L’année 2015 aura été particulièrement difficile sur le plan économique. Les indicateurs sont contrastés et sèment le doute quant à l’avenir.
Si la République démocratique du Congo continue de réaliser un excédent dans le commerce des biens, tel n’en est pas le cas dans d’autres secteurs, notamment celui des services où l’on enregistre un déficit, selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’économie nationale. La même tendance est confirmée par le service du cadrage macroéconomique du ministère du Budget, qui souligne l’essor du secteur tertiaire mené par les transports et les télécommunications. Leur apport au Produit intérieur brut (PIB) réel du pays est projeté à 4 % pour 2016 et 2017 contre moins de 1 % pour le secteur
secondaire (industries alimentaires, bâtiment…). Lors de la cérémonie d’échange de vœux avec le personnel de la Banque centrale, le 30 décembre 2015, le gouverneur Déogratias Mutombo a déclaré que l’économie congolaise, à l’instar de celles d’autres pays africains, a ressenti les effets néfastes d’une conjoncture difficile. D’après lui, c’est principalement dans le secteur des matières premières que l’impact de la conjoncture économique internationale a été le plus significatif, notamment avec l’arrêt de la production de certaines entreprises minières.
Le secteur tertiaire rassure
Toutefois, le gouverneur de la Banque centrale a assuré que la croissance économique de la République démocratique du Congo restera soutenue par le secteur primaire en dépit de sa contribution, soit 3,4 %, au Produit intérieur brut en 2015, alors que la prévision était de plus de 4 %. Le secteur tertiaire est venu en deuxième position avec une contribution de l’ordre de 3,1 % grâce au dynamisme des activités commerciales, du transport et des télécommunications. Par ailleurs, la part du secteur secondaire reste très marginale dans le Produit intérieur brut. Le taux de croissance économique a connu un recul de 1,8 % en 2015, s’établissant à 7,7 %, contre 9,5 % en 2014.
Déficit après déficit
En 2014, le solde des échanges de biens avait enregistré un excédent de 3,4 % du PIB contre 3 % en 2013. L’amélioration de l’excédent du commerce des biens reflétait l’augmentation des exportations des produits miniers, alors que les investissements des années précédentes atteignaient la phase de production. Les exportations des biens avaient, en effet, augmenté de 12 %, contre 11% pour les importations. Les exportations d’or avaient fortement
augmenté, passant de 184 millions de dollars en 2013 à 816,2 millions
en 2014. Au premier semestre de 2015, quelque 16 015 kg d’or
ont été exportés pour une valeur de 479 millions de dollars. La production de cobalt était de 40 752 tonnes pour une valeur de 1 223 millions de dollars. La production de zinc a atteint 6 314 tonnes pour une valeur juste de 11 millions de dollars. Quant au diamant, 7 290 carats ont été exportés pour 109 millions de dollars. Les 16 015 kg d’or ont rapporté 479 millions de dollars. Sur le coltan et la cassitérite, aucune donnée n’est disponible ni sur le volume de production ni sur les recettes réalisées. En 2014, la production officielle de coltan était de 1 217 tonnes, mais le gouvernement n’a pu en déterminer la valeur. Au premier semestre 2015, les recettes d’exportation de ces matières premières étaient chiffrées à 4,570 milliards de dollars.
Les exportations de café connaissent une dynamique similaire en se situant autour de 225 millions de dollars depuis 2014, contre seulement 51 millions en 2013. Par contre, le déficit de la balance des services reste élevé à 9, 41% du PIB en 2014. Au total, la balance des biens et services a affiché un déficit de 6,1 % du PIB en 2014. De l’avis des experts de la Banque mondiale, la combinaison d’un déficit du commerce des biens et services et d’un déficit des revenus des facteurs a conduit à un solde fortement négatif du compte courant. La balance des revenus des facteurs est, en effet, fortement négative avec un déficit de 9,3 % du PIB, soit 3 milliards de dollars. Selon les experts de la Banque mondiale, ce déficit va continuer d’augmenter puisqu’il est lié au rapatriement de fonds par les investisseurs étrangers. Les investissements dans le secteur minier sont générateurs de revenus substantiels pour des investisseurs étrangers, et ce processus est amplifié pour les règles d’amortissement accéléré prévues par le code minier. Mais, en parallèle, les transferts courants nets qui sont constitués à
70 % d’aide extérieure, représentaient 6,2 % du PIB en 2014, soit le
double de leur niveau de 2013. Ainsi, le déficit du compte courant
aurait atteint 9,2% du PIB en 2014 et serait entièrement dû au déficit
de la balance des revenus des facteurs. À ce jour, les investissements directs étrangers (IDE) et le financement public externe des projets de développement continuent à combler l’important déficit du compte courant.