Champagne à la main, servi sous une petite tente dans le jardin de l’ambassade du Kenya à Kinshasa, les convives, une vingtaine, triés sur le volet, devisent dans le style de Hollywood, en attendant l’arrivée de l’invité de marque : le ministre d’État en charge du Plan, Modeste Bahati Lukwebo. Parmi d’autres invités VIP, trois ambassadeurs, du Burundi, de la Tanzanie et de l’Ouganda, et des personnalités venues de Nairobi pour la circonstance. On n’est pas dans un cocktail intime, ce samedi 23 septembre, mais dans une cérémonie de lancement officiel des activités de la Chambre de commerce et d’industrie Congo-Kenya (CCICK). Pour un départ, la CCICK est bien partie pour rayonner, me souffle à l’oreille un invité. En effet, la jeune chambre peut compter sur le partenariat des poids lourds comme Equity Group, Kenya Airways, Autorité de régulation et de contrôle des assurances (ARCA)…
Rapprochement vu d’un bon œil
La CCICK est une initiative louable qui arrive à point nommé et doit rester dans la lumière. C’est par cet hommage que la 1ère secrétaire d’ambassade du Kenya ouvre la cérémonie. Dans son mot de circonstance, elle souligne que l’ambassade du Kenya en République démocratique du Congo encourage énormément cet « événement spécial » car c’est une initiative venue du secteur privé, des professionnels de divers domaines. La représentation diplomatique kenyane voit de bon œil le rapprochement des secteurs privés congolais et kenyan. Le Kenya, dit-elle, offre de nombreuses opportunités d’affaires, notamment dans le secteur des services financiers, avec ses banques et ses sociétés d’assurances. Pour preuve, le produit financier M-Pesa est le reflet du dynamisme du Kenya qui est aujourd’hui la référence mondiale en matière de mobile money. C’est une « innovation qui est partie du Kenya que le monde entier est fier de copier ».
Sur le plan de la logistique intégrée, le Kenya offre également d’importantes opportunités et facilités commerciales, notamment grâce à sa compagnie aérienne Kenya Airways et à son port maritime de Mombassa, qui peut aider à booster le commerce avec l’Est de la RDC… Pour toutes ces raisons et bien d’autres, le Kenya offre donc d’énormes possibilités de « partenariat et de synergie avec le secteur privé congolais ». Vu sous cet angle, l’ambassade du Kenya en RDC souhaite vivement que la CCICK étende ses tentacules, ait davantage de membres et crée plus de dynamisme entre les deux pays.
Pour le ministre d’État Bahati, c’est un « agréable plaisir » d’assister au lancement officiel des activités de la CCICK. Il se réjouit de constater que cette institution naissante a pour ambition de « promouvoir et faciliter les échanges commerciaux ainsi que divers investissements entre la République démocratique du Congo et le Kenya ». Il note qu’elle se propose d’« orienter les investisseurs vers les différents secteurs et projets porteurs d’avenir en RDC, les assister selon les besoins dans les phases d’implantation et d’exploitation de leurs activités ». Et qu’enfin, la CCICK vise à « organiser les foires, les expositions, les colloques et les voyages d’affaires entre la RDC et le Kenya ». Il ne peut qu’encourager une telle initiative qui est en « parfaite cohérence avec la politique et la vision du développement de la RDC ».
À cet effet, il rassure le staff de la CCICK que le ministère du Plan ne ménagera aucun effort pour « apporter autant que possible l’appui et le soutien nécessaires pour la promotion des activités de la chambre de commerce et d’industrie ». En effet, dit-il, notre responsabilité en tant qu’État est de « créer un environnement favorable à la croissance ». Il y travaillera personnellement et il est convaincu qu’« avec l’aide du secteur privé local de concert avec les investisseurs du Kenya par le biais de la CCICK, on remettra notre pays sur le chemin d’une croissance forte et équilibrée qui ferait la compétitivité des entreprises ». C’est la première condition pour que les entreprises se développent. Il félicite le président de la CCICK, Benjamin Mirindi, ainsi que toute son équipe et l’ambassade du Kenya pour avoir pris une telle initiative, tout en souhaitant « pleine réussite » à la CCICK.
Equity Group toutes griffes dehors
Le directeur général adjoint d’Equity Bank/RDC rappelle les douleurs d’enfantement de la CCICK. C’est un sujet, souligne-t-il, qui a été discuté depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, c’est un rêve qui se réalise. C’est donc une étape importante parce que les opportunités économiques au pays existent et sont nombreuses. « Ces opportunités ne demandent qu’à être encadrées, soutenues, appuyées et orientées vers des secteurs à même de créer plus de développement des activités ». Aujourd’hui, fait-il remarquer, il y a déjà des interactions des secteurs entre les deux pays mais ça demande un « encadrement, un accompagnement des acteurs pouvant orienter vers les meilleures activités les différents acteurs qui cherchent à évoluer dans le pays.
À travers la CCICK, est-il convaincu, différents entrepreneurs qui exercent en RDC trouveront des partenaires, une voie de sortie pour fructifier leurs activités parce qu’il y en a beaucoup au Kenya. « Les deux pays qui ont réussi à fraterniser et à dégager un cadre idéal à la promotion des investissements, feront tout pour que les entrepreneurs congolais puissent bénéficier de l’expertise de l’économie kenyane », déclare-t-il. Cette économie a montré qu’avec de l’organisation, l’ambition, surtout avec la volonté d’aller de l’avant, il est possible de transformer substantiellement une économie. « Quand nous parlons de potentiel en RDC, nous en voyons partout. Mais c’est l’accompagnement et le financement qui font défaut », dit-il. C’est dans ce cadre, poursuit-il, qu’Equity Group s’investit en RDC. « La vision, c’est d’être le champion de la prospérité socio-économique tout en transformant la vie des populations africaines parce que nous sommes convaincus que l’Afrique se transformera avec la participation des Africains », souligne-t-il.
C’est dans cet effort là que le groupe s’est armé des moyens et des structures fortes. Equity Group, c’est d’abord une banque d’investissement dont la vision est de « créer de nouvelles sociétés, de favoriser l’émergence de nouveaux entrepreneurs afin d’élargir l’assiette fiscale ». On ne parviendra pas à augmenter les recettes internes rien qu’avec les entreprises existantes. La banque d’investissement vient donc compléter cette offre.
Equity Group apporte aussi la solution des assurances. Beaucoup de gens hésitent pour entreprendre par manque de garantie, de sécurité et de couverture face aux exigences, notamment du secteur financier… La société d’assurances mise en place par Equity Group apporte cette solution afin d’accompagner certains entrepreneurs dans leur souci de transformer les opportunités et les potentiels qui existent.
Par ailleurs, le business suit aujourd’hui la trajectoire des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour répondre aux exigences de la mondialisation et des économies connectées. Cette offre est complétée par une société technologique qu’est la banque commerciale ou Equity Bank.
Elle présente en RDC depuis 2005 après s’être entré dans le capital de ProCredit Bank/RDC comme actionnaire majoritaire. Equity Bank/RDC, c’est 45 agences, 1 100 points cash…, « ce qui montre l’engagement ferme de pouvoir accompagner les entrepreneurs et les entreprises en RDC ».
En effet, Equity Bank pèse plus de 5 milliards de dollars, soit la taille de l’ensemble du secteur bancaire congolais. Et derrière Equity Group, il y a une fondation qui pose des bons actes sociaux en faveur des populations dans les pays où le groupe est présent. Un accès particulier est mis sur l’éducation, une manière de permettre à la jeunesse d’accéder à l’information pour que demain ils soient à même de transformer les économies de leurs pays.
Bref, Equity Group est un partenaire de choix pour la CCICK. Avec la libéralisation du secteur des assurances, Equity Group projette d’accompagner davantage d’opérateurs économiques à travers la CCICK. « C’est un petit pas aujourd’hui, mais c’est un pas de géant qui vient de s’accomplir pour que les relations entre la RDC et le Kenya ne soient plus comme par le passé ».
Un pari très relevé
À tout seigneur tout honneur, le président de la CCICK, Benjamin Mirindi, a, quant à lui, déclaré que l’heure de la 4è révolution a sonné. La mondialisation ne s’attarde plus uniquement sur la transformation des matières premières, la production agricole ou sur la distribution des biens et services. Aujourd’hui, les échanges sont devenus « un moyen d’enrichissement à travers le transfert de savoir-faire ».
Dans cette optique, « la révolution technologique ouvre plusieurs horizons et perspectives à l’entrepreneur dans son processus de conception de son produit et ses services ». D’après lui, les frontières en tant que telles n’existent plus. C’est avec cette vision que « la CCICK intègre une philosophie du monde des affaires et une volonté de l’accomplissement ».
Son équipe pluridisciplinaire basée en RDC et au Kenya a « un passé chargé d’expériences dans différents domaines des affaires dans les deux pays ».
Le but de la CCICK est d’« accompagner un entrepreneur ou une entreprise dans la mise en œuvre de son projet en vue d’optimiser la réussite de son transit vers la 4è révolution ». Pour ce faire, la chambre de commerce et d’industrie s’arme de plusieurs outils et s’engage à défendre les intérêts des entrepreneurs et sociétés à travers des « mécanismes originaux et infaillibles » tels que la cour d’arbitrage et médiation, l’organe anti-corruption, la maison de l’entreprenariat et le club business.
La cour d’arbitrage et médiation vient s’inscrire en complémentarité avec les structures qui existent déjà dans le pays, tout en mettant l’accent sur « une réactivité proche des besoins du terrain ». L’organe anti-corruption, qui se greffe sur la cour d’arbitrage et médiation, a pour rôle d’« informer sur les différentes pratiques et s’assurer que les membres de la chambre de commerce et d’industrie les lois du pays et le commerce sans entrave ni contraste ».
Tandis que la maison de l’entreprenariat est une « véritable plateforme fédérant toutes les parties prenantes dans la chaîne de valeurs ajoutées de création et de développement des entreprises en RDC ». En d’autres termes, c’est un « espace professionnel dédié délivrant toute une panoplie de services : conseil, accompagnement permettant de travailler en toute sérénité, programmes de formation ».
En tout cas, la maison de l’entreprenariat est tournée vers « le partenariat et la créativité pour une approche ouverte où tout a un impact largement différentiel ».
Enfin, le club business est un « réseau de directeurs, de dirigeants d’entreprises locales et internationales, œuvrant dans tous les secteurs d’activités en RDC et au Kenya ». L’objectif fondamental du réseau est de « développer les relations professionnelles et les opportunités d’affaires entre les membres dans un cadre stimulant les échanges et favorisant les idées, les conseils dans leurs activités respectives, de découvrir de nouveaux marchés à exploiter, de rencontrer des fournisseurs proposant de meilleurs tarifs qualité/prix et de trouver des financements à leurs projets dans une ambiance détendue à travers les différentes rencontres organisées en RDC et au Kenya ».
Bref, plusieurs activités vont être inscrites au calendrier de la CCICK.par exemple, il est prévu en décembre une rencontre entre les investisseurs kenyans et les opérateurs économiques du secteur des mines. En février 2018, ça sera le tour des opérateurs économiques des secteurs agricole et touristique, et en mars celui de ceux qui opèrent dans les secteurs des banques, des assurances et des nouvelles technologies de l’information et de la communication.