LE DÉSINTÉRÊT de l’État sur la culture du thé est tel que la Banque centrale du Congo (BCC) ne le reprend même plus dans la rubrique de production agricole d’exportation dans ses analyses périodiques des activités économiques. Il n’est plus que café, cacao, caoutchouc, huile de palme, huile de palmiste, bois grumes et bois sciés. La dernière production du thé formellement retracée par les services de l’État remonte à 2012, quand la RDC avait produit 3 508 tonnes de thé.
Pourtant, la consommation et la production mondiales de thé devraient continuer à augmenter lors des dix prochaines années grâce à une forte demande provenant des pays en développement et des pays émergents, selon le Groupe intergouvernemental de la FAO sur le thé (GIG).
La production mondiale de thé noir devrait augmenter de 2,2 % chaque année pendant les dix prochaines années pour finalement atteindre les 4,4 millions de tonnes en 2027, reflétant ainsi une nette hausse de la production en Chine, au Kenya et au Sri Lanka. Ainsi, la Chine atteindrait les niveaux de production du Kenya, le plus grand exportateur de thé noir au monde.
Leadership kenyan
La production mondiale de thé vert devrait augmenter encore plus vite avec 7,5 % de hausse chaque année pour atteindre les 3,6 millions de tonnes en 2027. Cela s’explique en grande partie par l’activité chinoise où la production de thé vert devrait plus que doubler, passant d’1,5 million de tonnes en 2015-2017 à 3,3 millions de tonnes en 2027. Dans la région des Grands lacs, il n’est que la RDC qui ne suit pas encore la tendance imprimée par le Kenya en dépit de conditions favorables offertes par la nature pour la culture du thé.
En 2017, les recettes d’exportation du thé du Rwanda se sont élevées à 85,4 millions de dollars. Ce montant affiche une légère hausse de 9 %, comparativement à l’année précédente et surpasse les attentes des autorités qui étaient de 78 millions de dollars.
Selon le Conseil national des exportations agricoles (NAEB), cette progression tient à un accroissement des volumes transformés par les usines ainsi qu’à un relèvement des prix appliqués sur le marché international. Alors que la quantité totale de thé traité a crû de 7,6 % à 108 344 tonnes, le kg de feuille s’est ainsi échangé en 2017 à 3,21 dollars, contre 2,6 dollars, un an plus tôt.
L’intégralité du thé produit au Rwanda est acheminée vers le centre de vente aux enchères de Mombasa à des fins d’exportation. Le Rwanda a exporté en 2015 et 2016, 24 860 tonnes de la feuille pour des recettes de 70,7 millions de dollars et projette des revenus de 94,9 millions d’ici 2018.La filière thé emploie directement près de 50 000 personnes.
Thé ougandais importé en RDC
Le Conseil rwandais du développement des exportations agricoles a annoncé que le thé produit s’écoulerait désormais sous la dénomination « Rwanda National Tea Brand ». « L’objectif est de positionner le thé rwandais comme un produit haut de gamme en introduisant et en renforçant son identité de marque », explique Issa Nkurunziza, responsable de la division Thé du NAEB. Autres pays de la région qui a réévalué sa production du thé, l’Ouganda. Ce pays a enregistré une hausse d’environ 11,6 % de ses exportations du thé en 2017, par rapport à 2016.
Cette croissance des exportations du thé ougandais, via le centre de vente aux enchères de Mombasa, au Kenya, traduit une hausse de la valeur des exportations de thé ougandais au cours des trois dernières années. Ainsi, en 2017, le pays a exporté pour environ 79,8 millions de dollars de thé via le centre de vente aux enchères de Mombasa, contre 71,5 millions dollars, en 2016.
La Banque centrale de l’Ouganda rapporte que les exportations directes, avec environ du thé ont rapporté 20,2 millions de dollars en 2017. Et parmi les pays vers lesquels le thé ougandais est exporté, on cite le Soudan, l’Egypte, et la RDC. Toutefois, le Pakistan et le Royaume-Uni ainsi que les Emirats arabes unis, plus récemment, constituent les principaux débouchés internationaux du pays est-africain.
Mais, selon le le Groupe intergouvernemental de la FAO sur le thé, la consommation de thé a augmenté très vite en Chine, en Inde et dans les autres pays émergents. Une situation qui s’explique par des revenus plus élevés et par les efforts déployés en vue de diversifier la production et d’inclure des spécialités tels que les tisanes, les infusions aux fruits et les thés aux saveurs gastronomiques.
La consommation de thé a également bénéficié de la campagne médiatique faite autour de la boisson et notamment de ses bienfaits antioxydants, de ses propriétés anti-inflammatoires et de sa contribution à la perte de poids. Ces bienfaits pour la santé et le bien-être devraient, selon toute vraisemblance, conduire à une hausse de sa consommation dans l’avenir.