Ethiopian Airlines voit grand

La compagnie aérienne éthiopienne veut écrire une nouvelle page de son histoire. C’est un programme ambitieux qui est concocté pour l’avenir dans la perspective d’une concurrence accrue entre les compagnies et d’un accroissement du trafic d’ici 2030.

 

26La compagnie négocie actuellement des accords de partenariat dans cinq pays africains et prévoit de porter le nombre de ses appareils à 150, d’ici 2025. « Nous ambitionnons de créer une nouvelle compagnie aérienne au Mozambique qui sera une filiale à 100 %. Des négociations sont également en cours avec le Tchad, Djibouti, la Guinée équatoriale et la Guinée pour créer des compagnies aériennes », a déclaré le directeur général d’Ethiopian Airlines, Tewolde Gebremariam. Et de poursuivre : « À l’avenir, il nous sera difficile de rivaliser avec un seul hub à Addis-Abeba. L’industrie africaine du transport aérien reste plombée par le protectionnisme et les taxes élevées, et la création de nouvelles compagnies ou les prises de participations dans de petits transporteurs constituent un moyen pour contourner ces restrictions. » 

Partenariat stratégique

En 2013, Ethiopian Airlines avait acquis une participation minoritaire dans Malawi Airlines pour se servir de l’aéroport international de Lilongwe comme base pour ses opérations en Afrique australe. Un accord avait été aussi conclu en janvier denier avec le gouvernement zambien pour relancer la compagnie aérienne nationale qui avait déposé le bilan, il y a plus de deux décennies. « Cette stratégie vise à obtenir des avantages concurrentiels face à des rivaux comme les compagnies aériennes du Golfe », a expliqué Gebremariam. Ethiopian Airlines a décidé, d’autre part, de réviser sa stratégie de croissance dévoilée en 2018 pour faire passer le nombre de ses avions à 150, d’ici 2025, contre un objectif initial de 120 appareils. Et pour cause: la compagnie exploite déjà 100 appareils.

« Nous avons enregistré une croissance supérieure à nos prévisions, ce qui nous a amenés à revoir nos objectifs en ce qui concerne le nombre d’avions », a souligné le directeur général d’Ethiopian, indiquant que la compagnie envisage de passer des commandes pour 13 nouveaux Boeing 787 et 6 Airbus A350 avant la fin de cette année. La compagnie nationale éthiopienne a largement devancé ses consœurs africaines comme Kenya Airways et South African Airways (SAA), pour devenir la première compagnie du continent, en matière de revenus et de bénéfices, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Durant l’exercice 2016/2017, son bénéfice net s’est élevé à 233 millions de dollars, contre 220 millions de dollars, une année auparavant.

Perspectives encourageantes

Selon des spécialistes, d’ici 2030, plus de la moitié de la population d’Afrique sera urbaine. Environ 700 millions de personnes rejoindront la classe moyenne au cours des décennies à venir. Ils soulignent que cette expansion produira de nouveaux clients qui trouveront plus pratique et abordable de prendre l’avion plutôt que d’utiliser d’autres moyens de transport. Une concurrence accrue est donc en perspective entre les compagnies à bas prix et une augmentation du trafic devrait également se traduire par une baisse du prix des billets.

Les compagnies aériennes établies enregistrent des bénéfices et ajoutent de nouvelles destinations à leur offre, avec Kenyan Airlines, Royal Air Maroc, South African Airlines, Ethiopian Airlines et EgyptAir en tête de peloton. Ethiopian Airlines, le transporteur à la croissance la plus rapide d’Afrique, dépasse systématiquement ses objectifs de profit. En août 2012, cette compagnie aérienne nationale gérée par une société privée est devenue le deuxième transporteur, après le Japon, à exploiter le Boeing 787 Dreamliner, l’un des avions de passagers les plus modernes du marché. La compagnie a pu acquérir dix nouveaux 787 grâce à une garantie de prêt d’un milliard de dollars concédée par l’Export-Import Bank, un organisme américain de crédit à l’exportation. L’Afrique du Sud, la première économie du continent, possède le réseau d’infrastructures de transport aérien et le marché de l’aviation les plus développés de la région. Les trois grands aéroports – Johannesburg, Le Cap et Durban – ont été modernisés avant la Coupe du monde de 2010, et la compagnie aérienne nationale South African Airways, la plus importante d’Afrique, propose des vols à destination de plus de 50 villes du continent.

Pour réaliser tout le potentiel du secteur, les gouvernements africains ont adopté une Politique africaine de l’aviation civile commune. L’objectif de cette initiative est d’établir un système de transport intégré reliant les aéroports à d’autres réseaux de transport afin de permettre un déplacement fluide des passagers et du fret et d’éviter les correspondances européennes entre deux villes du continent.