Les priorités d’investissements

L’infrastructure héritée de la colonisation a été conçue pour exploiter les matières premières. Les services sont limités, notamment par manque d’interconnexion modale. Les défis à relever sont multiples : réhabiliter et moderniser les équipements, réformer la gestion des ouvrages...

 

En termes de priorités, plusieurs études suggèrent un fort taux de rendement interne potentiels pour la réhabilitation du chemin de fer Matadi-Kinshasa, du port de Matadi, et du corridor fluvial Kinshasa-Kisangani. Cependant des questions importantes se posent en matière de priorités pour l’accès à la mer à partir de Kinshasa, la construction d’un corridor ferroviaire continu entre Pointe-Noire et Kinshasa (via un pont sur le fleuve Congo) étant une option importante. Par ailleurs, le secteur agricole est fortement pénalisé par les difficultés d’accès au marché, dues notamment à l’absence de routes rurales. Enfin, plusieurs enquêtes ont mis en exergue l’importance des procédures (tarification et modalités de gestion) requises pour assurer la maintenance du réseau.

La navigation maritime et fluviale, la gestion du trafic aérien, le transport ferroviaire et le réseau routier national sont de l’unique responsabilité du gouvernement. Quatre ministères sont impliqués dans la gestion du transport : le ministère des Transports et des Voies de Communication, le ministère du Portefeuille, le ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, et le ministère du Développement rural pour les routes de desserte agricole.

Privatisations

Les domaines de compétences respectifs ne sont pas clairement définis. Par exemple, le ministère du Portefeuille et le ministère des Transports se partagent la responsabilité de la supervision des entreprises d’État du secteur des transports. Cette situation ambiguë des responsabilités handicape les relations entre l’autorité de tutelle et les entreprises d’État qui contrôlent des flux financiers importants, malgré la quasi faillite de la plupart d’entre elles. Toutefois, le processus de transformation en cours des entreprises du portefeuille de l’État tend à corriger cette situation, en consacrant la tutelle unique des agences étatiques, tout en maintenant l’autorité normative du ministère des Transports et des Voies de Communication sur toutes les structures tant publiques que privées du secteur.

Le secteur du transport a hérité d’un système de monopoles dans lequel la concurrence n’avait pas vraiment sa place. Cependant, à la faveur du déclin des acteurs étatiques traditionnels, un secteur privé fortement informel s’est progressivement développé dans pratiquement tous les modes de transport et la concurrence a progressivement émergé au mépris des règles établies. La maintenance du réseau routier est sous la responsabilité de l’OR (Office des routes) de l’OVD (Office des voiries et drainages) et de la DVDA (Direction des voies de desserte agricole). La SCTP, ex-ONATRA, exploite les ports maritimes, assure le transport fluvial et ferroviaire. La RVA (Régie des voies aériennes) supervise le trafic aérien et assure la gestion des aéroports, tandis que la RVF (Régie des voies fluviales) et la RVM (Régie des voies maritimes) assurent le dragage et la maintenance des fleuves navigables et le balisage de la section du Congo située entre Matadi et l’océan. Les principales entreprises publiques prestataires de services dans le secteur des transports ferroviaires sont la SNCC, le CFU (Chemin de fer des Uélés) et le CFMK (Chemin de fer Matadi-Kinshasa). La distinction entre agences réglementaires et prestataires de services n’est pas clairement définie. Ainsi, la SCTP opère un service de transport fluvial ainsi que le CFMK. Ensemble, les entreprises publiques du secteur des transports génèrent un chiffre d’affaire d’environ 300 millions de dollars, soit entre 2.5 et 5 % du PIB, selon les estimations. La tarification du transport ferroviaire est défavorable, en particulier étant donné la qualité du service, ayant pour effet de faire basculer une partie excessive du transport sur le réseau routier, avec les surcharges et la dégradation des revêtements que cela implique. Cette tarification défavorable est liée au niveau excessif des coûts fixes. Celui-ci, à son tour, est lié à deux facteurs. Le premier est l’utilisation sous-optimale du capital par la SNCC. Les mêmes remarques s’appliquent aux autres opérateurs du secteur public, dont les tarifs sont généralement très élevés, même par les standards du continent, et dont tous sont en manque de restructuration et de dégraissage, voire de liquidation. La plupart exercent des ponctions importantes sur les finances publiques, tout en contrôlant des flux financiers importants qui donnent lieu à des utilisations non contrôlées.