Il n’y a pas encore des statistiques officielles fiables sur l’économie numérique en République démocratique du Congo. Pourtant, des centaines de milliers de transactions sont effectuées via l’e-paiement. Certains pays africains ont déjà adopté la loi relative au commerce électronique. Ce texte vise à donner une assise légale à cette activité et à instaurer autour d’elle un climat de confiance propre à son extension. Il s’agit aussi de développer l’économie numérique dans le pays et offrir une protection aux consommateurs et à codifier la répression de toute fraude dans ce nouveau domaine.
Dans la pratique et en l’absence de statistiques officielles, des milliers de transactions sont effectuées au jour le jour depuis l’introduction du e-paiement en RDC. Actuellement, le service du paiement électronique se limite au paiement des factures d’électricité et de l’eau ainsi que de certains services tels que le réabonnement (Canal+), l’achat du carburant… Le ministre de la Poste, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (PT&NTIC), Emery Okundji, quant à lui, estime que les e-commerce, e-paiement et le mobile-paiement sont parmi les activités qui attendent d’être encadrées par une loi sur le commerce électronique et d’autres textes réglementaires. Il a annoncé que des projets de loi vont être déposés au Parlement par le gouvernement.
Il s’active pour que la révolution numérique devienne une réalité d’évidence. Partant, il encourage toute initiative allant dans le sens de la démocratisation des NTIC. C’est pourquoi, il demande aux opérateurs réseau de téléphonie mobile de déployer davantage les infrastructures nécessaires. Qui permettront aux Congolais de jouir d’une meilleure connexion à coût bas et d’accès facile et rapide aux services électroniques. Il y a donc tout un volet de déploiement d’un réseau de terminaux de paiement électronique qu’il faudra prendre en charge. Ce qui constitue un premier pas pour encourager les commerçants à se mettre au e-commerce. Certes, les détaillants du commerce vont hésiter à s’impliquer dans l’e-paiement, en raison de leurs habitudes à préférer le paiement cash pour faire solder leurs prestations.
En RDC, la monétique n’est pas encore suffisamment développée, eu égard à plusieurs causes, dont notamment la faiblesse de la bancarisation, le recours à la monnaie fiduciaire et le manque de culture bancaire. Dans ce cadre, l’instauration d’une politique de développement des moyens de paiement s’avère une nécessité absolue. Une économie moderne, puissante, performante et compétitive ne peut exister sans un système bancaire et financier moderne, puissant, performant et ouvert. La réalité démontre malheureusement le faible taux d’utilisation des cartes, conséquence d’une insuffisance d’actions marketing visant à convaincre les clients pour l’utilisation des cartes de retrait et de paiement. Ceci peut éventuellement s’expliquer par une absence de motivation de la part des banques, font remarquer des experts.
D’après eux, un service du e-paiement ou paiement à distance est généralement mis en œuvre par les banques (publiques et privées) et des web marchands. C’est un besoin pressant de la part du secteur économique, notamment des entreprises. Le paiement à distance va permettre la bancarisation de l’économie.
C’est avant tout une nécessité économique
Par exemple, l’expérience de la monétique dans les pays maghrébins a démontré que les systèmes électroniques de paiement ne sont pas une mode à suivre, mais une nécessité sur le plan économique. La plupart des pays ont mis en place une société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (SATIM) pour aller vers la monétique. Les avantages d’un tel schéma sont: pas de risque de vol de cash, image de modernité et plus besoin de penser aux heures d’ouverture des agences bancaires. Mais l’e-paiement nécessite une évolution de l’environnement règlementaire tenant compte de tous les acteurs, soulignent les mêmes experts.
Malgré plusieurs obstacles, des jeunes entrepreneurs se lancent dans le commerce électronique dans certains pays africains. Plusieurs d’entre eux proposent des milliers de produits sur leurs sites Internet aux consommateurs, mettant l’État devant la réalité et l’obliger à adapter sa législation à ce nouveau mode de commerce, au lieu d’attendre que le gouvernement prenne l’initiative. En l’absence de paiement en ligne, ces sites ont pensé à d’autres alternatives. On citera le paiement cash à la livraison, malgré qu’elle soit la moins sûre parmi les autres options.
En effet, le risque de fausses commandes est très fort, il faut noter ici que les sites qui proposent la solution de paiement à la livraison assurent la livraison eux- mêmes par leur propre moyen. D’autres sites offrent à leurs potentiels clients une panoplie de produits (électronique, cosmétique, habillement, meubles…). De l’achat en ligne à la livraison, l’opération prend de 3 à 5 jours, dans la capitale. Dans les autres régions, l’opération peut durer jusqu’à 30 jours. Autre possibilité : le paiement par chèque ou par virement. Cette option est beaucoup utilisée aussi par les sites marchands, elle présente plus d’assurance, les sites ne livrent pas les marchandises avant de s’assurer que leur compte est déjà crédité par la somme de la commande.
Il y a également le paiement à travers des intermédiaires de paiement en ligne. L’avantage de ce mode de paiement est l’instantanéité, cette option permet d’assurer un paiement immédiat après la confirmation de la commande.
Pour faire simple, la solution de paiement en ligne propose une carte prépayée à ses clients, Il suffit de créer un compte chez l’opérateur, de le charger en achetant des cartes prépayées qui sont disponibles sur tout le territoire national, et de payer ses achats sur les sites marchands partenaires qui proposent ce mode de paiement, si l’ouverture d’un compte sur cette plateforme est gratuite pour les particuliers, les professionnels doivent quant à eux payer les frais de tenue de compte, c’est la seule source de revenu pour l’opérateur.
Émergence des startups
Une conférence internationale sur « l’investissement dans l’économie numérique et les startups » était prévue à Kinshasa du 6 au 7 juillet à Kinshasa. L’objectif de la conférence était de jeter les bases d’une plate-forme pour la création d’un écosystème dynamique du numérique et des startups. Mais aussi de partager des expériences avec les acteurs d’autres écosystèmes africains et européens sur la façon dont ils ont construit leurs écosystèmes dans leurs pays et de promouvoir l’investissement local pour l’émergence de startups dans différents secteurs. Par exemple, EduTech, pour répondre aux besoins dans le secteur de l’éducation ; HealthTech, pour répondre aux besoins dans le secteur de la santé ; FinTech, pour favoriser l’inclusion financière ; E-commerce, pour offrir le même niveau de qualité en biens et services à la majorité des populations ; etc. Selon Konnect SAS, à l’origine de cette initiative, en partenariat avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et la Silikon Bantu (le cluster national d’acteurs numériques), la conférence devrait proposer des pistes pour mettre sur pied des mécanismes qui permettront au pays de tirer davantage profit des opportunités sociales, politiques et économiques que la technologie numérique apporte pour le développement.
Parallèlement, la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise (CCIFC) a organisé, dans le cadre de la Semaine française de Kinshasa, une série de conférences autour du numérique et de l’agribusiness. La RDC est en manque d’initiatives. L’Internet est encore un luxe pour la grande partie de la population congolaise dont le revenu est faible. Pourtant, la RDC s’est engagée à entreprendre plusieurs projets de NTIC. Le programme gouvernemental procède du potentiel dans ce secteur et de l’étendue du marché et des besoins, présents et à venir, des entreprises nationales encore sous-exploités.
Par exemple, en 2016, il fallait porter la télé-densité à 40 lignes de téléphone fixe ou mobile pour 100 habitants ; poser 5 000 km de câble de fibre optique sur toute l’étendue du territoire national (réseau national de fibre optique ou backbone); connecter environ 30 millions de lignes fixes et mobiles (réseau métropolitain) ; informatiser l’administration publique et les services spécialisés de l’État, ainsi que les postes frontaliers. Pour atteindre ces objectifs, il était prévu d’améliorer la gouvernance et la concurrence dans le secteur, par l’assainissement du spectre des fréquences… Tous ces projets et bien d’autres n’ont pas été menés à leur terme en 2016.