Prix Nobel de la paix : qui étaient les favoris ? Selon les pronostics des spécialistes, le Comité Nobel norvégien allait récompenser, le vendredi 6 octobre, la lutte antinucléaire. Après le président colombien, Juan Manuel Santos, primé en 2016, on a connu le prix Nobel de la paix 2017. Avant la publication, les pronostics sont allés bon train sur celui ou celle qui devait être retenu parmi les 318 candidats dont le Congolais Dr Deins Mukwenge. Si les noms de ces derniers sont restent secrets pendant 50 ans, leurs parrains (des parlementaires et ministres de tous pays, des universitaires…) peuvent révéler leur poulain. Assez pour comprendre qui sont les favoris du Nobel le plus attendu. À noter que si aucun nom ne fait l’unanimité, le prix peut ne pas être décerné, ce qui est arrivé 19 fois depuis sa création en 1901.
Cette année, plusieurs personnes pouvaient être récompensées pour leur effort en faveur de la paix dans le monde. Après avoir récompensé en 2016 le retour de la paix en Colombie, un prix à la lutte antinucléaire était de circonstance, ont convenu des commentateurs de la course au Nobel. Ainsi, Asle Sveen, historien du prix Nobel, voyait bien récompensés l’ex-secrétaire d’État américain, John Kerry, ainsi que les chefs de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et européenne, Federica Mogherini. Ils sont en effet à l’origine de l’Accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Il soumet le régime perse à un régime de surveillance strict de ses installations nucléaires. L’objectif ? Garantir la nature uniquement civile du programme. En échange, Téhéran bénéficie d’une levée progressive des sanctions économiques.
Mais au lieu de récompenser des dirigeants politiques, le Comité Nobel norvégien a choisi de distinguer la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), une coalition mondiale d’ONG. L’ICAN a à son actif un traité historique d’interdiction de l’arme atomique, signé par 122 pays en juillet. Le traité est néanmoins d’une portée essentiellement symbolique en l’absence de neuf puissances nucléaires. Le combat anti-nucléaire a déjà été récompensé dans le passé par le Nobel de la paix en 1962, en 1974, en 1985, en 1995 et en 2005.
Chevalier de la Légion d’honneur (France), prix des droits de l’homme des Nations-Unies, prix Sakharov…, Denis Mukwege, 62 ans, a déjà de nombreuses récompenses à son actif. Il devra prendre son mal en patience. Le prix Nobel de la paix, pour lequel il est donné favori depuis plusieurs années, ne serait cependant pas volé pour celui qu’on surnomme « L’homme qui répare les femmes ». Diplômé au Burundi, ce gynécologue congolais poursuit sa carrière en Europe avant de tout quitter en 1989 pour prendre la tête d’un hôpital en République démocratique du Congo. Dans un contexte de guerre civile, il se spécialise alors dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs et devient un des spécialistes mondial dans ce domaine.
Depuis 1999, ce sont 50 000 femmes qui ont été prises en charge grâce à ses soins. Un combat sur le terrain médical que ce médecin, aujourd’hui âgé de 62 ans, ne dissocie pas d’un combat pour les droits humains. Denis Mukwege veut « tout faire pour convaincre les leaders d’éradiquer le viol, un déni d’humanité, avec la même détermination que celle mise pour les armes biologiques, chimiques et nucléaires », confiait-il au Monde en 2016.