Après avoir installé une cimenterie à proximité de la République démocratique du Congo, le gouvernement angolais a entrepris de réhabiliter l’usine textile de Lassola à Benguela, non loin de la frontière avec le Katanga. Les machines de la compagnie angolaise de textile ont recommencé à tourner, fin novembre 2016, après 16 ans d’arrêt. Selon l’Agence de presse angolaise (ANGOP), L’usine de l’ancienne Africa Textil devenue Lassola, devra produire annuellement 1.2 millions de serviettes, 1.6 millions de draps et 120 000 couvertures en coton, destinés à satisfaire la demande du marché local en produits textiles. D’après Yashima Moto, directeur industriel de la compagnie Lassola, l’usine importera dans une première phase du coton des pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique et fabriquera elle-même le fil nécessaire au processus de filage du coton. Dans la seconde phase, les dirigeants de Lassola envisagent de s’approvisionner en coton sur le marché angolais. Après avoir vu ses activités suspendues en 2000, pour raison de faillite, l’usine a été entièrement réhabilitée et modernisée à la faveur d’un investissement de près de 400 millions de dollars. Elle emploie actuellement 220 travailleurs angolais, japonais, sud-coréens et chinois.
Au port sec de Lufu, dans la province du Kongo-Central, l’activité commerciale est débordante autour des produits alimentaires, des électroménagers, du ciment, du carburant et d’autres biens en provenance d’Angola. L’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM) mise sur Lufu, en raison d’importants échanges commerciaux entre l’Angola et la RDC afin de renflouer ses caisses de l’office. Il va y construire un bâtiment administratif. Par ailleurs, les autorités du Kasaï-Central comptent sur le bitumage de la route Kananga-Tshikapa en vue du développement des échanges commerciaux avec l’Angola à partir de Kamango.
Le montage d’une sucrière à Malange, toujours à proximité de la RDC inquiète les dirigeants de la Sucrière de Kwilu-Ngongo. Kinshasa est débordée des produits alimentaires et autres entrant au pays par la porte de Lufu dans le Kongo-Central. Cette bourgade, à quelque 260 km de Kinshasa, apparemment sans histoire par le passé, est subitement devenue, en moins de 5 ans, une place forte du commerce transfrontalier. La conséquence est que les biens en provenance d’Angola, via Lufu, revendus sur le marché local à des prix démocratiques, donnent des insomnies aux entreprises nationales. La Sucrière de Kwilu-Ngongo SA en paie un lourd tribut. Récemment, pour ne pas sombrer face au dumping des produits d’Angola, elle a décidé d’inonder le marché avec un gros lot de sacs de sucre de 50 kg et de casser le prix : 48 175 FC (environ 40 dollars) contre 60 000 FC, début octobre 2016. Malheureusement, cette campagne n’a pas rencontré l’adhésion des revendeurs détaillants.
Anticipation conjoncturelle
Avec la surchauffe des prix sur le marché à la suite de la dépréciation du franc, le sachet de sucre de 5 kg se vend à plus de 7 000 FC contre 4 700 FC auparavant. Les détaillants disent anticiper sur la chute continue du franc par rapport au dollar. En prévision des fêtes de fin d’année, la Sucrière de Kwilu-Ngongo SA a annoncé avoir stocké quelque 10 000 sacs de sucre, exclusivement pour le marché kinois. D’autant plus que sa stratégie de baisse du prix du sac de 50 kg permettrait de juguler les effets de la concurrence déloyale du sucre importé d’Angola et de pays asiatiques et, par ricochet, d’écouler plus facilement ses stocks.
La demande en sucre, dans la capitale, atteindrait 135 000 tonnes par an. En 2015, la Sucrière de Kwilu-Ngongo avait raté son objectif de 84 600 tonnes à cause des pluies torrentielles qui avaient en partie ravagé ses champs au Kongo- Central. Pour autant, les 83 000 tonnes produits ont fait les frais de la concurrence du sucre importé, à partir du marché quasi-pirate de Lufu. Le DG de la Sucrière de Kwilu-Ngongo s’en était plaint auprès du ministre congolais de l’Industrie. En vain ! Mais voilà que le gouvernement angolais a monté une usine de production de sucre dans la ville de Malange, à quelques encablures de la frontière congolaise. Cette usine, a-t-on appris, a une capacité de production supérieure à celle de Kwilu-Ngongo. Nul doute que la sucrière angolaise comptera parmi ses principaux débouchés la RDC qui ne fait guère des restrictions sur les produits venus d’ailleurs. Le DG de la sucrière de Kwilu-Ngongo avertit déjà que le sucre angolais aura des incidences négatives sur l’industrie locale.