveaux marchés. Les effets positifs des IDE sur la croissance économique et du surcroît d’emplois qui en résulte dans le pays d’accueil sont confirmés par de nombreux travaux empiriques.
Avec ses importantes ressources naturelles, le Congo qui est censé attirer des investissements en masse, est de moins en moins attractif. D’après le classement du cabinet d’études Ernst & Young publié en 2010 sur les IDE en Afrique, le Congo, malgré l’importance de ses ressources naturelles ne figurait pas parmi les dix pays africains à avoir attiré le plus d’investissements étrangers significatifs de 2003 à 2010. En cause : l’absence de gouvernance efficace et de démocratie. L’Economist Intelligence Unit recommande des pays où il fait bon investir. Aucun pays africain n’est cité. À part la Namibie et quatre autres pays qui figurent dans les catégories intermédiaires, le reste du continent est repris dans les catégories de pays où la prudence économique s’impose.
L’attractivité est une question complexe. Le Congo a entrepris de mettre en place toute une série de réformes visant à favoriser son ouverture sur le marché international, autant d’atouts pour appâter les entreprises étrangères. Elle multiplie des actions de promotion à l’étranger. Mais il y a toujours un déficit d’IDE à destination du pays. qui dépendent largement des ressources naturelles. Une baisse prolongée des prix des matières premières, un resserrement des conditions de financement à l’échelle internationale ou encore des risques domestiques, notamment des troubles politiques et des catastrophes naturelles, pourraient affaiblir les perspectives de croissance au Congo.