KALEHE (RDCongo), 04 fév 2013 (AFP) – Les débuts d’une certification des minerais extraits dans le territoire de Kalehe, dans l’Est de la République démocratique du Congo, font espérer la fin de leur exploitation illégale par des groupes armés, a-t-on appris auprès des autorités et de la société civile.
Le 24 octobre dernier, le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, a lancé un processus d’étiquetage des minerais à Kalehe, au Sud-Kivu – une province riche en minerais (coltan, cassitérite) que des groupes armés locaux et étrangers exploitent pour se financer, d’où leur surnom de “minerais du sang”.
“Cette certification (…), nous en sommes fiers. Nous comme l’Etat, car nous avons été pendant longtemps malheureux de cette mauvaise réputation sur le plan international avec nos minerais qui étaient traités de +minerais du sang+”, a déclaré à l’AFP Gérard Nkwana, administrateur adjoint de Kalehe.
“Les minerais sont désormais étiquetés, ce qui rassure pour une bonne traçabilité et exportation. Avec ces étiquettes, on peut vérifier l’origine des minerais, les seigneurs de guerre sont découragés” de ne pas pouvoir écouler les minerais illégalement extraits, a-t-il affirmé.
Dans le même temps, selon lui, l’Etat met en place des mécanismes de gestion des conflits avec “tous les partenaires impliqués”.
En septembre 2010, le président Joseph Kabila avait suspendu pour six mois l’exploitation artisanale dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema (Est) afin d’empêcher l’activité de “groupes mafieux” ainsi que “l’implication” d’autorités civiles et militaires dans le commerce illicite de minerais.
Il avait alors suggéré la création de coopératives et Kalehe avait été choisie pour accueillir cinq sites pilotes d’exploitation “verte” de minerais qui répondent aux normes internationales de traçabilité.
“L’impact de ce processus se fait déjà sentir car (…) on ne trouve plus des enfants, des militaires et des hommes armés dans les mines”, se réjouit Pierrot Muhirwa, président d’une organisation représentant la société civile de Nyabibwe, une localité située au centre du territoire de Kalehe.
“Le chômage a diminué, les enfants étudient avec moins de difficulté mais il faut que tous les cinq sites validés soient ouverts pour un bel impact”, a pour sa part estimé Jean-Pierre Murhabazi, de la coopérative minière de Kalehe.
Selon Bakengane Ntole, chef de bureau du district minier de Kalehe, en trois mois, entre le 24 octobre et le 24 janvier, près de 224 tonnes de cassitérite ont été extraites de la mine de Kalimbi – l’un de cinq sites pilotes de Kalehe.
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