LE MARCHÉ a été conclu avec l’aval de Bruno Aubert Tshibala Nzenzhe, le 1ER Ministre, rapporte le Bureau Central de Coordination des projets (BCECO). C’est l’entreprise Pan China Group qui obtient pour ce faire une enveloppe de 1 356 428 dollars. Petit souci, le BCECO n’a pas donné de date ni pour l’arrivée des 28 ascenseurs ni pour le début des travaux de leur installation. Aucune indication non plus pour la durée des travaux.
Pour rappel, aucun ascenseur n’est opérationnel dans le 7 immeubles modernisés Place Le Royal et affectés à 20 cabinets ministériels et secrétariats généraux (Droits Humains, Sports, Affaires Foncières, etc.). Les ministres ainsi que leurs hôtes sont ainsi contraints d’escalader les marches de l’escalier pour atteindre leurs cabinets. Le gouvernement Badibanga avait hérité cette situation du cabinet Matata Ponyo. Les ministres du gouvernement Tshibala en font à présent les frais.
Ce conseiller d’un ministre reconduit dans le team Tshibala se rappelle que durant la centaine de jours de longévité du cabinet Badidanga, des « promesses fermes» de la mise en service « à brève échéance » des ascenseurs étaient venues du BCECO. Rien n’est venu jusqu’à la cérémonie de remise et reprise intervenue le 18 mai 2017 entre les ministres sortants et entrants. « J’ai vu un nouveau ministre reprendre haleine, les yeux vifs ouverts. Ce sera comme ça tous les jours, a-t-il marmotté », confie cet ancien CP (conseiller principal). Qui poursuit : « Nous, on avait fini par se moquer les uns les autres de cette gymnastique quotidienne ».
« Business & Finances » avait rapporté, d’un proche d’un ministre zélé, qu’une dizaine d’ascenseurs sur les vingt-huit commandés avaient déjà été posés depuis début 2016. Faux, souligne ce CP : « La firme chinoise Pan-China Construction Group Company Limited n’a jamais rien posé. À cette époque, l’entreprise chinoise avait, certes, remporté le marché de la fourniture, de l’installation et de la mise en service de 28 ascenseurs en raison de quatre par immeuble (Aruwumi, Kwango, Semois, Likasi, Kasaï, Kwango et Ubangi), lancé par appel d’offre international par Fridolin Kasweshi, alors ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, en avril 2015, par le biais du BCECO. Mais Pan China n’a jamais rien entrepris, insiste-t-il.
L’acompte 100 000 dollars
Pour l’anecdote, le 25 juin 2015, Matondo Mbungu, le directeur général du BCECO, avait attribué, à titre provisoire, par sa lettre n°594/BCECO/DG/DPM/RBB/2015/MF, le marché dont question à Pan China Construction pour un montant de plus de 3.5 millions de dollars (3 502 368,19 dollars). L’attribution définitive sera décidée le 14 août 2015 avec le même montant.
Mais quelques jours plus tard, le DG du BCECO introduit un avenant au marché déjà attribué. La Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP), placée sous la supervision du 1ER Ministre, n’y voit aucun inconvénient et accorde de ce fait un avis de non-objection à la démarche du BCECO. Et le 17 septembre 2015, Matondo Mbungu attribue de nouveau, à titre provisoire, le marché de 28 ascenseurs à Pan China Construction, mais uniquement l’avenant n°1 pour un montant de 345 711,54 dollars. Il le confirme à titre définitif le 4 novembre 2015.
Cependant, selon nos sources, le gouvernement n’aurait versé que quelque 100 000 dollars sur les 345 711, 54 dollars convenus comme acompte, aux Chinois de Pan China Construct. Curieusement, le gouvernement décaisse des dizaines de milliers de dollars pour des travaux connexes et secondaires sur la place dite Le Royal. En mars 2017, Thomas Luhaka Losenjola, le ministre des Infrastructures, des Travaux Publics et de la Reconstruction, a sollicité et obtenu du gouvernement des fonds, afin de financer des paiements au titre du marché de services d’entretien du jardin et de l’aménagement extérieur (béton estampé, parking et curage caniveaux) des immeubles Likasi et Kwango.
Autres marchés conclus par le BCECO, c’est le contrat qui porte sur une bagatelle somme de plus de 30 000 dollars par mois conclu avec la société KBN pour l’entretien de la pelouse séparant les immeubles Mongala et Semois et les soins desdits immeubles. La société GIS, elle, percevrait plus de 12,9 mille dollars le mois pour l’entretien et le nettoyage de l’immeuble Ubangi et plus de 13,5 mille dollars pour le nettoyage de l’immeuble Semois.
Certaines sources soutiennent que ces différents marchés ont été attribués avec « désinvolture avec des amis et proches parents des hauts cadres du BCECO sinon du gouvernement ».
À l’image du contrat BCECO-OGEC (Organisation pour la gestion de l’environnement au Congo) de plus de 8,7 mille dollars le mois pour l’entretien du jardin de l’Immeuble Intelligent, sur le boulevard du 30 Juin.
Depuis, la Cellule de gestion des immeubles du gouvernement, un service public créé de bric et de broc, multiplie des marchés du genre soigner la pelouse, essuyer tel ou tel immeuble, à coup de dizaines de milliers des dollars.