SOUVENT, à moins d’une semaine de la rentrée des classes, le centre-ville de Kinshasa grouille de monde. Les parents accompagnés de leurs enfants arpentent les avenues commerçantes à la recherche des objets classiques et des fournitures scolaires (cahiers, manuels, cartables, baskets, tenue vestimentaire…).
Cette année, l’ambiance des préparatifs pour les familles n’a pas été celle de grand jour à la veille de la rentrée de septembre. Des vendeurs, interrogés, disent leur déception. Ils pensaient faire de « bonnes affaires », mais cela ne semble pas être le cas. Maguy, 44 ans, fait du « commerce saisonnier », c’est-à-dire elle vend tout ce qui a la cote pour le moment. « Par exemple, en septembre, j’offre un éventail d’objets scolaires car c’est la rentrée des classes, et en décembre, je vends les habits et les jouets pour enfants en prévision des fêtes de fin d’année, la Noël et la Bonana », explique-t-elle. « Cette année, c’est vraiment un fiasco. Les parents ne se bousculent pas pour acheter », se plaint-elle.
Augustin, 62 ans, lui, est tailleur. En septembre, il coud les uniformes d’écoliers (chemise et blouse blanches, culotte, pantalon et jupe bleus) pour les vendre aux parents ou aux commerçants ambulants. « Cette année, j’ai dans mon stock une centaine d’uniformes. Pendant tout le mois de d’août, je n’en ai écoulé qu’une vingtaine », confie-t-elle.
Morosité ambiante
Des parents ont fait savoir qu’ils n’ont pas abordé cette rentrée scolaire plus sereinement. Entre achat de fournitures scolaires et frais à payer, ils n’ont pas trouvé un juste équilibre afin d’entamer cette rentrée dans de bonnes conditions. La raison principalement évoquée est l’insuffisance des revenus pour la plupart des ménages.
La première étape redoutée par les parents est l’inscription, surtout pour les enfants qui débutent un cycle ou entament un autre, ou encore pour les enfants qui changent d’école. L’inscription est loin d’être gratuite, il faut payer entre 5 000 de nos francs et l’équivalent de 10 dollars. Dans certaines écoles, il faut en outre donner une chaise en plastique ou l’équivalent avant de passer le test d’admission.
Ce n’est pas tout. Les parents ont été astreints à confirmer l’inscription pour les nouveaux tout comme pour les anciens avant la rentrée des classes. Dans certaines écoles réputées « sérieuses », notamment des écoles catholiques et privées, la confirmation de l’inscription équivaut au paiement des frais de scolarité fixés pour le premier trimestre
La deuxième étape redoutée par les parents est l’achat des fournitures scolaires. À Kinshasa, on a pris l’habitude de n’attendre que les tout derniers jours pour faire le plein d’objets classiques : stylos, cahiers, cartables, manuels, tenue vestimentaire… Si de nombreux parents préfèrent passer par l’avenue du commerce, la principale rue marchande de Kinshasa ; d’autres, en revanche, parcourent les allées des surfaces à la recherche des meilleurs produits. Et pour cela, rien de plus simple.
La plupart des établissements scolaires ont remis aux parents d’élèves leurs propres listes des objets classiques à acheter. Dans d’autres écoles, la tenue vestimentaire (uniforme, maillot et culotte de gymnastique, basket) et les manuels sont à acheter à la direction. Et les vendeurs et les écoles en profitent pour augmenter les prix, alors qu’ailleurs, le rabais est la règle en période d’avant la rentrée scolaire.
Chez les écoliers, la rentrée scolaire est généralement synonyme de nouveauté. Ainsi, c’est un casse-tête pour les parents. Pour commencer une année scolaire, ils sont obligés d’acheter de nouveaux vêtements, de nouveaux cartables, de nouveaux baskets… Ils doivent veiller à ce que tout le monde, dans la famille, reprenne l’école dans de « bonnes conditions ». Côté alimentation, il faut penser au casse-croûte (pain, croissant, jus, eau et sucreries) quotidien des enfants à l’école pendant l’année scolaire. Selon une enquête minute réalisée par nos équipes de reportage, la plupart des enfants ne se sont pas préparés à reprendre le rythme scolaire.
Après deux mois de vacances et donc un rythme un peu moins soutenu que pendant l’année scolaire, ils désirent encore une rallonge. De quoi amener les parents à sans doute satisfaire leurs besoins en fournitures scolaires. « C’est important parce que cela ne fait pas bien de voir les autres tout clinquants à la rentrée », insiste Andy, élève de littéraire.
Par ailleurs, les parents disent se prendre progressivement pour faire coucher les enfants plus tôt ; avoir avancé l’heure du coucher et réduit les heures à passer devant la télévision tous les soirs. Question de permettre aux enfants d’être progressivement dans le rythme. Pour certains écoliers, la reprise des cours est un moment réjouissant. Selon l’enquête de notre rédaction, un quart d’écoliers interrogés se disent « pressés d’aller à l’école après les vacances longues ».
Mais pour les autres, la perspective de la reprise n’est pas forcément des plus réjouissantes : retour à la routine, aux transports en commun bondés, au stress des devoirs et aux réveils forcés…
Mettre la main à la poche
Apparemment, il n’existe pas d’études sérieuses ou formelles sur le coût de la rentrée scolaire en République démocratique du Congo. Apparemment ! Ailleurs, ce genre d’études permet d’estimer le panier pour un enfant entrant en classes de recrutement, et d’évaluer le panier pour un élève de classe montante. Ces études prennent aussi en compte les frais inhérents à la rentrée : assurance scolaire, frais de l’État et des associations de parents, frais de bibliothèque, frais de transport…
Ces études permettent également d’évaluer le panier pour savoir s’il a augmenté ou s’il a diminué à chaque année. L’évaluation se fait généralement et principalement à travers les pratiques d’achat différentes pour les familles. Elle est plus attentive à la nature de leurs achats.
Toutefois, en RDC, la tendance du coût de la rentrée en général est en hausse d’année en année. Le budget devra alors tout de même être revu à la hausse à chaque rentrée des classes, ce qui donne le tournis aux parents.