Elles sont trop moches, pas fiables, pas rationnelles, sans personnalité, trop gourmandes, trop bizarres, trop exotiques (rayez la mention inutile), bref, personne n’en veut. Elles ont fait un bide (véritable ou relatif) en neuf, et en occasion c’est pire. Mais au fait, dans le lot, ne peut-on trouver quelques perles ? De bonnes affaires au final ? Bien sûr pardi ! Il est de ces automobiles pour lesquelles lorsque vous dites à vos amis « tiens, pourquoi tu te prendrais pas une xxx en occasion ? », la réponse est invariablement « non mais tu rigoles, jamais de la vie ! »…
C’est de celles-là dont nous allons parler. Celles dont personne ne veut. Les vilains petits canards, les laissées pour compte, bref, les « intouchables » de l’automobile. Celles dont la possession déclenche au choix la pitié des voisins ou les moqueries des collègues, voire les deux… Pourtant, parmi ces mal-aimées, certaines sont en fait tout simplement de très bonnes bagnoles. Ou du moins, certaines versions, ou certaines années.
Alors, de deux choses l’une. Soit vous revendez rapidement vos voitures, et elles ne seront jamais faites pour vous, soit vous avez l’habitude de les garder longtemps ou jusqu’au bout, et là, banco ! Voici un listing non exhaustif de bonnes affaires qui se cachent derrière les spectres du dégoût.
Celles qui sont « trop moches »
Une catégorie assez fournie, à l’intitulé délibérément provocant. Parlons plutôt de physique « pas facile » pour ces autos au design (au choix) trop osé, trop insipide, trop en avance sur son temps ou trop décalé.
La Fiat Multipla
On ne pouvait évidemment pas passer à côté de cette incarnation du moche. Oups, pardon… De l’originalité. La première apparition du monospace compact de Fiat a fait énormément jaser. Son « bec de canard » en premier lieu. De fait, le physique de ce transport de troupe (rappelons qu’il disposait de six places en deux rangées de trois) ne pouvait évidemment pas plaire à tout le monde. Mais ses qualités sont ailleurs. Pas du côté de la finition, très moyenne. Mais son habitabilité était remarquable, ses aspects pratiques aussi. Dans un gabarit inférieur à 4 m de long (soit celui d’une Peugeot 306), le Multipla casait 6 passagers et 430 litres de coffre. Sa tenue de route de karting, grâce à des voies larges, et des moteurs suffisants et sobres en diesel (JTD), ajoutés à des coûts d’entretien réduits finissent de faire de lui un choix à envisager en occasion, lorsque l’on a un tout petit budget. Et la fiabilité, aussi bien en essence qu’en diesel, est franchement bonne. Bien sûr, son manque de sex-appeal fait que les cotes sont (pour l’instant) très basses. De 3 000 euros à 5 000 euros pour un modèle de moins de 150 000 km. Attention, il devient rare et son originalité est telle que les cotes… remontent ! Le modèle restylé, plus consensuel, est presque moins plébiscité.
La Renault Vel Satis
Hideuse, dérangeante, baroque diront certains, il est clair que la Vel Satis n’a pas été considérée comme un prix de beauté. Ses lignes carrées et alambiquées, ses volumes déséquilibrés, son hayon « cassé », n’ont pas transporté les foules en concession. Succédant à une Safrane plus classique, elle a fait un flop. Mais ce n’est pas la seule raison, on le verra aussi plus tard. Cependant, une fois à l’intérieur, la berline Renault retrouve des couleurs. L’espace est géant, le confort remarquable, c’est un véritable salon roulant, et très bien équipé pour l’époque. La qualité de finition approche celle des premiums. Le restylage a (un peu) amélioré la plastique, beaucoup la fiabilité. On trouve aujourd’hui des modèles avant restylage qui ne coûtent plus que 6 à 7 % de leur prix neuf. À partir de 2 500 euros. Parfois 3 000 euros pas plus pour un modèle V6 essence ou diesel d’après restylage. De véritables aubaines, car cela représente une décote de 95 % ! Dans le même temps, une BMW Série 5 équivalente ne sera pas à moins de 7 000 euros (plutôt 9 000 euros), et avec plus de kilomètres !
La Citroën C6
Elle était bien partie, cette C6. Avec un nom prestigieux rappelant un modèle haut de gamme d’avant-guerre (1928), et un style inspiré de celui de la bien connue CX… Mais elle a fait pschitt… Elle avait pourtant tout pour plaire. Enfin tout… presque. Il manquait un volume de coffre décent, et des équipements au niveau de ceux des allemandes. Car elle en revendiquait le standing, et en affichait presque les prix. Dommage, car elle aurait pu représenter un vrai haut de gamme à la française, dans la plus pure tradition Citroën. Avec ce je-ne-sais-quoi de classe qui a caractérisé en leur temps les Traction ou les DS. Mais cette grande berline, si elle a servi de véhicule d’apparat à quelques responsables politiques, n’a pas séduit la clientèle habituelle des chevrons. Trop chère, trop étriquée dedans, mais aussi trop classique dans l’habitacle, peut-être. Du coup, aujourd’hui, elle s’échange contre des bouchées de pain. En neuf, il fallait compter entre 40 000 et 58 000 euros. En occasion aujourd’hui, on trouve les modèles les plus chers, soit ceux à 58 000 euros neuf, à partir de 6 000 euros pour un kilométrage raisonnable (130 000 km), et même en dessous de 4 500 euros pour des kilométrages plus élevés (180 000 km). Et cela en profitant d’un V6 diesel de 208 ch ! Alors si les défauts de cette C6 ne vous rebutent pas, si vous appréciez son style et son charme, foncez !
La Renault Wind
L’idée n’était pas mauvaise. Proposer un cabriolet sur base de Twingo, quelque chose de décalé, pour deux personnes, avec un grand coffre. Et un style bien différencié. Trop ? Il semblerait. Car la Wind s’est pris un gros vent. Ses qualités dynamiques, réelles, ses moteurs pétillants (dont celui de la Twingo R.S.), son coffre effectivement volumineux, sa présentation bien différente de celle de la minicitadine lui servant de base, rien n’y aura fait. Son look extraterrestre, ses yeux de batracien, son toit pivotant n’ont pas séduit, et la commercialisation a pris fin sans tambours ni trompettes au bout de 4 ans seulement. Renault voulait en écouler 150 000 exemplaires chaque année pleine, ce sera 13 000 en tout sur les 4 de sa courte vie. Un des pires flops de l’histoire. Ce modèle découvrable a pourtant des qualités, nous en avons énuméré certaines. Et aujourd’hui, même si personne ne s’y intéresse, les prix restent assez soutenus, plus que ne laisserait supposer le désamour la concernant. Un modèle 2011 peu kilométré se trouve à 7 000 euros et les premiers prix sont à 5 000 euros, pour des prix neufs compris entre 16 000 euros et 21 000 euros.
La Fiat Croma 2 SW
On a pu l’apercevoir rapidement en région parisienne car certains taxis ont utilisé ce modèle. Mais en dehors de ça, peu l’ont croisée, et tout le monde l’a oubliée. La Croma, après avoir été une berline des années 1980 et 1990, revient en 2005 avec un look de monospace, ou de grande berline deux volumes, à la manière d’une… Vel Satis. Elle prend d’ailleurs l’appellation SW, comme les breaks de la marque. Elle a fait un véritable bide, avec son look sans relief, et sa commercialisation s’est arrêtée au bout de 5 ans. Pourtant, c’était une familiale pétrie de qualités. Espace, volume de coffre étaient des atouts, la dotation en équipement ainsi que la qualité de fabrication aussi. Une des Fiat les mieux finies de tous les temps. Et dotée de moteurs efficaces et parfois puissants (jusqu’à 200 ch en diesel avec le Multijet 5 cylindres). On la trouve aujourd’hui, en version diesel 120 ch ou 150 ch, de 2006 ou 2007, voire 2008, à moins de 4 500 euros pour un kilométrage encore raisonnable par rapport à l’âge (environ 150 000 km). Une sévère décote de près de 90 %. La fiabilité ne pose pas de souci particulier, tordant le cou aux idées reçues sur la marque.
La Seat Toledo 3
La Seat Toledo s’est pas trop mal vendue tant qu’elle est restée une berline tricorps (ou fausse tricorps pour la première génération, avec son hayon).
Mais le troisième opus, commercialisé fin 2004, basé sur le monospace compact Altea, et donc doté d’un profil 2 volumes et d’une grande hauteur, a lui connu une mévente redoutable. D’autant que la découpe de son hayon a rappelé à beaucoup celui de la… Vel Satis (encore elle !). Bref, un loupé. Du coup, une fois de plus, les prix sont serrés en occasion, et de bonne affaires sont à faire, avec des modèles diesels performants 2.0 TDI 140 ch de moins de 150 000 km, huit ans dans les jantes, et moins de 5 000 euros. Même un Renault Scénic, pourtant ultra-répandu et donc avec une tension à la baisse de ses tarifs en seconde main, est plus cher pour un modèle équivalent, d’au moins 1 500 euros. La Toledo profite de plus d’une belle habitabilité et d’un volume de coffre digne de ce nom (500 litres). Sa qualité de finition est moyenne, mais elle vieillit assez bien au final.
La Lancia Thesis
L’adjectif qui correspond le mieux à la Lancia Thesis est sans aucun doute « baroque ». Un peu trop pour le public français… Son style inimitable n’a pas provoqué le coup de cœur du public. La voiture du Président italien n’a pas fait mouche, y compris en Italie d’ailleurs. Pourtant, sa qualité de fabrication est remarquable, ses équipements à la pointe de l’époque, son habitacle luxueux. Entièrement tendu d’alcantara, il en jette. Mais quand le physique ne plaît pas… rien ne va.
On en trouve aujourd’hui à partir de 2 000 euros avec le 2.0 turbo essence. Pour des prix neuf supérieurs à 40 000 euros. Un bel exemplaire peu kilométré se négocie cependant 6 000 euros (diesel 2.4 JTD 185 ch). Si vous n’avez pas peur de rouler dans un véhicule très décalé et original, mettez cette Thesis dans votre short-list des bizarreries à envisager.
Les (anciennes) Ssang Yong (toutes…)
Le souci des anciennes SsangYong, et sans vouloir faire insulte aux goûts de certains, est un design pour le moins particulier. Les Actyon et Kyron par exemple, des SUV, ou le Rodius de première génération, un grand monospace, font figure d’ovni dans le paysage automobile, et apparaissent fréquemment dans les palmarès des automobiles les plus moches de tous les temps. Soit. Une aubaine pour ceux qui recherchent des véhicules ultra-fiables, bien équipés et, en ce qui concerne le Rodius, très volumineux et habitable. Car ils cochent ces cases-là, et plutôt deux fois qu’une. On trouve par exemple des Rodius à partir de 3 500 euros, et autour de 7 000 euros pour un modèle correct. Le prix n’est pas aussi bas que l’on pourrait s’y attendre, ce qui n’est pas un argument supplémentaire pour encourager son succès.
L’équivalent en taille, équipement et puissance est difficile à trouver. Chez Volkswagen (un Sharan par exemple, bien que plus petit), ce sera entre 6 000 et 8 000 euros. Sauf que le SsangYong, vous pourrez le négocier car les acheteurs ne se bousculeront pas ! Un SUV Actyon est plus abordable, en moyenne 4 000 euros pour un exemplaire correct. À garder jusqu’à la fin.
L’Audi A2
On ne penserait pas retrouver une Audi dans cette sélection. Certes. Mais l’A2 est un cas à part dans la gamme du constructeur aux anneaux. Sorte de petit minispace citadin, doté d’une carrosserie en aluminium, très léger et en contrepartie doté de moteurs peu puissants (mais suffisants), l’A2 a surtout été vendue bien cher par rapport au produit. Et son manque de succès (ainsi que des coûts de fabrication élevés et non amortis par le volume de vente) a forcé la marque à cesser sa commercialisation prématurément, et à ne pas la renouveler. Pourtant, elle était agile en ville, très sobre grâce à sa légèreté, correctement équipée en finition haute, bien finie, habitable. C’est le style peut-être trop différent de celui du reste de la gamme qui a dérouté les acheteurs, ainsi que le prix, équivalent à celui d’une compacte A3. Aujourd’hui, on trouve des A2, certes pas mal kilométrées, à des prix défiant toute concurrence pour une marque premium. À partir de 2 500 euros.
Celles dont le constructeur a disparu
Certains constructeurs ont baissé le rideau, ou bien ne vendent plus en France… Ainsi, les Dodge, Chevrolet ou MG, un temps officiellement vendues dans l’hexagone, ont perdu tout attrait lorsque ces marques se sont retirées. Mais d’autres, comme Saab, Hummer, Lancia sont aussi dans le même cas.
Pas forcément à succès lorsqu’elles étaient vivantes, elles tombent carrément dans l’anonymat depuis la mort pure et simple du blason. Dans les deux cas, les décotes observées sont devenues, sauf exception, vertigineuses. Une Saab 9-5 diesel 150 ch de 2007 peut se négocier autour de 6 000 euros (entre 31 000 euros et 39 000 euros neuve). Pendant ce temps, une BMW Série 3 diesel 320d de 163 ch (entre autre exemple), de la même année, se négociera en moyenne 11 000 euros. Leurs prix neufs étaient comparables.
Une Rover 75
Les Rover aujourd’hui, tous modèles confondus, sont données. La peur de ne plus pouvoir trouver de pièces fait partie de ce qui fait baisser les cotes. Pourtant, elles se trouvent encore facilement via Xpart, filiale de Caterpillar. On trouve le haut de gamme 75 à moins de 4 000 euros pour des kilométrages inférieurs à 150 000 km. En diesel, 4 cylindres ou V6 essence. De très bonnes voitures, à la présentation qui change un peu de l’ordinaire. Le principe est un peu le même pour les Lancia.
Pour Chevrolet aussi, l’annonce de l’arrêt de la distribution en Europe a signifié le début de décotes phénoménales.
Pourtant, les propriétaires actuels arrivent toujours à les faire entretenir, car si la vente n’est plus, les ateliers des anciennes concessions réparent toujours ! Cependant, une Cruze (familiale) de 2009 ou 2010, 150 000 km, se dégote sous les 5 000 euros, en essence comme en diesel. Et si la finition des Chevrolet n’est pas à citer en exemple, les prestations d’ensemble sont correctes, et la fiabilité de bon niveau, surtout en essence.
Celles qui ne sont « pas fiables » mais alors « pas fiables du tout ! »
Et il faut préciser ici : « celles qui ne sont pas fiables, et pour lesquelles le grand public est au courant ». Car il existe bien d’autres voitures à la fiabilité aléatoire, parfois pire que les modèles ici cités, mais qui se sont toujours bien vendues, en neuf comme en occasion. Certainement grâce à une réputation de fiabilité usurpée, ou une image de marque qui fait qu’on passe sur les problèmes rencontrés, alors qu’on ne les excuse pas pour d’autres.
La Renault Laguna 2
C’est le mouton noir de Renault. À sa sortie en 2001, elle inaugure un système électronique multiplexé pas fiabilisé qui provoquera des soucis énormes. Et ses moteurs diesels 1.9 dCi et 2.2 dCi (surtout le 1.9 dCi 120), ont connu une série impressionnante de problèmes. Les périphériques faisant aussi des leurs, les propriétaires se sont vite retrouvés aussi souvent au garage que sur la route.
Et ce mauvais départ a scellé le sort de la Laguna 2. Pourtant, après 2005 et un restylage bienvenu, la Laguna 2 a retrouvé une fiabilité tout à fait intéressante. Et un achat en occasion peut s’envisager. Les prix sont alors très bas, ces modèles pâtissant à tort de la mauvaise image globale. Des affaires sont à faire !
La Renault Vel Satis
Mêmes causes, mêmes effets. Nous retrouvons ici la Vel Satis, qui non contente d’avoir un physique difficile (voir plus haut), a également souffert d’une fiabilité très hasardeuse, comme la Laguna 2. Du moins en début de carrière.