À voir comment le système financier national fonctionne, c’est à se demander si l’État a compris vraiment ce qu’il veut faire des coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), des institutions de microfinance (IMF), des banques, des assurances et des caisses de pension. Et quel est le rôle il doit leur faire jouer dans l’architecture financière de la République démocratique du Congo et dans son développement économique. Il se pose donc une vraie question de cadre logique des activités de toutes les institutions financières opérant dans le pays. Que font, par exemple, les banques avec les excédents de trésorerie qu’elles réalisent en permanence ? Eh bien, elles les placent à l’extérieur faute d’aller à l’économie congolaise.
Les dépôts et les prêts bancaires poursuivent leur accroissement, et ont augmenté respectivement de 11,7 % et 14,4 % en 2015, contre 14,7% et 20,2 % en 2014. Mais leurs niveaux respectivement de 11,2 et 6,8 % du PIB en 2015 demeurent encore très faibles, selon les estimations de la Banque mondiale. Qui met à disposition une mine de données intéressantes sur la situation économique et financière de la RDC. Le faible niveau de dépôts bancaires signifie que peu d’individus utilisent le système bancaire pour se constituer des réserves pour les périodes difficiles. Le faible niveau de crédit implique que la population ne dispose pas d’alternatives pour surmonter les contraintes financières et lisser la demande en cas de chocs négatifs (absence de fonds de garantie des dépôts).
Le mapping en question
Le secteur bancaire comprend 18 banques commerciales et près de 200 agences pour un pays à la taille de l’Europe de l’Ouest. Les services bancaires n’atteignent qu’une faible partie de la population, soit 3,4 % sur une population adulte de 37,7 millions d’habitants. Le nombre des comptes bancaires est passé de 0,6 million en 2010 à 1,3 million en 2012, grâce au versement direct des salaires des fonctionnaires sur leurs comptes bancaires. Selon les estimations de la Banque mondiale, le coût du crédit demeure élevé, se situant à 19 % pour la monnaie nationale et à 14,2 % en devises étrangères fin 2015. Les écarts entre les taux d’intérêt pour les prêts et pour les dépôts sont importants, se situant à 15,7 % en monnaie nationale.
Cependant, même avec cet écart, le rendement des actifs en RDC avant l’impôt reste très faible, soit de 1,7 % fin 2014 contre 1,1 % fin 2012 (FMI, 2015), reflétant les charges d’exploitation, et les frais de supervision bancaire équivalents à 0,6 % des dépôts, ainsi que les coûts de liquidité élevés. En effet, près d’un tiers des actifs est déposé auprès de banques correspondantes sans aucun rendement. Le système bancaire congolais se caractérise par une forte dollarisation et les courtes maturités des dépôts et des crédits. L’essentiel des dépôts bancaires est libellé en devises étrangères (85,6 % fin 2014 et 83,1 % fin 2015), ce qui souligne l’importance des risques associés aux bilans fortement libellés en dollars. En effet, ces bilans ne sont pas couverts par des réserves en dollars suffisantes, et la couverture des dépôts en devises ne dépassait pas 44 % à la fin de 2015, alors que celle-ci était de 56 % fin 2014.
Ainsi, la protection contre une éventuelle sortie de dépôts en devises étrangères s’est considérablement affaiblie en 2015. Cependant, le niveau des réserves continuait à assurer une bonne couverture de la masse monétaire en monnaie nationale (près de 95 %), permettant ainsi au secteur bancaire de faire face aux risques de conversion en devises étrangères. Une autre caractéristique du système est la prévalence des dépôts à vue (72 % fin 2015), avec en corollaire des crédits à court terme octroyés par les banques commerciales (63 % du total). Les chiffres disponibles pour 2016 montrent un renforcement des tendances observées en 2015. Ainsi, la dollarisation des dépôts restait élevée en octobre 2016 (82,1 % du total), mais la couverture par les réserves n’était plus que de 31 % pour les dépôts en devises et de 63 %