EU PROSUN donne de la voix. Selon cette organisation qui représente la grande majorité des fabricants européens de panneaux photovoltaïques, certaines entreprises envisagent fermement de porter l’affaire devant la Cour de justice européenne. En septembre 2012, on s’en souvient, EU ProSun avait salué l’ouverture d’une enquête, par l’Union Européenne, sur les pratiques de dumping des fabricants chinois de panneaux photovoltaïques. Le groupement était à l’origine de cette procédure, suite à sa plainte déposée le 24 juillet de la même année, dénonçant les pratiques de dumping des fabricants chinois.
« La Commission Européenne a aujourd’hui franchi une étape importante dans la sauvegarde du secteur européen des ‘green tech’ et de ses fabricants », avait déclaré Milan Nitzschke, alors le président d’EU ProSun, qui soutenait le développement de l’énergie solaire européenne. Milan Nitzschke rappelait à l’époque que « les sociétés chinoises vendent des panneaux solaires en Europe bien en-dessous de leur coût de production, avec une marge de dumping de 60 % à 80 %. Cela impliquait que les entreprises chinoises du secteur solaire faisaient d’énormes pertes, mais pour autant, elles ne faisaient pas faillite car leurs pertes étaient compensées par l’État chinois. Une vingtaine de fabricants majeurs européens avait de ce fait déjà été contrainte de cesser son activité rien qu’en 2012.
La suite, on la connaît. L’Union européenne avait fini par prendre des mesures restrictives. En vigueur depuis cinq ans, la décision visant à protéger l’industrie solaire européenne était jugée contre-productive par les installateurs de panneaux solaires qu’elle privait de produits meilleur marché. Les droits antidumping sur les importations de panneaux solaires, de cellules et de wafers chinois institués par la Commission européenne en 2013 avaient été reconduits en mars 2017 pour 18 mois, l’exécutif européen faisant alors savoir qu’il ne comptait pas les renouveler.
Pendant ces cinq années, les producteurs chinois ne payaient pas de droits s’ils vendaient leurs produits à ou au-dessus d’un prix minimum qui a progressivement diminué. Sous ce prix, ils s’exposaient à des taxes allant jusqu’à 64,9 %. La Commission a estimé que l’extinction des mesures était dans le meilleur intérêt de l’UE, compte tenu de son objectif de développement des énergies renouvelables, et elle a estimé qu’elles avaient permis aux prix à l’importation de s’aligner sur les prix du marché mondial. Le ministère chinois du Commerce s’est félicité de cette issue en y voyant un « modèle de règlement positif d’un différend commercial grâce à des consultations. »
Un tournant décisif
Cette décision « va rétablir des conditions de marché normales pour le commerce UE-chinois de panneaux photovoltaïques, suscitera un environnement plus stable pour la coopération entre ces industries et bénéficiera mutuellement aux deux parties », a écrit le ministère dans un communiqué publié sur son site internet.
Pour SolarPower Europe, qui regroupe les importateurs et installateurs européens de panneaux photovoltaïques, la fin des mesures restrictives en parlant d’un « tournant décisif » pour l’industrie solaire européenne qui voit se lever la principale barrière à sa croissance. EU ProSun, le groupement de fabricants de panneaux à l’origine de la première plainte en 2012, avait au contraire demandé une nouvelle prolongation des restrictions en affirmant qu’une levée serait dévastatrice pour l’industrie.
La décision de Pékin de limiter les installations de panneaux solaires en Chine a entraîné des capacités excédentaires de 30 gigawatts mais avec peu de débouchés pour les écouler puisque les États-Unis, le deuxième marché après la Chine, ont imposé des tarifs douaniers et que l’Inde, juste après, prévoit d’en faire autant.
Le marché européen dans son ensemble représente environ 7 gigawatts.