Marché africain de l’investissement, pari gagné pour la BAD

Pour une première, l’Africa Investment Forum aura été un succès. Les besoins en développement de l’Afrique pèsent aujourd’hui de 600 à 700 milliards de dollars par an, d’après les estimations. Et 130 à 170 milliards environ sont nécessaires, chaque année, pour les infrastructures. Pour la Banque africaine de développement, cette initiative doit s’inscrire dans la durée pour satisfaire les énormes besoins.

LANCÉE sous l’égide de la Banque africaine de développement (BAD), la première édition de l’Africa Investment Forum (AIF), vital pour financer le développement des infrastructures en Afrique, a eu lieu du 7 au 9 novembre, au Sandton Convention Centre de Johannesburg, en Afrique du Sud. Si les opportunités d’investissements sont riches, il est toutefois urgent de combler le fossé entre le capital disponible en Afrique et les projets bancables, estime l’institution financière internationale. 

Financer les besoins en développement du continent africain exigerait aujourd’hui de 600 à 700 milliards de dollars par an, d’après les estimations. Et d’après l’édition 2018 de « Perspectives économiques en Afrique » de la BAD, 130 à 170 milliards de dollars environ sont nécessaires, chaque année, pour les infrastructures.

La BAD collabore avec d’autres partenaires au développement multilatéraux et parties prenantes, pour faire en sorte que l’Africa Investment Forum devienne un tremplin essentiel pour les investissements en Afrique et ainsi satisfaire les énormes besoins en infrastructures et en développement du continent.

Ce premier marché novateur de l’investissement a réuni des promoteurs de projets, des fonds de pension, des fonds souverains, des investisseurs privés, des décideurs, des sociétés de capitaux et des chefs de gouvernement, afin de mobiliser des capitaux à même de transformer les secteurs économique, agricole et industriel de l’Afrique. Pour la BAD, ce forum est 100 % transactionnel. L’accent est mis la conclusion et la signature d’accords, la sélection et l’amélioration de projets. Il s’agit également d’une plateforme pour attirer les co-investisseurs et faciliter les transactions, afin de libérer des opportunités d’investissements de plusieurs milliards de dollars en Afrique.

Se repositionner sur l’Afrique

Dans un récent rapport, PricewaterhouseCoopers (PwC) a évalué à 180 milliards de dollars les dépenses annuelles dans les infrastructures en Afrique à l’horizon 2025. Selon cette firme spécialisée dans l’audit et le conseil, « les secteurs qui bénéficieront des plus grosses allocations sont ceux des transports (36 %) et de l’énergie (30 %). À ce rythme, l’Afrique devrait conserver ses 2 % des parts sur le marché global de l’infrastructure », a expliqué Jonathan Cawood, le responsable du service Projets d’investissements et Infrastructures chez PricewaterhouseCoopers Afrique. 

Le rapport de PwC s’est appuyé sur un questionnaire envoyé à plusieurs acteurs majeurs du secteur de l’infrastructure en Afrique. « L’abondance des ressources naturelles, les récentes découvertes de gisements de minerais, de pétrole et de gaz, les changements démographiques et politiques ainsi qu’un environnement plus favorable aux investisseurs incitent ces derniers à se tourner résolument vers l’Afrique », a déclaré Jonathan Cawood. 

À en croire les multinationales interrogées, la lutte pour le repositionnement en Afrique est relancée de plus belle. Cependant, le chemin ne sera cependant pas facile compte tenu des défis à surmonter, notamment celui du financement mais aussi les contraintes liées à la bonne gestion des affaires publiques et en rapport avec la stabilité politique dans certaines régions. « Un développement pérenne ne pourra cependant être garanti qu’en améliorant le choix et la préparation des projets, en coopérant de manière plus étroite et en consolidant la confiance », a encore indiqué Jonathan Cawood. 

Compétitivité 

Sur la même question de financement des infrastructures en Afrique, la Banque mondiale estime à 93 milliards de dollars par an pour financer leur mise à niveau et le renforcement de la compétitivité du continent. Les Nations unies incite les États africains à s’engager davantage dans le processus industriel, suscite une prise de conscience au niveau mondial et mobilise l’appui international en faveur du développement industriel durable de l’Afrique. 

Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de produire, mais il est surtout question d’être compétitif afin d’espérer tirer profit des marchés de plus en plus ouverts et concurrentiels. La compétitivité est devenue un objectif en soi pour toute entreprise afin d’avoir un accès facile aux marchés. Elle dépend de la disponibilité des ressources humaines qualifiées, d’infrastructures économiques viables, d’un cadre juridique favorable à la prise de décisions commerciales sur les marchés. 

Afin de relever le défi de l’accès aux marchés, les États doivent coordonner et harmoniser leurs points de vue, et parler d’une seule voix en matière de négociations commerciales, notamment dans le cadre des accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), et dans celui des négociations avec l’Organisation mondiale pour le commerce (OMC). 

On s’est peu préoccupé, ces dernières années, du rôle de l’industrialisation dans l’élimination de la pauvreté. L’industrie crée des emplois, accroît les revenus, augmente la valeur des produits agricoles, favorise le progrès technologique, ouvre des perspectives économiques aux femmes et produit des recettes qui permettent aux gouvernements de réduire et d’éliminer la pauvreté. 

Et la RDC dans tout ça?

Entre 2012 et 2020, la République démocratique du Congo s’est fixée pour objectif de passer d’un pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire grâce à la transformation de l’agriculture. Entre 2020 et 2030, c’est le passage au statut de pays émergent par une industrialisation intensive grâce au développement du secteur énergétique en appui aux secteurs des industries minière et agricole. 

Et entre 2030 et 2050, l’objectif ultime est de devenir un pays développé par une économie verte et une société de connaissances. Ces étapes sont pour les dirigeants du pays des échéances médianes et critiques. Elles exigent un suivi régulier et permanent afin de recadrer le tir sur base des progrès et évolutions probables dans le cheminement de cette vision. Ce triptyque (planification stratégique et opérationnelle, mise en œuvre et suivi/évaluation) impose à la RDC un défi énorme en termes de réalisation des infrastructures de base. La modernisation des infrastructures joue un rôle décisif dans l’effort de diversification de l’économie et de réduction de la pauvreté.

Les infrastructures sont le soubassement de tout essor économique et sont complémentaires aux secteurs productifs tels que l’agriculture, les mines et les manufactures. Elles sont aussi indispensables au développement social, notamment pour les secteurs des transports, de l’accès à l’eau potable et à l’électricité, des télécommunications et de l’aménagement des villes. Enfin, elles permettent aux entreprises de contribuer à l’économie nationale par la création de nouveaux emplois.