Le secteur des infrastructures représente un des enjeux majeurs pour la RDC. Mais la faiblesse des infrastructures a des répercussions humaines directes et indirectes importantes et constitue un frein à l’essor des entreprises.
Les routes, les ports, l’électricité, l’eau et les télécommunications mais également les écoles et les hôpitaux sont les infrastructures nécessaires au développement des entreprises. Les coûts directs de production, notamment les coûts du travail ne sont pas plus élevés. Par contre, les coûts indirects (énergie, transport, télécommunications, sécurité, administration, réglementation…) représentent 20 à 30 % des coûts totaux. Parmi ces coûts indirects, l’énergie représente un tiers. L’accès aux infrastructures énergétiques est un véritable goulet d’étranglement pour les entreprises. L’accès à une électricité fiable et peu onéreuse est un casse-tête pour les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes. L’accès au réseau de la Société nationale d’électricité (SNEL) est bien souvent long, difficile et coûteux. Par ailleurs, en raison de la vétusté du réseau et/ou d’une production insuffisante, les pannes d’électricité sont fréquentes. Elles représentent plus de trois mois de travail selon certaines études. Les pertes de production que les pannes d’électricité occasionnent sont importantes. Elles se situent à plus de 10 % de la production. Pour pallier cela, les entreprises se sont dotées de groupes électrogènes, mais le coût de ces services d’énergie privés est deux à trois fois plus élevé que celui du réseau électrique de la SNEL. Pour inverser la tendance, le gouvernement a prévu de lancer de vastes chantiers d’ouvrages hydroélectriques à travers le pays et prendre les mesures incitatives avec la nouvelle loi sur la libéralisation du secteur de l’énergie. En cassant le monopole de la SNEL, il veut attirer les investisseurs privés en leur offrant un cadre juridique sécurisant. Par exemple, Kibali Gold Mines, filiale de la multinationale aurifère Randgold, a obtenu toutes les licences dont elle avait besoin pour construire plusieurs barrages hydroélectriques en Ituri. Elle en a déjà réalisé deux, Nzoro I et II d’une capacité cumulée de 35 mégawatts. La nouvelle loi a été suivie par la publication, en juillet 2014, de l’Atlas des énergies renouvelables, qui a permis d’identifier près de 780 centrales hydroélectriques au lieu de 217 connus. Grâce à cet atlas, on sait désormais qu’il y a un potentiel de 10 000 mégawatts qui n’est pas concentré en un seul point, mais répartis sur les 145 territoires. Ceci offre la possibilité de développer de petites centrales hydroélectriques de 1 à 10 MW, voire en deçà à travers des microcentrales. Le potentiel hydroélectrique de la République démocratique du Congo a un avantage : celui de s’adapter à tous les types de marchés et de consommateurs. Même les populations rurales qui vivent dans les zones les plus reculées peuvent accéder à l’énergie électrique. Mais la mise en application de la Stratégie Énergie pour tous est confrontée au problème de financement. L’insuffisance de production hydroélectrique est l’une des causes du déficit énergétique.
Le déficit en énergie
L’offre est largement inférieure à la demande qui n’a cessé de croître ces dernières années. La demande en énergie a été accentuée aussi par le boom minier dans l’ex-Katanga. Il faut des investissements importants pour combler ce déficit. Sur une capacité installée d’environ 2 500 mégawatts, la RDC ne produit que 1 500, soit à peine 2,5% du potentiel hydroélectrique estimé à 100 000 mégawatts. La moitié du parc de production est à l’arrêt à cause de la vétusté des équipements ou du manque d’entretien. Le complexe d’Inga fait l’objet de toutes les attentions pour que les barrages Inga I et II retrouvent leur capacité totale à l’horizon 2018, selon l’administrateur-directeur général de la SNEL, Éric Mbala.
Compte tenu de la modicité des moyens financiers, le gouvernement recourt aux partenariats public-privé pour moderniser le parc hydroélectrique. Les miniers considèrent la pénurie d’électricité comme le principal obstacle à l’expansion de leurs affaires. Dans l’immédiat, il faut plus de 1 000 mégawatts au secteur minier pour produire davantage les métaux de base (cuivre, cobalt, zinc…). C’est ainsi que des entreprises minières contribuent largement à la modernisation des infrastructures énergétiques. Tenke Fugurume Mining (TFM) s’est engagé dans un partenariat avec la SNEL pour la réhabilitation du barrage de Nseke dans l’ex-Katanga. Kamoto Copper Compagny (KCC) travaille sur l’amélioration du transport d’énergie sur la ligne à très haute tension d’Inga. KCC a également réhabilité deux groupes d’Inga II. SICOMINES opère avec la SNEL sur le barrage de Nzilo. Des multinationales ont mis la main à la poche pour réhabiliter nombre de barrages hydroélectriques en vue d’augmenter leurs capacités de production. Parallèlement à la modernisation des infrastructures existantes avec l’aide des miniers et de la Banque mondiale, le gouvernement s’emploie aussi à construire de nouvelles structures. Les projets phares sont : Inga III (4 500 mégawatts), Zongo II (150 mégawatts), Katende (64 mégawatts) et Kakobola (10,5 mégawatts). Cette politique volontariste du gouvernement devrait s’accompagner de la restructuration de la SNEL. L’État doit en déterminer le patrimoine et favoriser l’adoption rapide de la loi sur les partenariats public-privé.