L’économie nationale ne s’est pas encore remise des pillages de triste mémoire de septembre 1991 et de janvier 1993. Depuis, la République démocratique du Congo est prise dans un tourbillon de désindustrialisation. Les milieux d’affaires dans l’ensemble s’en préoccupent ces dernières années, jamais comme auparavant. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) se trouve au front sur la première ligne face au gouvernement qu’elle accuse d’« être à la base du retard industriel » que connaît le pays. La FEC peut-elle remporter seule le combat de ré-industrialisation dans le pays ou faut-il mener le combat avec les autres ? Qu’en est-il justement des autres composantes du patronat ? Est-ce que le secteur privé a encore le pouvoir de bouger les lignes ou tout au moins d’influer efficacement sur les décisions du gouvernement en matière d’économie ?
Quid du secteur privé ?
En ce qui concerne l’industrialisation, la FEC attaque le gouvernement de ne pas suivre le paradigme classique, à l’instar de certains pays d’Asie ou d’Europe qui sont parvenus à transformer la structure de leurs économies. D’aucuns pensent que le secteur privé mobilise nettement moins aujourd’hui sur cette problématique. Le secteur privé est considérée comme la composante de l’économie où l’État intervient peu ou pas. On l’oppose au secteur public qui est principalement dirigé par l’État.
La notion du secteur privé s’étend aujourd’hui au-delà du seul cadre des entreprises privées. On y inclut aujourd’hui les banques privées, les fonds d’investissement privés, les mutuelles, les coopératives, les associations et les organisations non gouvernementales. Mais on retiendra utilement que le secteur privé correspond au secteur d’activité de l’économie où l’État intervient peu ou pas. Il est constitué principalement des entreprises privées appartenant à des particuliers et dont la raison d’être est le profit.
Il faut dire que le secteur privé n’est pas en situation d’antagonisme avec le gouvernement.
Au contraire, il est complémentaire au secteur public et essentiel à la croissance et la création de richesses dans un pays. Le secteur privé permet donc de créer des emplois dans des secteurs d’activité qui ne sont pas pris en charge par l’État et contribue au développement social et technologique ainsi qu’à l’innovation.
Le rôle du secteur privé est central pour le développement car il tire la croissance, en particulier en Afrique où la problématique essentielle est de trouver des emplois pour les jeunes. Les équilibres économiques dans le monde ont changé. La crise financière de 2008 a rebattu les cartes. La communauté internationale a pris conscience que nous n’avons pas seulement besoin de milliards de l’aide publique au développement pour répondre aux besoins. Lors de l’adoption des objectifs millénaires pour le développement, la réflexion portait essentiellement sur le secteur public. Mais le secteur privé est central. On ne va créer des emplois de fonctionnaires mais des emplois dans le secteur privé qui regroupe les multinationales mais également les petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI) et l’auto-entreprenariat.
Le face-à-face compliqué
Les gouvernements se doivent donc de composer avec les entreprises, les convaincre de participer à l’effort mondial de financement du développement. D’un côté, les gouvernements et l’opinion publique peuvent penser que le secteur privé veut avant tout toucher des bénéfices sans prendre de risques. De l’autre, les entreprises peuvent craindre que les gouvernements avec qui elles coopèrent sont corrompus.
Le développement des entreprises va entraîner le développement des pays. Les banques de développement peuvent jouer le rôle de tiers de confiance dans ce face-à-face compliqué entre privé et public. Certains craignent une « privatisation » de l’aide au développement.
Le rôle des entreprises est de se financer elles-mêmes pour entraîner le développement des pays.
Mais il faut rester vigilant, notamment sur les flux financiers illicites, la corruption, la criminalité et le pillage des ressources. Il faut également vérifier qu’il n’y ait pas un déséquilibre dans les négociations. Dans le cas des partenariats public-privé, l’administration publique doit être capable de communiquer avec le secteur privé et avec le gouvernement. En somme, il faut créer une certaine bureaucratie qui contrôle.