En 2012, le gouvernement a pris l’engagement de faire de la République démocratique du Congo un pool d’intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne, un grenier agricole, une puissance énergétique et environnementale, un pool économique et industriel, ainsi qu’une terre de paix et de mieux-être et une puissance régionale au cœur de l’Afrique à l’échéance 2030. En mars 2016, parlant du Plan d’émergence 2030, Ngonga Nzinga, alors directeur de cabinet adjoint en charge de l’économie et des finances de l’ancien 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo, a soutenu que la RDC atteindrait, déjà, le point d’émergence en 2020. Soit, dix ans avant même l’échéance fixée par le gouvernement. Il s’appuyait sur les indicateurs économiques clés – le secteur réel de l’économie (la production, les prix et les salaires), les finances publiques, les relations extérieures, la monnaie et le crédit – de 2010 à 2015 pour le démontrer.
Mais dans son analyse, Ngonga Nzinga n’avait peut-être pas vu venir la crise financière internationale, du fait de la baisse des cours des matières premières, principalement le pétrole et le cuivre. Les effets néfastes de la conjoncture économique et financière internationale sur l’économie nationale sont donc venus déjouer les prévisions de croissance… qui s’est située à 7,7 % en 2015, essentiellement portée par les secteurs des mines et des services. C’est ainsi que pour maintenir la stabilité économique face à cette crise, le gouvernement a pris une série de mesures économiques – 28 au total – et a envisagé des réformes structurelles afin de juguler la vulnérabilité de l’économie nationale.
D’après le ministre de l’Économie de l’époque, Modeste Bahati Lukwebo, devenu aujourd’hui ministre d’État en charge du Plan, la diversification de l’économie nationale est le principal chemin à emprunter pour la résilience de cette économie. Des « politiques appropriées », soulignait-il, ont été mises en œuvre : l’implantation des Zones économiques spéciales (ZES) et des parcs agro-industriels, ainsi que la promotion des produits made in RDC. Dans tous les cas, déclarait Bahati, l’objectif est de faire de la RDC à moyen terme « une puissance économique régionale ».
Dédollariser l’économie
La bonne connaissance des indicateurs économiques clés est nécessaire pour une bonne interprétation et une bonne compréhension de la situation économique de la RDC.
D’après Willy Mulamba, directeur des marchés et de la trésorerie de Citi-RDC, dans « l’interprétation et la compréhension des rapports d’économie », les pays suivent et déterminent leur progrès économique à travers l’analyse des indicateurs économiques et les données statistiques sous forme d’indices et de prévisions. En ce qui concerne la RDC, les indicateurs économiques clés sont le taux de change, le taux d’intérêt, le Produit intérieur brut (PIB), l’offre de la monnaie, l’inflation ou l’indice de prix à la consommation, les réserves de change et la balance commerciale.
La RDC applique le taux de change flottant, déterminé par l’équilibre entre l’offre et la demande sur les marchés des changes. La Banque centrale a mis en place une politique de change pour ancrer les taux du marché monétaire et les autres taux d’intérêt. Pour gérer l’inflation et garder le système de change stable, elle a sensiblement réduit le taux directeur (ou le coût du loyer), auquel les banques empruntent et placent la liquidité auprès d’elle, jusqu’à moins de 2 % depuis 2013. Le taux interbancaire auquel les banques se prêtent entre elles n’existe pas encore en RDC. Le PIB qui vise à quantifier la valeur totale de la « production de richesse » effectuée par les agents économiques (ménages, entreprises et administrations publiques), était de 37,4 milliards de dollars en 2015. Il reflète l’activité économique interne et permet de mesurer le taux de croissance économique. Le PIB par habitant, quant à lui, mesure le niveau de vie et du pouvoir d’achat.
Selon Willy Mulamba, « la croissance du PIB est principalement due à des politiques publiques favorables à l’instar de la volonté de diversification de l’économie, des politiques de privatisation, de la réduction des coûts des opérations de production ». Sur la monnaie, la BCC a pour mission de « contrôler la liquidité (franc) sur le marché en vue de la stabilité des prix », a fait remarquer le directeur général à la BCC, Kayembe wa Kayembe. Son rôle dans l’économie consiste à vendre ou acheter des titres via des opérations d’appel d’offre et d’augmenter ou diminuer le ratio de réserves obligatoires bancaires. Le coefficient de réserves obligatoires sert également à réguler la masse monétaire en circulation.
Selon le directeur Kayembe, les instruments de la BCC jouent uniquement sur la monnaie nationale. D’où sa vulnérabilité en cas de choc exogène. Par ailleurs, le taux directeur (instrument de refinancement des banques) de la BCC n’influe pas sur le taux débitaire qui varie entre 13 % et 30 %, selon les banques, du fait de la dollarisation de l’économie à 86 %. Le taux d’inclusion financière est, lui, de moins 6 % tandis que le taux de bancarisation se situe à 15 %.
L’inflation devrait rester à environ 3 % en 2016, selon les projections de la BCC. Elle est l’expression de la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle est mesurée deux fois par semaine par la BCC à travers l’indice des prix à la consommation calculé sur la base de la tarification d’un panier de biens et services (440 articles) sur 7 marchés de Kinshasa. Les réserves de change de la RDC étaient de 1,32 milliard de dollars couvrant plus d’un mois d’importations. Produit de la vente des matières premières (cuivre, cobalt, pétrole, etc.), elles permettent de soutenir le franc et encouragent l’afflux de capitaux étrangers. Considérée comme le produit net des exportations et des importations à un moment donné, la balance commerciale sert à évaluer la santé économique d’un pays par rapport au reste du monde.