Le gouvernement va à nouveau en guerre contre les déchets plastiques

Faut-il interdire la production et l’usage des produits plastiques ? Ou faut-il simplement penser à leur recyclage. Les pros et les antis plastiques s’empoignent après que le gouvernement a lancé un ultimatum.

 

Six mois, pas plus ! C’est le moratoire que donne le gouvernement avant d’appliquer la décision d’interdiction des sacs plastiques non biodégradables. C’est une nécessité environnementale, comme cela s’est fait déjà dans plusieurs pays d’Afrique, se félicitent les défenseurs de l’environnement. Apparemment, la population n’appréhende pas encore l’impact néfaste des produits plastiques qui envahissent nos villes. Aujourd’hui, la question n’est plus à l’interdiction de la prolifération des sacs non biodégradables, mais à la pérennisation de cette action. Cette initiative demeure également importante face à l’inexistence d’une vraie politique d’urbanisation et d’assainissement des villes.

Les environnementalistes expliquent que les déchets non biodégradables mettent entre 100 et 400 ans. Vu sous cet angle, la République démocratique du Congo connaît un réel problème de gestion des déchets plastiques et la pollution causée par ceux-ci est devenue source d’insalubrité. Leur préoccupation est que l’État mette en place des programmes d’éducation de la population aux éco-gestes, au tri sélectif, à la réduction, à la source des déchets et à la durée de vie des macros déchets. En effet, les sacs plastiques exercent une menace directe sur les écosystèmes, particulièrement marins, puisque 75 % des déchets en mer sont en plastique et affectent plus de 260 espèces.

La législation doit donc s’accompagner de mesures de répression afin d’être efficace. De plus, les récalcitrants doivent être exposés à une amende pour faire respecter la loi. Cependant, les antis mesures d’interdiction estiment que le gouvernement doit agir autrement : penser au recyclage pour ainsi instaurer un système de collecte efficace des déchets et des matières recyclables. Ce qui s’avère un long processus. En attendant, des initiatives individuelles voient le jour au Congo. Méconnu du grand public, des Congolais collectent les matières plastiques pour ensuite les vendre aux sociétés telles que Ragec. La société Himo et l’ONG AK 24 se sont également spécialisées dans le recyclage des matières plastiques pour la fabrication des pavés. Une façon de donner une seconde vie au plastique usagé.

Comme toutes les grandes capitales du monde, Kinshasa souffre des problèmes avérés des villes modernes populeuses. Parmi ces problèmes, il y a notamment la gestion des déchets, dont une grande partie est constituée par des flacons, pots, gobelets et sachets en polyéthylène ou plastique. L’effet de mode a poussé les vendeurs à opter pour ces emballages réputés « hygiéniques » et « très pratiques », et à abandonner malheureusement les emballages en bouteille en verre pour les boissons et le papier recyclable et biodégradable pour les vivres. Considérés comme des emballages sûrs, les sacs plastiques ont envahi tout le commerce, de produits alimentaires aux biens vestimentaires, en passant par les produits pharmaceutiques.

Malheureusement, au fil des années, à la suite de la forte demande, les sociétés de fabrication de plastique produisent ces emballages bon marché en quantité industrielle. Et faute de recyclage, ce produit jeté partout, hors des poubelles ou des dépotoirs publics, s’est révélé à travers le pays, extrêmement polluant pour l’environnement.

Dans l’Union européenne, l’usage des sacs plastiques à usage unique fait l’objet, depuis le 1er janvier, de strictes restrictions même lorsqu’il s’agit d’emballer les aliments (fruits, légumes, fromages). Mais en France, ce n’est qu’en juillet, en application de la loi sur la transition énergétique, les sacs plastiques à usage unique ont été interdits aux caisses des magasins. Depuis lors, en France, les sacs en plastique d’épaisseur inférieure à 50 micromètres, sans considération de volume, sont également interdits. En échange, on propose aux consommateurs des sacs plastiques réutilisables (plus de 50 micromètres) ou des sacs en papier.

Le plastique fait tendance à Kin 

Appliquer de telles restrictions en RDC correspondrait à un suicide collectif. À Kinshasa, particulièrement, tout ou presque est en plastique : chaise, table, verre, armoire, évier, etc. Et le plastique s’est introduit dans tous les domaines, de l’agro-alimentaire au secteur de bâtiment et travaux publics (BTP) qui connaît par ailleurs un boom continu ces quinze dernières années. Des tuyaux PVC de toute dimension, des gouttières, des plexi-glass, se vendent aussi bien que le ciment ou la caillasse.

Beaucoup de magasins, de commerces unipersonnels de vente des articles et d’ouvrage en plastique ont champignonné dans toute la capitale.

Et l’État trouve aussi son compte. Les articles et les ouvrages plastiques ont rapporté plus de 560 millions de francs au Trésor public à titre de droits d’accises relevant du régime intérieur en 2015, et plus de 530 millions de francs. Les assignations de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) pour les produits plastiques en régime intérieur dans le budget général 2017 sont de 643 millions de francs. Importateurs chinois, libanais et indopakistanais se disputent le marché des plastiques.

L’usage le plus courant des plastiques en RDC, c’est dans les industries cosmétiques et des eaux, limonades et jus.

À l’occasion de la Journée mondiale sans sacs plastiques, le 3 juillet, des ONG environnementales saluent les avancées pour une croissance verte tout en rappelant la préoccupation mondiale sur la façon de gérer autrement les déchets. Le but de la célébration de la journée mondiale sans sacs plastiques est de souligner les alternatives aux sacs à usage unique en plastique et les dangers qu’ils présentent pour les écosystèmes marins et terrestres. C’est l’occasion pour les défenseurs de l’environnement d’appeler les gouvernements à prendre des mesures pour réduire la production des sacs plastiques et leur élimination.

Cette année, ces associations souhaitent que tout le monde doive assumer ses responsabilités dans le monde. Au lieu de sacs en plastique pour être utilisé lors de l’achat sac en tissu! Plusieurs pays commencent à prendre des mesures contre les sachets plastiques car, abandonnés dans la nature, ils défigurent le paysage.