Comme chaque année à l’approche des fêtes, la fièvre des préparatifs monte graduellement. Même si l’hôtel de ville n’a rien prévu de particulier pour les Kinois, chacun vivra les deux événements en fonction de sa poche.
À la veille de Noël, la fièvre des préparatifs des fêtes de fin d’année est telle que Kinshasa essaie de faire peau neuve. Lumières, guirlandes, sapins de Noël, l’ambiance est à la décoration. Souvent artificiel, petit ou géant, le conifère fait fureur, à tel point qu’on se l’arrache sur l’avenue du commerce, la principale rue marchande de Kinshasa.
La démesure dans la consommation
Les devantures et les vitrines des commerces, les entrées de maisons sont décorées de guirlandes électriques. Les arbres ne sont pas oubliés. Certains lieux de divertissement, comme les boîtes de nuit, les bistrots ou « nganda » à la kinoise font tout leur possible pour accueillir les fêtards qui veulent souhaiter la bienvenue à 2016 en s’amusant. Le passage à l’année nouvelle est un moment mémorable dans les esprits des Kinois.
Un détour du côté de l’aéroport international de Ndjili montre que les compagnies aériennes affichent complet. Certaines d’entre elles ont dû ajouter des vols supplémentaires pour satisfaire la demande. Des dizaines de familles se rendent chaque jour à l’aéroport pour accueillir des proches. Parmi les arrivants, beaucoup de Congolais vivant en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Afrique du Sud, venus passer les fêtes de fin d’année en famille. Les guichets des banques sont envahis depuis quelques jours. Dans la capitale, chacun pense à la meilleure façon d’enterrer 2015 et d’accueillir la nouvelle année. Mais la crise est passée par là. « L’argent n’a pas beaucoup circulé et les fêtes vont en subir le contrecoup », souligne un commerçant. Propos nuancé par une vendeuse de vivres frais au Marché central de Kinshasa : « Le Kinois est réputé imprévisible. Il attend la dernière minute pour mettre les petits plats dans les grands ». Et pour cause : c’est à l’avant-veille ou à la veille des fêtes que le Marché central et les magasins des rues marchandes environnantes sont pris d’assaut par des milliers de personnes. Chacun veut acheter des habits neufs, trouver un cadeau ou s’approvisionner en denrées alimentaires.
Il est interdit d’interdire
Le passage à l’année nouvelle est une parenthèse que bien des Kinois ne veulent pas sacrifier. « Pour les fêtes de fin d’année, on se fait plaisir, on se lâche et on achète des cadeaux et des bonnes choses à tour de bras », déclare une cliente dans une boutique de vêtements pour dames aux Galeries présidentielles. « Comme chaque année, les fêtes de fin d’année vont faire exploser les records de consommation de produits en tous genres : aliments, jeux électroniques, vêtements », souligne un agent dans l’un des supermarchés les plus fréquentés de la capitale. Mais certaines personnes, notamment les chrétiens pratiquants, trouvent la période trop commerciale.
Noël reste une fête chrétienne
Comme bien d’autres habitants de la terre, les Kinois, les chrétiens en particulier, célèbrent Noël, commémorant ainsi la naissance de Jésus de Nazareth. À Kinshasa, les Églises catholique, protestante et de réveil ont l’habitude d’organiser des veillées de prières en guise de réveillon de Noël, voire à la veille du Nouvel an. Dans cette perspective, la ville est pavoisée de banderoles et d’affiches qui annoncent des campagnes de prières et des concerts de louange religieux à travers les communes. Souvent décriées parce que jugées trop tapageuses, les veillées de prières attirent pourtant un grand monde depuis plusieurs années. Les fidèles des églises se rassemblent pour l’office dans la soirée et continuent après minuit à « chanter pour la gloire de Dieu ». Ils le remercient pour les bénédictions de l’année écoulée et prient pour l’année à venir.
Noël est avant tout une fête de partage. Les chrétiens n’oublient pas que c’est l’occasion de rendre visite aux prisonniers, aux malades, aux orphelins, aux vieillards et aux plus pauvres. C’est surtout l’occasion de leur offrir des cadeaux (vêtements et nourriture). Depuis quelques jours, certaines églises organisent des collectes de fonds et de biens, ainsi que des visites de réconfort au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK, ex-Prison centrale de Makala) à la prison militaire de Ndolo, dans certains hôpitaux, orphelinats et maisons de retraite. Sur un air musical, des salutistes demandent l’aumône devant le hall de certains hôtels. Le 25 décembre se célèbre chez soi, en famille, puis le réveillon de Nouvel an dans les lieux de divertissement avec des amis. Les boîtes de nuit, les bistrots et les bars sont ouverts sans arrêt du 24 au 25 décembre et du 31 décembre au 1e janvier. Pour les catholiques, le 31 décembre et le 1e janvier marquent la solennité de Sainte-Marie. Pour cette occasion, deux messes sont célébrées: la première le 31 décembre, l’autre au matin du 1e janvier. La messe du 31 décembre est demeurée populaire puisque, le lendemain, certains fêtent le jour de l’an en famille. Durant la célébration, il est de coutume d’entonner le chant « Mon Dieu bénissez la nouvelle année ». Les prêtres parlent beaucoup de l’importance de la bénédiction en invitant les fidèles à perpétuer voire à transformer la traditionnelle bénédiction paternelle, c’est-à-dire de laisser aussi la mère bénir ses enfants et les enfants bénir leurs parents s’ils le souhaitent. À minuit, la nouvelle année est accueillie par des cris de joie, des applaudissements et des embrassades. Ensuite, les gens se lâchent sur la piste. Les